Matt Hazard est un personnage de jeu vidéo. Un vrai, un poilu, qui est payé à "tourner" dans des jeux. Une star du jeu d'action, même, mais c'est la crise pour lui aussi. Le chômage commence à s'éterniser... et son statut de star has-been à s'implanter dans les consciences. Jusqu'au jour où, enfin, du boulot se pointe. Il va pouvoir rempiler... mais n'y a-t-il pas baleine sous gravillon ?
De l'extérieur, ce Third Person Shooter a tout du jeu classique. Développé par Vicious Cycle sur un moteur propriétaire (le Vicious Engine 2, ne riez pas), Eat Lead joue clairement la carte de l'humour décalé, pour compenser, il est vrai, des moyens limités face aux blockbusters du genre. Et ça pourrait bien faire la différence auprès de gamers près à se cogner de la vanne écrite pour eux.
Une histoire d'Histoire
En 40 ans d'histoire, le jeu vidéo a déjà suffisamment de codes pour que Eat Lead s'amuse à les détourner même s'ils ne sont plus d'époque : type d'ennemi plat comme ceux des premiers FPS genre Doom ou Duke Nukem, combat de boss à la Final Fantasy, menus à l'appui, personnages clin d'œil : Matt Hazard va revisiter un paquet de classiques, avec ce nouveau boulot que lui offre sur un plateau la société Marathon Megasoft, et son propriétaire, Wallace "Wally" Wellesley (doublé en VO par Neil Patrick Harris - How I Met Your Mother, et Dr. Horrible's Sing-Along Blog, entre autres). Seulement voilà : ce qui avait tout d'un nouveau rôle dans un gros jeu d'action s'avère vite être une conspiration visant à tuer Matt Hazard. Les situations évoluent en temps réel, avec de nouveaux ennemis et des décors changeant au gré des hacks qui sont appliqués au jeu pendant que Matt progresse pour en découvrir plus sur le traquenard dans lequel on l'a fourré. Alors que tout semble se dresser contre lui, un seul mystérieux allié l'aidera à s'en sortir, un dénommé "QA" (Quality Assurance - un département que tout éditeur de jeu utilise pour bêta-tester ses jeux), un testeur de Marathon Megasoft qui communiquera avec Matt depuis l'extérieur du jeu.
Le rire ne fait pas tout
Il faut bien un jeu derrière tout ça, aussi singulier et rafraîchissant que ce soit. Et de ce point de vue, Eat Lead reprend donc ce qui marche : Gears of War. Il y ajoute bien la possibilité de courir d'une couverture à une autre en la ciblant puis en pressant un bouton, simplifiant un peu l'ensemble et rendant le gameplay plus accessible, ainsi que des mécaniques de corps à corps et quelques autres pouvoirs spéciaux, mais dans les grandes lignes, c'est un clone de Gears of War. Il y a pire comme inspiration - mais aussi plus facile à égaler. Malgré le soin apporté à certains effets (ceux des "hacks" qui changent décors et ennemis, par exemple), et l'inventivité de certaines situations, n'est pas Epic qui veut. Ça se sent, certes, mais ce n'est pas parce qu'Eat Lead n'égale pas techniquement ses aînés, qu'il ne sera pas en mesure de nous faire passer un très bon moment en sa compagnie. On attendra cependant d'en avoir une version finie en mains, pour connaître la teneur exacte des rires qu'il pourra susciter.