Fin août dernier, un petit miracle transhumaniste au gameplay ciselé avait su tenir ses promesses, et fait connaître au plus grand nombre l'excellence d'une série adulée jusque-là par un petit nombre de gamers. Gros défaut, tout de même : le jeu avait une fin ! S'annonçant bon comme un shoot de neuropozyne, Le Chaînon Manquant semblait avoir tous les atouts pour combler les joueurs en manque. Une parenthèse pas si enchantée, pourtant...
Le Chaînon Manquant a la bonne idée de s'intégrer parfaitement à Deus Ex : Human Revolution, et vous invite à découvrir ce qu'a vécu Adam Jensen lorsqu'il a quitté le port de Hensgha, embarquant clandestinement sur un cargo. Un voyage pas franchement de tout repos puisque, découvert par les forces militaires de Belltower, notre augmenté à barbiche se fait sévèrement rosser, et se voit confisquer son équipement tandis que sont désactivées la plupart de ses augmentations. Risqué, de jouer les passagers clandestins... Mais que l'on se rassure : rapidement, Adam Jensen se refait une santé, grâce à l'aide, notamment, d'un mystérieux hacker. De victime, le salarié de Sarif redevient prédateur... et découvre bientôt un complot d'une insoupçonnable ampleur.
Hidden agenda
D'abord perdu sur un navire voguant en pleine tempête - les fans de MSG2 seront ravis -, Adam débarque ensuite sur le camp de l'îlot du fusilier, une base militaire au nom exotique appartenant à Belltower, qui semble avoir bien des choses à cacher. J'éviterai de trop en dire, mais les fans de Deus Ex imagineront sans peine à quelles activités peut s'adonner une société paramilitaire mondiale sans scrupules... Si l'idée est bonne, et l'aide que vous recevez durant votre progression parfois inattendue, on évitera tout de même de crier au génie. Le Chaînon Manquant reste en effet dans les rails tracés par son illustre aîné, sans se risquer sur le moindre chemin de traverse, avec une succession de salles à embranchements multiples, des gardes qui font leurs rondes comme des automates et quelques robots pour faire bonne mesure. Notez aussi que le jeu étant ici "concentré", certaines augmentations ne vous serviront pas, ou très peu, et vous serez bien avisé de dépenser vos points de dynamisation, notamment ceux gracieusement "offerts" en début de jeu, au fur et à mesure que certains problèmes se poseront à vous. Un trip toujours efficace, tout de même, notamment pour les joueurs furtifs, qui prendront le temps de lire chaque e-mail et livre électronique, et d'écouter les conversations entre gardes. Ces réflexions bien senties happées au détour d'un couloir, ou depuis un conduit d'aération, font, cette fois encore, tout le sel du jeu...
Only human...
Agréable, et proposant un scénario plutôt convaincant, Le Chaînon Manquant n'a malheureusement pas l'heur de subjuguer, et reste engoncé dans des mécaniques qui ne surprennent jamais. Une petite déception, il faut bien le reconnaître, surtout que les errements techniques de ce DLC semblent encore plus marqués que dans le jeu de base, avec des cinématiques que l'on s'attend plutôt à trouver dans un titre de seconde zone, quelques bugs de lumière, des angles de caméras erratiques lors des phases de dialogue et divers bugs de collision lors des takedowns. J'ai même eu droit à un ennemi qui a traversé un mur pour se retrouver un étage plus bas ! Sur un plan plus général, on regrette également ces moments où, revenant sur nos pas à divers endroits auparavant "nettoyés", de nouveaux gardes apparaissent comme par magie, comme si les niveaux avaient été réinitialisés. Un choix cohérent de game design, cependant, qui traduit simplement l'exiguïté relative des décors, au sein desquels on se voit obligé de faire plusieurs allers-retours. Au final, quelques heures dans la droite lignée de Human Revolution qui auraient mérité un peu plus de finition, de diversité... On saluera tout de même le combat de boss final, qui peut se mener - enfin ! - avec un peu de subtilité, et n'oblige plus les ninjas en herbe à se trimballer avec un lance-roquettes sous le bras.