Ne l'appellez plus Call of Duty 5. Fini. Terminé. Over. En effet, lorsqu'on a acquis une telle renommée, lorsqu'on s'est hissé à la première place des ventes mondiales en 2007 avec plus de 10 millions d'exemplaires écoulés, que les choses soient claires : les chiffres, c'est fini ! Has-been, trop réducteur. Au-delà de la marque, Call of Duty devient donc aujourd'hui une entité, un sceau de qualité en matière de guerre numérique. Pourtant si Call of Duty 4 aura clairement su dynamiter le FPS militaire, son successeur, Call of Duty : World at War saura-t-il se montrer à la hauteur ? Parviendra-t-il à surprendre encore ? Manettes en main, nous vous livrons en avant-première nos sensations après les premiers assauts. Le monde est en guerre... les joueurs aux aguets.
A quelques semaines de la sortie de Call of Duty : World at War, le 14 novembre prochain, nous avons donc eu l'occasion de nous essayer au calme à une version quasi définitive du titre. Mais avant de laisser parler la poudre, une mise au point s'impose. En effet, cet opus n'est pas l'œuvre d'Infinity Ward. Non, ces derniers font l'impasse cette année pour se concentrer sur le futur Call of Duty 6. C'est donc Treyarch, déjà responsable de Call of Duty : Big Red One et Call of Duty 3 : En marche vers Paris, qui s'attèle aujourd'hui à ce monstre numérique. Car oui, la pression est bien maximale. Périlleux exercice que celui de tenter de combler l'attente des joueurs ayant adoré le rythme, l'immersion, la tension de CoD 4, tout en parvenant à les surprendre. La première surprise concernera l'époque dépeinte cette fois-ci. Un retour en arrière qui en étonnera certains...
Une odeur de napalm
Exit donc les conflits modernes, retour aux heures sombres de la Seconde Guerre Mondiale. Cependant pour éviter un compréhensible phénomène d'usure, l'aventure vous épargnera les sempiternelles séquences de débarquement ou les assauts dans les villages normands. Non, World at War prend la direction du Pacifique et des frontières russes. L'ambiance des films Stalingrad et Lettres d'Iwo Jima plane clairement sur l'atmosphère pesante des premiers assauts. L'aventure s'ouvre d'ailleurs sur une séquence de torture d'une rare cruauté. Au coeur d'un camp japonais, vous allez tutoyer le souffle de la mort de si près que quelques frissons pourraient vous étreindre. Une introduction qui donne le ton d'un titre qui se veut encore plus viscéral, plus brutal que son illustre prédécesseur. Les développeurs de Treyarch réutilisent d'ailleurs l'une des forces de CoD 4 : des scripts aussi nombreux qu'efficaces. Vous êtes bien plongé au cœur d'un déluge pyrotechnique où le danger peut surgir de toutes parts. Embûches, prises à revers, attaques surprises... dans la zone Pacifique, l'ambition des développeurs est de vous faire ressentir l'urgence des combats en sous-bois, de ces affrontements en terre étrangère, avec les attaques ennemies violemment fourbes. Certaines joutes au lance-flammes se montrent d'ailleurs saisissantes... mais peu évidentes, tant la portée de cette redoutable arme est limitée. Un minimum de sens tactique est donc requis. Call of Duty : World at War ne sombrera pas dans le bourrinage, et c'est tant mieux.
Une question d'ambiance
Si dans la version américaine, Kiefer Sutherland et Gary Oldman vous escorteront en prêtant leurs voix à des chefs d'escouade, ne vous attendez malheureusement pas à une version VO sous-titrée, à la GTA IV. D'autant plus dommage qu'un véritable effort a été consenti sur l'immersion sonore tout simplement bluffante dans la jungle. Effets nombreux, multi-couches sonores. Ca tue, tout simplement. Mais revenons, au gameplay. Ainsi, malgré une avalanche de scripts et de séquences plutôt bien pensées (un duel de snipe, un assaut de nuit dans les rizières, une attaque mémorable en bombardier), nous ne devrions pas retrouver de passages purement narratifs à l'image du cultissime prologue de CoD 4, le passage baptisé "Le Coup", qui vous faisait vivre le coup d'état de l'intérieur. Avouons aussi que le choix de la Seconde Guerre mondiale semble promettre du relativement "déjà joué". Le carcan de l'Histoire pèse en effet sur le jeu qui, même s'il tente des approches différentes, ne peut réinventer son époque. Fatalement aussi vieillottes, les armes n'ont pas l'impact des fusils d'assauts actuels. Reste que la nervosité est là, mille fois là, et dans le fond vous devrez donc finalement vous demander quel est votre degré d'affinité avec l'époque...
L'heure de la libération
Une fois le vacarme des premiers assauts estompé, vient le temps de se poser. Quand le souffre se décante, il reste un titre sérieux, mais qui laisse cependant une légère impression besogneuse. La réalisation graphique se montre aussi des plus maîtrisées, même si le moteur ne se révèle plus aussi époustouflant la seconde fois. Mais le travail est là. L'ambiance aussi. A vous maintenant de voir si vous êtes encore sensible à cette époque. Reste qu'il est particulièrement complexe de ne pas se sentir écrasé par le poids de CoD 4. Espérons qu'au-delà des niveaux qu'il nous aura été donné d'essayer, Treyarch aura su se libérer et donner vie à une œuvre personnelle, épanouie. Propre, sérieux, ambitieux, Call of Duty : World at War s'annonce donc sous les meilleurs augures pour s'imposer comme une expérience de qualité. Il nous reste encore pas mal de choses à découvrir. Le mode coopératif à 4 joueurs en simultané, par exemple, se révélera-t-il hautement immersif ? Nous en espérons beaucoup en tout cas.
Vous l'aurez compris, en l'état, il nous manque encore quelques éléments pour être certain que ce World at War pourra atteindre le niveau d'exception de Modern Warfare. Si pour le cultissime il faudra peut être repasser, Treyarch semble néanmoins sur la bonne voie pour l'excellent. A suivre...