La saga Gears of War est à la Xbox 360 ce que les Uncharted sont désormais à la PlayStation 3. Une série de TPS incontournables, épiques, uniques... Mais après deux épisodes toujours plus épatants, tant en solo qu'en multi, qu'est ce que le studio d'Epic pouvait bien nous proposer de plus ? Une expérience encore meilleure, encore plus peaufinée, toujours plus séduisante, plus indispensable ? C'est le cas mais avec trois ans de développement (contre deux pour les épisodes précédents) et une belle Bêta, Gears of War 3, sans réinventer pour autant la licence (tant mieux, ce n'est pas ce qu'on lui demande !), a tout de même le culot de demeurer l'inévitable blockbuster de cette fin d'année sur Xbox 360. La classe !
L'expérience Gears se divise toujours en deux parties, la campagne et les modes multijoueurs. Alors autant vous dire que si je suis fan de l'univers et de la licence, les scénarios des épisodes de la saga n'ont jamais, à mon sens, brillé par leur subtilité. Néanmoins, l'histoire de Gears of War 3 prend, quelque part, un nouveau tournant que je qualifierais de bienvenu. Jugez plutôt !
More Badass ?
Sans spoiler, sachez que l'histoire se déroule une petite année et demie après les événements de Jacinto et la fin de Gears of War 2. Ce qui reste des humains est séparé en deux groupes distincts et vous incarnez, encore et toujours, Marcus Fenix. Ce héros aura tenté de repousser les Locustes dans les entrailles de la terre à deux reprises mais sans succès. Et l'arrivée des Lambents (une version altérée des Locustes que l'on doit à l'imulsion, la substance dont on a tiré une nouvelle forme d'énergie à l'origine des guerres pendulaires précédant la saga), qui s'attaquent aux Locustes comme aux humains, plonge littéralement Sera, la planète de Gears, dans le chaos. Un contexte que l'on connait bien mais, heureusement cette fois, Marcus et sa bande nous proposent une aventure plus intimiste, plus proche des personnages avec une atmosphère plus profonde et des dialogues un rien plus travaillés. Ne vous méprenez pas, on reste dans le domaine du "Badass" et la meilleure solution à un problème reste de sortir l'artillerie lourde, tant dans les mots que sur les champs de bataille. Mais j'avoue que les cinématiques savamment dosées, qui s'imbriquent parfaitement entre les scènes d'action (ni trop longues, ni trop lourdes), offrent une expérience mieux rythmée et plus agréable à vivre que les précédentes. Avec la mise en valeur des points de vue de différents personnages, dont certains que l'on incarne (Marcus ou Cole), le joueur découvre des visions alternatives pertinentes et plus séduisantes qu'à l'accoutumée dans la série. Le tout est peut-être parfois trop sérieux, mais donne lieu à quelques moments réellement dramatiques, et souvent poignants, malgré le manque d'expression de certains héros, dont notamment Marcus et sa trogne de taulard... Pour résumer, cette campagne, légèrement plus longue que les précédentes, se révèle plus digeste et enfin à dimension humaine, loin des guerres planétaires, avec des protagonistes plus proches de nous, chacun dans leur registre. Marcus et son père, Dom et sa femme, Cole et ses souvenirs d'avant guerre... Des manières intéressantes d'aborder l'aventure qui débouchent souvent sur de jolis surprises scénaristiques, sans pour autant être totalement imprévisible si vous connaissez la saga.
Techniquement Epic
Après deux épisodes superbes mais aux couleurs souvent trop monochromes, les équipes d'Epic Games prouvent, comme si cela était nécessaire, qu'ils savent aussi jouer avec les ambiances et les couleurs. Rarement aurons-nous eu droit à autant de lieux différents traversés, de décors ouverts et d'atmosphères différentes dans un volet de la série (en solo comme en multi d'ailleurs). Et ne parlons pas des effets spéciaux tels que le feu, la fumée, la brume, les jeux d'ombres et de lumières, les contrastes et les particules. C'est du grand art et le rendu global de Gears of War 3 est tout simplement à couper le souffle. Il s'agit, sans doute, d'un des plus beaux jeux disponibles à l'heure actuelle. Notons tout de même quelques imperfections. En effet, on remarquera dans plusieurs espaces ouverts que quelques textures sont moins fines que dans les environnements confinés, ce qui est normal puisqu'il y a alors plus choses à afficher. Bien entendu, cette constatation ne gâche en rien le plaisir mais cela me permet de dire que le titre n'est pas totalement irréprochable ; et ceci même si l'ensemble est absolument superbe. Na !
Au coeur de la guerre
Beau et proposant une histoire un peu plus profonde que d'habitude, Gears of War 3 a déjà de beaux atouts pour lui. Mais si on joue a un épisode de cette série, c'est finalement pour son action plus que pour son histoire. Et là, autant vous dire qu'Epic a mis le paquet ! Le système de couverture reste la pierre angulaire du gameplay du titre mais les développeurs ont peaufiné pas mal de détails qui rajoutent à l'intensité de l'action. On peut, par exemple, concentrer les tirs de ses partenaires de combat, utiliser le fameux Silverback (un robot bipède avec deux modes de combat, offensif ou défensif) ou encore profiter d'un arsenal inédit au travers d'épées à deux mains et d'armes lourdes (le One Shot, un mélange entre un canon et un fusil sniper, le Rétro-Lanzor et sa bayonnette, etc.). Bien entendu, on retrouve les armes classiques aussi, du fusil à pompe en passant par le fusil sniper, les pistolets, les armes Locustes, etc. Pour résumer, il y a du nouveau mais on retrouve les mêmes sensations que dans les épisodes précédents, à la différence près que les personnages répondent encore mieux et que la jouabilité se révèle toujours plus précise.
Vous l'aurez compris, Gears 3 ne se réinvente pas forcément mais permet de participer à une aventure qui monte en intensité tout au long du jeu. Les ennemis sont variés (attention, surprises à l'horizon !), les armes aussi, les situations de plus en plus critiques, et le tout est souvent couronné par des boss dantesques que l'on est pas près d'oublier. Franchement, j'ai rarement vécu des affrontements aussi haletants et tactiques dans la campagne d'un TPS, surtout en vétéran (ou en dément). Il est d'ailleurs vivement conseillé de jouer dans les modes de difficultés élevés tout de suite et particulièrement à quatre joueurs pour profiter de la substantifique moelle de ce volet. L'aventure n'en est que plus savoureuse et demande nettement plus de rigueur et d'implication tant certaines situations sont difficiles gérer, mais particulièrement satisfaisantes une fois dominées. D'autant que vous le savez comme moi, un Gears of War, c'est à plusieurs que l'on en profite et de ce côté là, Cliff et Epic n'ont pas non plus lésiné sur les moyens.
Guerres Pendulaires
Une fois la campagne bouclée (comptez une dizaine d'heures en dément), il n'y a guerre guère à faire mis à part chasser du succès ou refaire un chapitre (ils sont au nombre de cinq) en Arcade pour faire le meilleur score en solo ou à plusieurs. Mais comme toujours, le gros morceau d'un Gears réside dans ses modes multijoueurs. La zone de guerre (chaque joueur a une vie et votre team doit éliminer l'équipe adverse), l'exécution (semblable à la zone de guerre mais seules les exécutions, d'une violence inouïe, achèvent un adversaire), le mode capture du leader (vous devez prendre et garder en otage un membre de l'équipe adverse pendant un temps déterminé), le roi de la colline (défendre et prendre des points stratégiques) et le mode Ailier (2Vs2Vs2Vs2) sont de retour avec quelques ajustements tout en gardant le même esprit. L'arrivée des matchs à mort (chaque équipe a un nombre précis de vies qu'il faut réduire à néant) permet à tous de jouer sans attendre (contrairement à d'autres modes où vous n'avez qu'une seule vie et dans lesquels il faut attendre la fin du round pour rejouer) et même aux meilleurs joueurs de se distinguer via des coups d'éclat (seul contre quatre en fin de round, épique !). Une manière de permettre à tous de s'amuser sans trop patienter et qui illustre l'accessibilité plus prononcée de Gears of War 3 par rapport à ses précédesseurs. La vitesse du jeu est à mi-chemin entre Gears of War et le second volet (un bon compromis), l'interface est nettement plus claire, tout est mieux expliqué, etc.
Côté combats à plusieurs, et ceci quel que soit le mode de jeu, pas mal de changements sont à mentionner. La possibilité de placer une grenade sur un ennemi pris en otage pour le lancer ensuite sur ses adversaires, de placer un marqueur, que tous vos coéquipiers peuvent voir, sur les opposants repérés, des couleurs luisantes (rouges ou bleues) qui apparaissent temporairement sur les corps des ennemis dès que vous les avez remarqués sur la carte, l'étonnante possibilité de se relever après avoir été mis à terre en tapotant A et de retourner dans la partie sans mourrir, etc. Des détails qui obligent chacun à être finalement plus vigilant (être sûr d'avoir achevé sa cible, avoir l'oeil partout...), d'autant que certaines armes viennent évidemment étoffer les affrontements. On pense notamment au Digger qui balance une grenade sous terre pour passer derrière les défenses, aux armes lourdes utilisables à plusieurs, aux grenades incendiaires et j'en passe. Bref, le multi de Gears of War 3 se révèle toujours aussi jouissif, violent, impitoyable et meurtrier et c'est bien pour ça qu'on l'aime ! Enfin, les cartes, j'ai pu en tester une petite dizaine, profitent d'un level design parfaitement étudié (merci la bêta) qui permet de prendre part à des joutes uniques en fonction de chacune d'entre elles. Et ne parlons pas de leur beauté et de leurs ambiances variées (mon dieu comme la plage est belle !).
Une Horde bestiale
On en aura parlé de ce mode Horde 2.0 et pour cause ! Jouable en solo ou à plusieurs, il s'agit d'une véritable merveille d'un point vue tactique. Vous devez vous barricader pour encaisser des vagues de Locustes (jusqu'à 50) toujours plus puissantes (péons, humanoïdes, boss, monstres gigantesques, etc.). Entre chaque vague, vous pouvez dépenser des deniers (récoltés en tuant des Locustes) pour construire des barricades de plus en plus résistantes, des leurres pour attirer les tirs, des tourelles automatiques toujours plus performantes et des tourelles de combat pour vos équipiers. De quoi accueillir les Locustes comme il se doit ! De même, on peut se passer certaines armes, munitions et même de l'argent entre équipiers pour acheter du meilleur matériel. Le but étant de survivre mais surtout de se spécialiser, via les armes, dans l'attente d'un boss particulier. La grande classe, et à plusieurs, chacun prend donc différentes armes pour être plus efficace en fonction des ennemis, une concertation est nécessaire pour se placer, lancer la construction des barricades, etc. Bref, c'est sans doute l'un des tous meilleurs mode de jeu à partager de ce Gears 3 à mon sens ! Enfin, terminons sur le mode Bestial qui vous met dans la peau d'un Locuste de votre choix pour aller dérouiller de l'humain dirigé par l'I.A. Il s'agit d'un mode Horde inversé dans lequel vous devez exploiter les pouvoirs des aliens pour faire le ménage. Très sympa, même si je préfère largement jouer en Horde, que ce soit clair !
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, si la licence ne se réinvente pas, il est évident que l'expérience Gears of War 3 est la conclusion épique d'une trilogie incontournable sur Xbox 360 ! Oui, ce troisième volet est incontournable, tant en solo qu'en multijoueurs, de par ses petits ajustements qui font la différence. Une campagne mieux agencée et des modes de jeu à plusieurs encore plus peaufinés en font la référence du genre sur la console de Microsoft, tout comme les épisodes précédents. Gears of War 3 est l'aboutissement parfaitement maîtrisé d'une licence qui aura su arriver à maturité et se maintenir au top niveau sur l'ensemble de ses épisodes sans pour autant trahir ses origines. C'est si rare que passer à côté serait pure hérésie.