Tout comme son principal concurrent, Microsoft multiplie les rachats tous azimuts, histoire de s'assurer toujours plus d'exclusivités, et ainsi pouvoir alimenter son célèbre abonnement qui continue de gagner du terrain. Mais si l'américain continue de s'adresser régulièrement aux joueurs historiques fidèles depuis maintenant deux décennies, les temps changent, et les enjeux... aussi.
Entre la sortie de la très connectée Xbox Series S, le déploiement progressif du cloud gaming qui entend élargir le spectre aux possesseurs de smartphones dernier cri et la perspective de rendre accessible une future application Xbox aux simples spectateurs dotés d'une télévision connectée, Microsoft semble déjà se préparer à un véritable changement de modèle. Quitte à imaginer un monde d'après où les consoles ne joueraient plus un rôle prépondérant ? Ah mais parfaitement.
Du pain et des jeux
Une fois n'est décidément pas coutume, c'est le toujours très bavard Phil Spencer qui s'est prêté au jeu de l'interview pour nos confrères de Games Radar. Et comme à son habitude, le responsable de la branche Xbox tente de prendre un peu de hauteur :
Il s'opère comme un changement générationnel. Je pense que la pandémie contribue également à faire bouger les lignes : les jeux deviennent un lieu de dialogue, de communauté et de discussion. En tant qu'industrie, cela nous rappelle quelle est notre responsabilité et ce que nous devons défendre. Les jeux vidéo ont commencé comme une industrie de passionnés, presque axée sur les amateurs, et le terme « gamer » était une étiquette que nous portions. Maintenant, plus de trois milliards de personnes jouent, et quand près de la moitié du monde s'adonne à la même passion, je ne sais pas comment vous faites vraiment la distinction entre un joueur et un non-joueur.
Ceux qui ont l'habitude de lire entre les lignes devinent que Spencer mentionne sans les lister les innombrables chemins d'accès qui mènent désormais au média, et qui ont permis petit à petit de toucher un homo sapiens sur deux, selon ses propres estimations.
Et pourtant, les barrières à l'accès semblent encore nombreuses, à l'inverse de bien d'autres supports culturels (ou de divertissement, c'est au choix) :
Tout le monde n'a pas grandi avec une manette à la main. Je n'envie pas les films, la télévision ou les livres, mais je pense que ces médias proposent une certaine accessibilité. C'est une chose à laquelle nous devrions penser en tant qu'industrie. Disons que je souhaite jouer au prochain grand jeu sur console : je dois aller acheter cette console, la brancher, et je ne sais pas comment utiliser une manette parce que je ne l'ai jamais fait avant. Je vais donc devoir m'entraîner et apprendre. Et chaque jeu coûte 70 dollars ! C'est beaucoup d'argent par rapport à ces autres formes d'art.
L'intéressé évitera ensuite soigneusement de répondre précisément à l'hypothétique arrivée du Xbox Game Pass sur la Switch de Nintendo, mais il profite tout de même de l'occasion pour rappeler la philosophie qui anime depuis plusieurs années le constructeur : faire tomber une à une les barrières qui divisent encore les joueurs.
La guerre des supports peut aider un appareil à prendre le pas sur un autre, mais cela n'aide pas l'industrie dans son ensemble. Je pense que se concentrer sur la joie des joueurs, la facilité de jeu, l'accessibilité, est la bonne stratégie à long terme. Et je pense que l'industrie ira dans cette direction, car c'est ce que les joueurs réclameront.