Que ce soit à travers les mots d'Alain Chamfort ou une discutable reprise de métaux fondus, les joueurs de tous horizons savent que le temps court, nous rend sérieux, et parfois plus orgueilleux. Heureusement, le temps semble ne pas avoir tant d'emprise que cela sur ce cher Shigeru Miyamoto, qui semble profiter de son âge désormais avancé (68 ans) pour jouer la carte de la désinvolture. Ou de la sagesse ?
Le game designer devenu creative fellow chez son employeur historique est, avec tout le respect eût égard à sa prolifique carrière, plus près de la retraite que de ses débuts, et ce n'est évidemment pas lui faire injure que de penser à "l'après".
Place aux (faux) jeunes
Le sujet aura ainsi été évoqué durant l'interview-fleuve accordée il y a quelques jours au magazine The New Yorker, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'intéressé ne semble pas préoccupé par sa succession, et pour cause :
Chez Nintendo, l'idée centrale de notre business est de réussir à créer l'harmonie entre les consoles et les jeux. Il aura fallu une dizaine d'années, mais j'ai le sentiment que la nouvelle génération est enfin parvenue à mettre en pratique ce principe-clé. En ce qui me concerne, j'ai d'autres centres d'intérêts, plus personnels.
Avec le temps, l'entreprise doit faire face à une concurrence toujours plus grande, ce qui nous a donné une opportunité de réfléchir en profondeur à ce qui fait que Nintendo est Nintendo. Le président Furukawa a atteint la quarantaine, et le directeur général Takahashi la cinquantaine, ce qui nous permet d'assurer une continuité de cet esprit d'entreprise, et je suis sûr qu'il continuera d'être transmis.
Je ne me préoccupe plus de ça. Désormais, je m'attelle à chercher de nouvelles expériences : c'est toujours ce qui m'a le plus intéressé dans ce milieu. Je ne veux pas perfectionner ce qui a déjà été fait, mais trouver de nouvelles idées.
Gageons que si l'illustre créatif semble rassuré sur la pérennité du constructeur, nous n'avons a priori pas de raisons de nous inquiéter. Malgré quarante ans d'ancienneté au sein de l'entreprise kyotoïte, Miyamoto ne semble toujours pas traîner des pieds, même après un week-end festif :
Ce n'est pas tant l'environnement qui me pousse à aller travailler, simplement le fait d'avoir réfléchi au jeux sur lesquels je travaille durant le weekend. Le lundi, je suis impatient de retourner travailler, et je ne manque pas d'envoyer des e-mails durant le weekend, ce qui ne passe pas forcément très bien auprès de mes collègues.
Comme tant de responsables aujourd'hui, Miyamoto semble donc ignorer le droit à la déconnexion ou la notion de weekend. Est-ce donc ça, le privilège de l'âge ?