Tout aussi fantastique qu'il soit, Supreme Commander a néanmoins souffert d'une réputation de titre élitiste. Réputation méritée au regard de son côté parfois austère, de sa grande complexité et des pré-requis matériels qui, au moment de sa sortie, relevait presque de la science-fiction. Avec ce deuxième épisode, Gas Powered Games tente un exercice périlleux : gagner en accessibilité sans sacrifier la richesse du premier volet. Ambitieux.
N'y allons pas par quatre chemins : SupCom 2 reprend les bases de son aîné en tentant d'améliorer tout ce qui pouvait l'être. Pas de révolution majeure, comme ce fut le cas avec la seconde itération de Dawn of War par exemple, mais un souci de bâtir sur l'expérience acquise en répondant, autant que faire se peut, aux demandes des fans. On y retrouve tous les mécanismes propres au genre (récolte de ressources, constructions de bâtiments, d'unités, etc.) mais aussi toutes les évolutions qu'a pu y apporter le premier titre (le fameux Commander et son rôle central dans les combats, les longues et gigantesques batailles, la profondeur du gameplay, etc.).
Lifting & immersion
Pour commencer par le cosmétique, notons que l'identité visuelle a gagné en maturité. Si l'on pouvait reprocher au premier d'offrir des terrains de jeu visuellement assez pauvres, on sent que GPG a consenti pour ce SupCom 2 à un gros lifting. Graphiquement, le jeu offre une plus grande richesse et gagne en cohérence. On n'atteint pas encore le niveau de détails d'un Dawn of War II (ce qui reste, j'en conviens, un avis subjectif) mais l'ensemble est déjà bien plus attractif et surtout lisible.
Au niveau du gameplay, on navigue en terrain connu. Entre la Masse et l'Energie qu'il faudra récolter avec avidité pour s'assurer un niveau de ressources acceptable, il sera également nécessaire de focaliser son attention sur le développement technologique. Bonne nouvelle : l'arbre de progression est désormais plus logique et permet de planifier sa stratégie sur le très long terme.
Cette phase de recherche est un élément incontournable du jeu : qu'il s'agisse de débloquer de nouvelles unités ou d'en améliorer d'autres, impossible d'envisager remporter la victoire sans y avoir méticuleusement réfléchi. Et pour ce faire, rien de tel qu'un petit coup d'œil de temps en temps sur ce que fait l'ennemi, histoire de parer au mieux ses inévitables assauts.
Là-haut, tout est plus beau
SupCom 2 marque aussi le retour de la vue stratégique, cette espèce de super-zoom qui permet d'avoir une vue d'ensemble du champ de bataille et d'organiser avec précision le déploiement de ses troupes. Encore une fois, la clé du succès réside dans la combinaison de deux facteurs qu'il vous faudra maîtriser au plus vite : une analyse pertinente de ce que fait votre ennemi et la mise en place d'une stratégie de riposte appropriée.
Clairement, il ne s'agit pas ici d'un titre qui se maîtrise en quelques parties et pas question non plus d'envisager de se faire « une petite partie sur le temps de midi », c'est du STR d'homme, de celui qui va vous demander quelques sacrifices sur vos heures de loisir. Mais dès les premières parties, on sent que l'investissement va sans conteste être plus facile à consentir. Les engagements démarrent plus vite de sorte que l'on est très rapidement sous pression et obligé d'adapter sa ligne directrice.
Et même constat de "mieux" du côté de la campagne solo : le titre propose 18 missions (6 pour chaque faction) et on sent clairement le chemin parcouru depuis le premier épisode. La narration est mieux maîtrisée et propose des challenges nettement plus excitants. Elle ne donne plus cette désagréable impression de n'être qu'un faire-valoir au jeu multi. Et ça, c'est plutôt cool, parce que l'univers de Supreme Commander, moi, il me plaît beaucoup. Du coup, on est ravi d'y faire une incursion plus immersive.
Supreme Commander était déjà un titre exigeant et ce deuxième opus ne l'est pas moins. Mais grâce à l'excellent travail réalisé par GPG, on le sent nettement plus accessible. Sans véritablement chercher à rallier le grand public, SupCom 2 semble néanmoins sur la bonne voie pour réussir un pari difficile : préserver sa légendaire complexité tout en s'ouvrant à une audience plus large. Et pour le coup, je suis bien parti pour être complètement conquis.