Avec Mario 64 sur Virtual Console en revival dans mon salon, et Mario Galaxy en présentation privilégiée, j'aurais pu faire une indigestion de Mario facilement en récupérant Super Paper Mario. Il n'en fut rien, bien au contraire : j'ai ricané comme un couillon devant mon écran à lire les multiples références à notre univers, esquissé mille et un sourires masturbatoires en découvrant les secrets habiles de son level design multidimensionnel, et me suis enfin souvenu pourquoi il est si pénible d'avoir une Wii et de n'avoir que si rarement de telles perles à lui faire bouffer.
En d'autres termes, chers joueurs dont la Wii prend la poussière depuis, au hasard, Twilight Princess, le prochain incontournable est arrivé. Et d'ailleurs, au risque de soulever des montagnes d'indignation, il l'est même bien plus que le Zelda susnommé, à mon humble avis... Tout simplement parce qu'il a à offrir une nouvelle mécanique de jeu absolument géniale : l'alternance d'une perspective 2D traditionnelle, réchappée d'un bon vieux Super Mario Bros. crû 1987, avec celle d'une 3D plus actuelle, mais pas non plus entièrement libre.
Mise en abîme dimensionnelle
Quelle idée brillante. Dans les premiers instants de cette nouvelle aventure, Mario récupère bien vite un pouvoir unique : celui de basculer le monde de ce plan en 2D en une bande en 3D prompte à révéler bien des secrets et passages. Une colonne de blocs verticale se dresse devant vous, vous empêchant de progresser ? Hop, une pression du bouton A, l'ensemble bascule et on peut passer derrière. Cette mécanique si simple donne naissance tout au long des 6 mondes de 4 niveaux chacun, ainsi que dans le hub qui les relie, à une incroyable quantité de puzzles à l'inventivité brillante. On aurait pu croire que ces astuces deviendraient vite répétitives, mais ce n'est pas le cas. D'autant plus que même si c'est le coeur du jeu, ce n'est qu'un seul de ses traits de génie.
Des tonnes de trucs à découvrir
Si on avait dû se contenter de diriger Mario et de ce pouvoir aussi fantastique soit-il, ça aurait sans doute été un peu juste. Mais la qualité de Super Paper Mario est aussi dans son incroyable richesse, réchappée de Super Mario RPG. D'autres fameux personnages rejoindront Mario pour l'épauler dans sa nouvelle quête à la recherche des coeurs purs. Certains plutôt inattendus, d'ailleurs. Tous ont évidemment une capacité toute particulière qui sera mise à contribution à certains endroits clés, ou pour résoudre de petits puzzles. En outre, l'aide précieuse des "pixels", des bestioles apparentées aux fées, ajoutera à la panoplie de capacités et donc aux mécaniques avec lesquelles les designers ont pu construire les niveaux. Pour finir, une gestion d'inventaire, avec des dizaines d'objets à acheter, la possibilité de les faire littéralement cuisiner pour en obtenir d'autres, seuls ou en les combinant par paire, des cartes virtuelles pour capturer les monstres et en faire collection, et d'autres petits éléments aventure ou puzzle facultatifs achèvent d'enrichir la formule autant que l'univers du jeu.
Déjà culte
Même avec les meilleurs ingrédients du monde, un mauvais cuistot ne produira jamais de grande gastronomie. Mais dans le cas de Super Paper Mario, le cuistot doit avoir un paquet de toques au guide Gault et Millau... Le troisième monde et ses multiples clins d'oeil à la culture des Otakus comme à la beauté du PixelArt est un moment inoubliable pour les amoureux de jeu vidéo, et même si quelques niveaux des mondes suivants s'avèrent indiscutablement plus faibles que le reste, on ne peut rester de marbre devant ce temple de dévotion érigé à la gloire de la pop culture jeu vidéo, où les personnages vont même jusqu'à mentionner le joueur directement et avec élégance. Enfin, l'utilisation de la Wiimote, intégrée bien après le début du projet (qui devait à l'époque échouer sur GameCube), apporte de véritables plus. Pointer l'écran pour obtenir des aides sur ce que l'on pointe, donner des coups secs vers le haut pour multiplier les figures en rebondissant sur la tête des ennemis et ainsi engranger plus de points d'expérience - car oui, Mario gagne des niveaux, et autres mécaniques spécifiques à l'utilisation de certains objets ; c'est parcimonieux mais bien trouvé et bien implémenté.
C'est pas comme si on avait le choix
Certains pourraient reprocher à Super Paper Mario son exploitation finalement limitée de la plate-forme, passée en second plan par rapport à toutes ces nouvelles mécaniques et les puzzles qu'elles permettent, ou encore son côté gamin et niais, voir un verbiage excessif. Pourtant, le gameplay est assez solide en l'état, et assume ses choix ; quant aux dialogues, n'importe quel adulte qui n'a pas complètement perdu contact avec sa légèreté d'âme saura aussi y voir quelques subtilités qui lui sont clairement destinées (et les traductions françaises sont fabuleuses). Enfin, il est effectivement terriblement facile, mais suffisamment riche, long et bourré de petits secrets plus compliqués à découvrir pour qu'on ne lui en tienne finalement pas rigueur. Le meilleur dans tout ça ? Il sort demain. Et pour conclure, en mettant tout le monde d'accord (enfin je l'espère) ; il faut bien patienter jusqu'au prochain gros jeu Wii...