Comme nous vous l'annoncions il y a quelques temps, les développeurs de chez Bizarre Creations se sont lancés un tout nouveau défi avec leur dernier jeu de course auto en date, sobrement nommé Blur : rendre leur titre, je cite "plus fun, différent et original". Alors, après y avoir assez longuement joué, y a-t-il loin de la coupe aux lèvres ? Quelques éléments de réponse dans ce reportage sur place, à Liverpool, dans leurs locaux.
Un jeu de course plus fun et accessible
Blur se veut le digne héritier de la série PGR, des mêmes auteurs. Non pas en matière de simulation auto, comme nous le verrons plus loin, mais bel et bien par un souci du détail dont est friand Bizarre Creations dans toutes ses productions. Pourtant, ici, il vous faudra oublier tout ce que vous connaissiez de la célèbre franchise à succès. Les développeurs veulent rendre le jeu de course "plus accessible". Donc forcément pour une plus large audience. Le but étant avant tout d'éviter la frustration du joueur. Avec une direction artistique totalement revue et corrigée, pour les besoins de cette nouvelle itération sur quatre roues.
Martyn Chundley, le directeur créatif du titre, annonce la couleur : "Nous avons beaucoup travaillé en amont et vu l'opportunité d'aller bien au-delà du jeu de course traditionnel, en proposant un système vraiment basé sur le fun. Blur représente un nouveau style de jeu de courses pour tous les joueurs, quelles que soient leur expérience, leurs compétences ou leurs préférences en matière de jeux vidéo. Tout ce que le joueur fait, aussi bien dans sa voiture qu'avec sa voiture, provoquera une décharge d'adrénaline, un vrai choc !".
Là, c'est évidemment l'un des responsables qui s'exprime. En réalité, ce n'est peut-être pas tout à fait aussi fort. Pour l'avoir pris en mains de longues minutes, disons que la révolution attendue n'est pas forcément au rendez-vous... Du moins à ce stade de développement. Et ce, même si par bien des aspects, l'innovation reste en effet de mise. Notamment en termes de réseau social, un pan du jeu sur lequel nous reviendrons plus loin. Blur veut avant tout se rapprocher... d'un Mario Kart ou encore d'un MotorStorm pour leur côté fun, accessible et à forte intensité ludique.
L'héritier... lointain des PGR
Voilà la "logique du chronomètre", chère à de nombreux jeux de course, balayée d'un revers de main. Le fun, la convivialité et le réseau social la remplacent dans le dernier titre de la société. C'est du moins ce en quoi croit dur comme fer Bizarre Creations. Pourtant, le développeur anglais n'a pas forcément fait l'impasse sur le pilotage lui-même. Bien qu'il n'ait plus rien à voir avec les jeux de courses dits "réalistes", il aura toujours une part prépondérante dans la victoire finale. La physique des véhicules sont respectées, ainsi que les licences, nombreuses, à l'exception de certaines marques comme Ferrari, qui a refusé de voir ses jolis bolides égratignés.
Car oui, les voitures de Blur se déformeront en temps réel, à mesure de vos "escapades" qui se dérouleront toutes de nuit, ou du moins au crépuscule. Histoire de faire ressortir les jolies lumières artificielles dont est gorgé le jeu. Les développeurs se sont en effet largement inspirés de la tendance artistique dite des "lights graffitis". Ou comment s'éclater sur des espaces urbains mis en valeur par de jolis effets de lumières. On les retrouve donc logiquement sur les flèches clignotantes qui vous indiquent un virage à suivre, sur les power-up à récupérer, ou encore les bannières des villes. Ces dernières sont d'ailleurs assez éclectiques et nombreuses : Los Angeles, Londres, Barcelone, San Francisco...
Stratégies à la Mario Kart ?
Ce ne sont pas 8 mais carrément 20 véhicules en Multi (ou 4 en écran partagé) qui s'affronteront sur les circuits. Bien entendu, tout cela est modulable en fonction de vos choix. Une soixantaine de véhicules soit dit en passant sont prévus, détaillés à la perfection, ou presque, comme savent le faire les développeurs de Bizarre. Certaines sont même des concept-car, réalisés en accord avec leurs constructeurs respectifs. Chacun de ces bolides possède plusieurs caractéristiques qui en font la force : Grip, Force, Stabilité et Drift et qui vont de la caisse classieuse d'époque aux gros Off-Road bien gras, en passant par les concept-car donc. Le nouveau moteur de collision du jeu, développé pour l'occasion, fait aussi des merveilles : carrosserie qui s'abîme au fil des tours, avec parfois des éraflures uniquement, ou bien des dégâts plus progressifs. D'un point de vue vitesse de défilement, là encore, ça envoie du lourd. C'est fluide et rapide, sans trop de ralentissements intempestifs.
"Nous savons que les jeux de course ont la capacité de plaire à tous, et nous sommes ravis de faire nos premiers pas dans ce genre avec un jeu capable de tenir les joueurs en haleine tout en mêlant bonne humeur et batailles intenses pour la première place", nous dit Maria Stipp, vice-présidente des marques internes chez Activision Publishing. C'est donc un peu (beaucoup) de l'esprit de Mario Kart qui est insufflé dans Blur. Ce n'est évidemment pas pour nous déplaire.
Les développeurs n'ont pas voulu faire un énième jeu de course dans lequel le meilleur pilote gagne forcément en cavalier seul, sans se soucier des autres adversaires, complètement largués dès le premier virage. Ici, les courses se font en permanence (ou presque) en paquet, histoire de pimenter les épreuves. Ici encore, nul besoin de gagner forcément les courses à tout prix, car il existe différentes façons de remporter la victoire... dans un championnat que le développeur promet forcément serré.
Ainsi, des power-up "lumineux" sont éparpillés sur chaque tracé, chacun correspondant à une capacité différente. Nitro, multi-shock à la WipEout, mines, bouclier, bonus réparation... Un Mario Kart mature en quelque sorte, d'autant que les bonus en question réapparaissent presque aussitôt après que le joueur devant vous l'a récupéré. On vous le redit : tout le monde a sa chance. À condition de maîtriser un minimum la conduite, car même si elle se veut bien plus arcade, les batailles en peloton demandent tout de même un minimum de concentration. Surtout à la lumière artificielle des néons et autres phares des véhicules. On se demandera juste pourtant si les power-up en question sont là pour faire joli, ou s'ils ont une réelle utilité dans le jeu. J'avoue ne pas lui en avoir trouvé de franchement cruciale, pour ma part. Il n'y a, pour le moment, pas de rebondissement de dernière seconde à la Mario Kart, alors que c'est peut-être ce qui fait justement tout son sel. À peaufiner, sans aucun doute.
Nul besoin de préciser que quelques raccourcis et embranchements (à trouver en plein "brouillard" et à haute vitesse...) seront également de la partie pour vous rendre la tâche plus difficile encore. Ou plus facile, c'est selon.
Racebook : le réseau social... de course
Le gros point fort de Blur, c'est bien entendu le fameux réseau social tissé autour du titre. Un pari qui pourrait s'avérer payant, tant Bizarre semble l'avoir peaufiné. Ainsi, les parties "solo" et multi" sont bien séparés. Pour éviter d'aller "manger" dans la partie solitaire du joueur, et ainsi lui casser son groove. Baptisé provisoirement "Racebook", cet aspect central du jeu apportera au joueur préalablement familiarisé avec les subtilités du titre en solo, ce qu'il faut de communautaire pour poursuivre la récolte des bolides de toutes marques (Ford, Dodge, Mitsubishi, Maserati etc.), qui viendront garnir son garage de bourgeois. MyRace et InnerTube suivront également dans la foulée, histoire de se la péter encore plus. Ca ne vous rappelle rien ?
C'est ensuite que la toile sociale tissée autour du joueur prendra tout son sens. Une sorte de seconde vie sur le net. Ainsi, après avoir créé votre pilote, via une fiche trouvable aussi bien sur un site dédié sur le web que dans le jeu, il sera possible via un système de messages à la Twitter, de rester en contact avec ses amis ou connaissances.
Vous déciderez alors de quel type de course vous voulez pour vous et vos "fans", avec qui des atomes crochus se formeront au fil du temps. Vous pourrez alors aussi bien décider de vous lancer des défis selon les règles de Bizarre, ou bien de créer les vôtres, en personnalisant vos courses à l'aide des outils appropriés.
Libre à vous également de fixer le nombre de concurrents "humains", face à des véhicules contrôlés par l'I.A. En fait, il s'agit ici de laisser carte blanche aux joueurs, qui pourront créer à peu près tous les défis possibles et imaginables en faisant intervenir des bonus ou non, changer les règles de course, le nombre de tours, etc. Le gros plus c'est également de pouvoir s'échanger des images, des vidéos (du jeu, hein) ou encore exhiber les trophées (et le contenu de son garage, tiens au passage) récupérés durant les défis, ou même les records glanés au péril de sa vie. Notons également que le mode Carrière est également relié à Racebook, et développera en temps réel des scénarii différents en fonction de vos prouesses, seul ou en équipe. Super, hein ?
De la concurrence à l'automne prochain
Blur peut-il s'imposer en cette fin d'année, face à une concurrence de plus en plus acharnée ? Prévu pour l'automne prochain sur PS3, Xbox 360 et PC, il aura fort à faire face à des titres comme Need for Speed Shift ou encore Forza Motorsport 3. Même si l'approche de ces trois jeux de course est différente, le consommateur ne va pas forcément "s'amuser" à se procurer les trois à la rentrée prochaine. Enfin, j'imagine...
Encore un autre défi donc, et non le moindre, à relever pour Bizarre Creations : convaincre les "caisseux" de venir s'amuser avec leur nouveau bébé.