Objet de fantasmes et de rumeurs, la PlayStation Portal sera, dans un premier temps, considérée comme une console portable sous l'appellation de Projet Q. On en fera souvent mention aux côtés de ce qui s’avérera être la fameuse PS5 Slim et son lecteur amovible. La machine est alors pressentie quelque temps comme étant une sorte de PS5 nomade que l’on aurait pu emmener partout avec soi pour profiter des hits de Sony. Mais il n'en est rien.
En réalité, Sony décrit sa PlayStation Portal comme un périphérique de lecture à distance. En gros, un écran permettant de profiter du Remote Play de sa PS5 avec un maximum de confort. Cela pose alors une question : à quoi sert-elle à l’heure où certains téléphones portables font largement l’affaire et où d'autres machines très puissantes, comme le Steam Deck ou encore le ROG Ally, font également le café ?
Là, il y a deux écoles. Ceux qui vous diront qu’ils n'attendaient que ça, un périphérique estampillé Sony et parfaitement taillé pour fonctionner en symbiose totale avec la PS5, et les autres, ceux qui ne comprennent pas trop l'intérêt de la bécane. Pour le coup, après avoir pu essayer la bête, une machine vendue près de 220€ tout de même, on est plutôt partagé entre les deux.
Belle comme un coeur
La PlayStation Portal est une très belle machine, sur ça il n’y a pas grand-chose à redire. Ses poignées qui reposent à chaque extrémité de l’écran central, opte pour un design dans la droite ligné de celui des Dualsense de la PS5, aucune surprise donc. L’ergonomie est impeccable, on a même un petit grip à l’arrière pour s’assurer du bon maintien de la bestiole. Il faut dire que le monstre prend de la place. Il a beau proposer un écran relativement fin, il fait tout de même une trentaine de centimètres de long (plus que deux manettes Dualsense) et un peu moins de 12 centimètres de large. Pas mal du tout pour un périphérique portable. Aucune concession n’a été faite concernant son ergonomie finalement. On a exactement les mêmes boutons que sur une Dualsense classique et l’on retrouvera même les spécificités techniques de cette dernière, à savoir les gâchettes adaptatives et le retour haptique. Le rendu est similaire à celui des manettes classiques, pas de surprise donc.
On a littéralement l'équivalent d’une grosse manette PS5 entre les mains équipée d’un écran 8 pouces au centre pour offrir un confort de jeu optimal. La dalle propose un joli Full HD 1080P jusqu’à 60fps. Propre et suffisant compte tenu de la taille de l’écran. Écran ultra réfléchissant soit dit en passant, ce qui n’est pas terrible suivant où l’on joue. Il est également tactile et remplacera le pavé central de la Dualsense à l’occasion. Lorsque vous poserez les doigts, vous verrez même apparaître deux petits rectangles sur la surface près des joysticks. Ce n’est pas hyper pratique à atteindre, on ne va pas se mentir et surtout, l’écran marque très vite. Attention aux empreintes. Il comble le problème avec une luminosité pouvant atteindre des pics largement suffisants pour sortir sa machine dans n’importe quel environnement. Pas moyen de la gérer à la volée cela dit, il faudra obligatoirement passer par les menus.
Minimum syndical
Globalement de toute manière, la PS Portal est très limitée. On a tout juste de quoi l’allumer et gérer le son à l’aide de boutons posés sur la tranche au-dessus de l’écran, des fentes pour la captation de la voix (micro intégré) et le son sortant (petites enceintes), mais c’est tout. En termes de connectiques, on a une prise jack pour brancher des écouteurs et un port USB-C pour la recharger. Notez d’ailleurs que le câble fourni est un double USB-C. Il devra être branché directement sur la façade de votre console pour la recharge, ou tout port similaire. Au passage, il n’y a rien d’autre de fourni dans l’emballage, pas même une coque de protection. On ne peut même pas en acheter sur le site officiel de Sony, rien. On se pose alors ici une question simple : est-ce que la PlayStation Portal peut vraiment être considérée comme une nomade si on ne nous donne même pas de quoi l’embarquer avec nous en toute sécurité ? Eh bien… pas vraiment non plus.
Image profil ?
La PlayStation Portal gourmande en connexion ?
Attention, sur le papier, vous pouvez totalement vous balader avec votre PlayStation Portal et y jouer n’importe où, mais ses limitations techniques vous prouveront rapidement le contraire malheureusement. Il est important de préciser que la PlayStation Portal n’est qu’un écran combiné à une manette PS5. Ça veut dire qu’elle ne dispose d’absolument aucune mémoire interne. On ne peut donc rien télécharger pour jouer en hors ligne. Une connexion à internet est obligatoire et cette dernière n’est possible qu’en passant par le WiFi. Notez qu’il n’y a aucun autre moyen de se connecter à sa console même en étant à proximité.
Pour faire tourner efficacement les jeux les plus, disons, gourmands, il faut un excellent WiFi en plus de s’assurer que la PS5 est elle aussi sur un réseau stable (filaire c’est le mieux) pour espérer avoir une bonne qualité d’image sans aucun lag. J’ai pu essayer la console dans différentes configurations :
- PS5 branchée en Ethernet en jouant depuis le même réseau WiFi à proximité en m’assurant d’avoir un très bon WiFi.
- PlayStation 5 branchée en Ethernet en jouant depuis le même réseau WiFi, mais en cherchant à volontairement perdre 1 ou 2 barres de connexion en m’éloignant.
- PS5 branchée en Ethernet en jouant hors du réseau (via partage de connexion avec un téléphone portable et en passant par un réseau différent).
- Enfin, j’ai également tout tenté en branchant cette fois la PS5 sur un réseau WiFi très solide.
Les résultats sont sans appel, la PlayStation Portal requiert non seulement une grosse connexion (testée ici sur un réseau fibré 900mb/s download, 800mb/s upload), mais aussi et surtout une stabilité à toute épreuve.
Puissant et stable sinon rien
Déjà je vous le dis, brancher sa console PS5 en WiFi pour jouer en Remote Play derrière, ça n’est pas une bonne idée du tout. Le Remote Play demande pas mal de ressources et les ralentissements sont vite arrivés. Plus vite que la normale.
Lorsque l’on passe la console sur un réseau filaire, c’est une autre histoire. Si la connexion WiFi à laquelle vous rattachez la PlayStation Portal est solide, ça fonctionne plutôt bien. Notez qu’en revanche il faut ici aussi une connexion en béton, la machine pompe vraiment la connexion même si l’on joue à de “petits jeux”. N’espérez certainement pas jouer à God of War Ragnarok, Horizon, Spider-Man 2 ou Alan Wake 2 si vous n’êtes pas sur un réseau suffisamment solide.
Même en jouant avec une connexion fibrée et un bon WiFi à pleine puissance (connexion au maximum et sans oscillation) on trouve le moyen d’avoir des ralentissements sur des jeux comme Spider-Man 2 et Alan Wake 2. Des lags, mais pas que. Sur Alan Wake 2 par exemple, on a pu carrément voir des problèmes d’images troublants (apparition de carrés noirs, image qui saccade…). Il faut vraiment ne pas perturber la connexion d’un iota. Pour avoir testé le Remote Play sur d’autres supports, la PlayStation Portal paraît même un poil moins flexible et ne supporte pas vraiment les fluctuations. À voir peut-être avec de futures mises à jour pour optimiser tout ça ? Difficile à savoir.
Comment optimiser ses jeux sur PlayStation Portal ?
En attendant, une solution simple fonctionne plutôt bien pour le moment : c’est de se rendre dans les options des jeux qui ont un peu de mal à tourner et opter pour les modes performances, lorsque c’est possible. Mais j’ai tout de même eu le droit à quelques ralentissements tout de même, notamment sur Spider-Man 2 et Horizon Forbidden West. En revanche, lorsque tout fonctionne bien, le résultat est très convaincant. Ça tourne à merveille, la PlayStation Portal ne fait en plus aucun bruit et offre un confort visuel optimal grâce à son grand écran. La machine est également dotée d’enceintes plutôt correctes capables d'atteindre un bon niveau sonore, et même d’une entrée micro intégrée de bonne facture.
Un écran pour le Remote Play et rien de plus
En revanche, s’il y a bien une chose qui me fait pester, c’est l’impossibilité d’utiliser le Cloud Gaming. Pourtant, Sony se jette dedans à corps perdu. On a récemment eu le droit à un gros ajout dans l’abonnement du PS Plus Premium permettant de lancer la plupart des jeux PS5 en streaming directement, avec l’augmentation de prix qui va avec. Et pourtant, avec la PlayStation Portal, vous ne pourrez jouer qu’aux jeux qui sont installés sur votre console. Un message d’erreur s’affichera carrément si vous essayez de lancer un jeu en streaming. Alors oui, on suppose que c’est une histoire de connexion et de ressources. La PS Portal pompe déjà suffisamment de connexion, on n’a peut-être pas besoin d’en profiter, mais pourquoi ne pas avoir proposé une application ou quelque chose de similaire sur la machine dans ce cas ? Ce qui en aurait fait une sérieuse concurrente sur le marché. Là malheureusement, ce n’est qu’un second écran très confortable, mais qui aurait pu aller bien plus loin.