Depuis ce matin, le monde du jeu vidéo suit une dispute apparemment très violente entre Activision et sa poule aux œufs d'or : Infinity Ward (Call of Duty : Modern Warfare, Modern Warfare 2). Si les détails exacts du différend restent obscurs, développeurs licenciés, conflits d'autorité et autres détails se répandent sur Twitter et sur les sites d'actualité.
L'affaire va loin, très loin. À l'heure où nous écrivons ces lignes, les patrons du studio Infinity Ward, Vince Zampella et Jason West aurait quitté la société. Le compte Facebook de ce dernier affiche : "Jason West est en train de boire. Et aussi, au chômage", tandis que son compte LinkedIn (un réseau social professionnel) indique, lui :
President/Game Director/CCO/CTO Infinity Ward
Janvier 2001 - Mars 2010 (9 ans et 3 mois)
Les rumeurs s'orientent vers un coup de pression de l'éditeur qui ne serait pas passé auprès du développeur, même si rien de concret ne permet de vraiment pointer le doigt vers qui que ce soit. C'est tout d'abord G4, en tout cas, qui a flairé l'embrouille. Ce matin, des agents de sécurité auraient été aperçus à l'extérieur des bureaux du développeur, puis auraient pénétré les lieux sans y être invités. Interrogés à ce sujet par les employés, ils n'auraient pas souhaité communiquer sur les raisons exactes de leur venue. C'est ce matin également que Jason West et Vince Zampella auraient eu une réunion chez Activision, et n'auraient pas été aperçus sur les lieux depuis - comme semble le confirmer, donc, leurs profils sociaux.
Insubordination ?
Entre ce moment et maintenant, les communications officielles ont été plus que réduites. Robert Bowling, le Community Manager d'Infintity Ward, s'est contenté de dire qu'il "appréciait tous les coups de fils, emails et prises de contact", mais qu'il "n'avait pas d'information". On parle de problème d'insubordination des dirigeants vis à vis d'Activision, une thèse appuyée par le dépôt, ce matin également, d'un dossier SEC citant une enquête des ressources humaines concernant des "ruptures de contrat et insubordination de la part de deux employés senior chez Infinity Ward". Le torchon brûle, incontestablement. Le document dit :
Cette affaire devrait mener au départ de membres clef du personnel et à un litige. À ce moment précis, la Société ne s'attend pas à ce que cette affaire ait un impact matériel sur la Société.
La nature de la bête ?
Petit à petit, certaines langues se délient sur l'affaire, qui résonne bien entendu aux quatre coins de l'industrie. Tim Schafer, le co-fondateur du studio Double Fine et père de Brütal Legend, dont on connaît le passif très négatif avec l'éditeur, y est allé de son commentaire Twitter :
S'énerver contre Activision pour ce genre de choses, c'est comme s'énerver contre un chimpanzé jetant des excréments.
En clair, rien ne sert de s'énerver face à de mauvaises habitudes qui sont dans la nature d'une bestiole. Une chose est sûre : le nom d'Activision est souvent revenu, ces derniers temps, au travers d'affaires conflictuelles aussi diverses que nombreuses. Il est toujours délicat, évidemment, de se prononcer en l'absence de tous les tenants et aboutissants de ce genre d'affaires... mais on peut spéculer sur le fait qu'elles soient courantes. Mais quelles sont, au final, les faits attenants à l'affaire présente ? Les seules choses qu'on sait, c'est que Jason West n'est plus employé et que le dossier SEC est authentique (il devrait d'ailleurs déboucher bientôt sur un procès). Et c'est à peu près tout. Il n'a pas été confirmé que Zampella est le second employé clef concerné, ni qu'il a quitté la société.
Une affaire en tout cas retentissante, dont on n'entendra forcément reparler dans les jours et les semaines à venir...