Batman. 1939-2009. Voilà 70 ans que Bruce Wayne, super-héros sans pouvoirs, hante nos nuits, imposant son charisme glacial, mettant en déroute la pègre de Gotham. Des premières planches de Bob Kane, aux visions baroques de Tim Burton, et les enquêtes psychologiques du Dark Knight, Batman s'impose comme l'un des fers de lance de notre mythologie urbaine, moderne. Aujourd'hui, alors que l'adaptation videoludique du film vient d'être annulée, nous avons pu passer du temps avec Batman : Arkham Asylum le titre s'appuyant sur la licence DC. Plongeon et premières impressions au cœur du temple de la folie : l'asile d'Arkham.
Construit sur une île à la périphérie de Gotham, l'asile d'Arkham renferme tous les psychopathes de Gotham City. Lors de notre présentation cosmique, nous avons d'ailleurs pu en apercevoir certains. Le Ridler via ses énigmes, en passant par l'impressionnant Killer Croc, le mal dans sa peau Szasz, la sexy Harley Quinn, sans oublier le Joker décidément très tendance ces derniers temps. On nous annonce d'autres grands noms, mais ne les ayant pas vus, le mystère plane encore sur le casting définitif. Qu'importe. Immersion. L'aventure s'ouvre alors que Batman raccompagne (pour la énième fois) le Joker à l'asile. Secteur très haute sécurité. Vous accompagnez la descente de ce fou chantant escorté d'une bonne escouade de gardes. Projecteurs braqués sur le criminel, ambiance anxiogène, Joker intenable balançant un florilège de phrases bien senties et admirablement jouées en VO par un Mark Hamill intenable (le sort de la VF n'a pas encore été défini). L'ambiance monte à mesure que vous êtes happé dans les entrailles de l'asile... jusqu'à ce que vous pressentiez se produise : assisté de ses sbires, le Joker parvient à s'échapper ! Débute alors un grand jeu du chat et de la souris, où Batman joue successivement le rôle de prédateur ou de proie. Tout n'est qu'une question de point de vue. Ecrite par Paul Dini, scénariste prolixe et versatile (des Tiny Toon, à Lost saison 1 !), nous espérons que l'histoire saura s'attarder sur la psychologie des personnages et apportera une véritable épaisseur à ce jeu d'action plus subtil qu'il n'y paraît...
Physically & mentally
Si Batman compte parmi les grands, il n'aura cependant jamais su réellement soulever les foules sur consoles. Ainsi hormis le Batman Returns, beat them all made in Konami époque Super Nintendo, rien de bien transcendant. Et c'est un doux euphémisme. Pourtant, autant être clair, ce que nous avons pu découvrir de ce Arkham Asylum nous aura plutôt séduit. Chez RockSteady, voilà plusieurs mois que la structure du jeu semble définie et partiellement achevée. L'heure est au peaufinage. Question ambiance, le moteur graphique (l'Unreal Engine) offre un rendu consistant assurant une belle présence visuelle à l'écran. Les personnages sont massifs, reprenant le style DC Comics. Alors oui, ça n'a rien de très félin, les visages sont bourrus, mais le rendu général se montre homogène et plutôt classe. D'autant que les environnements regorgent de petits détails. S'il nous faudra en découvrir plus pour l'affirmer avec certitude, les décors nous ont paru suffisamment variés pour ne pas souffrir du syndrome copier/coller. D'autant que la diversité semble se retrouver également dans un gameplay découpé en plusieurs mécanismes.
Vivre, c'est changer du temps en expérience
Dans les premiers temps, place au combat. Des joutes se voulant nerveuses. Ainsi, d'une touche, Batman passe d'un ennemi à l'autre distillant uppercuts et coups de cape bien sentis. L'impact de ces séquences se montre des plus efficaces avec une caméra mobile n'hésitant pas à jouer les gros plans pour dramatiser un coup de grâce. Un système de multiplicateur a été intégré, poussant à enchaîner les coups. Plus classe. Plus efficace. Plus perspicace. Comme la barre de fer en somme. A noter que le jeu fonctionnera de manière totalement ouverte. Ainsi vous pourrez à tout moment revenir sur vos pas, et arpenter les couloirs et salles d'Arkham à l'envi. Il se peut effectivement que vous n'ayez pu accéder à certaines zones lors de votre premier passage. C'est d'ailleurs là que le mode Détective prend tout son sens. Grâce à ses gadgets bien bourgeois, Batman pourra ainsi scanner les lieux et repérer des indices, des failles, des lieux inaccessibles, ou des éléments servant le gameplay... Batman accumulera aussi de l'expérience que vous pourrez répartir pour débloquer de nouvelles capacités physiques, améliorer vos armes et armures, ou accéder à de nouveaux gadgets. Et en parlant de nouvelles capacités, certaines se montrent aussi classes qu'importantes pour la suite de l'aventure...
A la poursuite du Batsignal
En effet, au-delà de sa réalisation solide, de son ambiance plutôt maîtrisée, le sel de ce Batman : Arkham Asylum réside probablement dans sa capacité à savoir mêler l'action, à une dimension infiltration non négligeable. Ainsi le mode Prédateur Invisible risque d'en faire tripper certains. A ce moment, la musique change, vous pourrez réaliser des actions classieuses (suspendu la tête en bas, Batman plonge sur un ennemi, le strangule, et le pend à une corde !). Dans la version finale, il devrait même être possible de se projeter dans le regard d'un ennemi et le sentir subir la pression de la chauve-souris, le cœur battant ! C'est avec ce genre d'éléments que le titre se forge son identité et parvient à attirer.
Attendu pour le courant 2009, ce Batman : Arkham Asylum pourrait ainsi bien constituer l'une des belles surprises gamer de l'année. Nous le suivrons, tapis dans l'ombre, prêts à bondir à l'arrivée de nouveaux éléments. Car je crois qu'il est temps de le confesser... Batman est probablement le seul super héros que je peux supporter. Le voir enfin bien traîté en jeu vidéo serait une sorte de révélation.