Nombreux sont ceux qui voient en Viva Piñata un jeu pour enfant, un bac à sable contemplatif où il ne se passe rien. Et pourtant ils se mettent tous le doigt dans l'oeil, car sous ses allures colorées et enfantines, le dernier né de Rare possède une véritable profondeur de jeu et un gameplay riche à plusieurs niveaux.
Depuis que Rare, en se faisant racheter par Microsoft, à plaqué Nintendo pour développer exclusivement sur Xbox, toutes les langues de vipères pro-Mario ont commencé à dénigrer le développeur anglais, arguant qu'ils n'arrivait plus à sortir de gros titre qui casse la baraque. Bien que l'argument soit simpliste, il faut reconnaître qu'aucune de leurs productions depuis son changement d'allégeance n'a plus jamais retrouvé le génie caractéristique du jeu "à la Rare" (à l'exception de Conker : Live & Reloaded, mais étant donné qu'il s'agit d'un remake de la version N64, il ne compte pas vraiment). Pourtant avec Viva Zapata... heu Piñata, on sent une véritable volonté de se refaire une réputation, en réalisant un jeu différent et hors catégories, tout en restant accessible et tout public.
Attrapez-les tous
L'idée de départ est simple : on débarque sur un terrain vague un peu dégueu, que l'on défriche et aplanit pour démarrer un élevage de piñatas (vous savez, ces bestioles que l'on tabasse dans les anniversaires mexicains et qui renferment des bonbons pour les enfants). Chaque race, toutes plus mimis les unes que les autres, témoignent de besoins spécifiques pour résider sur le terrain : il faut leur aménager l'espace vert de manière à remplir les conditions requises pour que les animaux restent et se reproduisent. En tout, il y a une soixantaine d'espèces à collectionner, qui vont du chat à la chauve-souris, en passant par l'abeille. Autant dire que ça en fait, de l'animal. Pour les attirer dans notre jardin, il faut, selon les espèces, faire pousser certains arbres et certaines plantes, créer des points d'eau... toute une multitude de choses. Ensuite, il faut s'occuper d'eux pour qu'ils soient un minimum jouasses et donc qu'ils s'y installent définitivement. Pour se faciliter la tâche, on peut visiter un village dans lequel on achète des graines, des engrais et tous types d'accessoires, recruter des aides du genre arroseuse et récolteuse, un menuisier pour les constructions... bref à peu près tout et n'importe quoi.
C'est un jardin extraordinaire
Avec Viva Piñata, c'est avant tout un écosystème que le développeur a recréé. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais c'est du boulot. Car contrairement aux apparences, et bien que la faune soit tout de même assez limitée, le titre est bien plus complexe qu'il n'en a l'air. Pourtant le gameplay reste parfaitement équilibré. Comme Nintendogs, il propose même plusieurs niveaux de jeu, qui s'adaptent aux différents joueurs et à leur style. Un enfant peut se marrer sans rien comprendre aux mécaniques ou presque, alors que le joueur occasionnel, qui y va à la cool, peut flâner et s'occuper des plantes comme le ferait un jardinier du dimanche, dans le potager de sa maison Phoenix. Quant au bourrin en quête de score, il trouvera assez de challenge pour avoir un million de trucs à faire et ne plus savoir où donner du ciboulot, se creusant le crâne pour attirer le plus d'espèces possible dans son jardin et tendre vers l'exhaustivité de son zoo de bourgeois.
Une belle plante
Le pari était osé, mais Rare est tout de même parvenu à pondre le meilleur jeu "bac à sable" que l'on pouvait espérer sur console de salon. Avec un design enchanteur carrément réussi, un système de jeu simple mais réfléchi et parfaitement efficace, on plonge dans l'univers de Piña Colada... heuuu Viva Piñata, et on n'a pas vraiment envie d'en sortir. On regrettera seulement quelques problèmes avec l'interface, qui n'est pas toujours pratique, ainsi qu'un mode multijoueur vraiment trop léger, puisqu'il ne permet que de s'échanger des piñatas entre amis et rien d'autre. Au final, Rare ne tient toujours pas la Killer App' que l'on attend de lui, mais il a au moins le mérite de proposer une excellente alternative à tous les jeux "tatapoum" dont regorge la Xbox 360, ce qui permet à cette dernière d'élargir un peu son public actuel, essentiellement composé de mâles en quête de bourrinage.