Le nouveau projet ambitieux de Riot Games a ouvert sa Beta en Europe, et il est prometteur. Mais rencontrera-t-il le succès attendu ? Après plusieurs heures de test sur un mobile Android, on vous propose d'en faire le tour.
Il y a un an, Riot Games célébrait ses 10 ans en faisant tomber une tonne d'annonces plus folles les unes que les autres. Celle de Wild Rift s'était perdue dans l'ombre de VALORANT et Legends of Runeterra. Mais à l'heure de la sortie de la Beta en Europe, après une arrivée en Asie en juin dernier, toutes les discussions sont finalement portées sur la version mobile du MOBA.
Il y a un an déjà, nous avions pu tester une version initiale de Wild Rift. Bien que le jeu nous paraisse remplir son contrat, on doutait qu'il parvienne à offrir quelque chose en plus que les autres MOBA sur mobile. Qu'en est-il maintenant ?
Gommer les différences
Plus qu'un simple portage, Wild Rift revisite toutes les bases de League of Legends pour s'adapter un maximum à la plateforme mobile. Le jeu arrive à un moment où la concurrence est rude et où de nombreux éditeurs ont déjà copié sa formule pour en faire des jeux mobiles qui ont dépassé des millions de téléchargement, comme Arena of Valor ou Vainglory.
Pour atteindre cet objectif, les développeurs de Riot Games ont retravaillé tous les assets graphiques du jeu, changé des éléments stratégiques essentiels comme des items ou des compétences de champions, et la carte de son mode classique, la Faille de l'Invocateur, a été réduite pour raccourcir la durée parties de moitié. Mais à changer trop ou pas assez, les fans du MOBA ou les joueurs nomades pourraient finalement ne pas s'y retrouver : c'est un équilibre qu'il faut obtenir.
Premier point positif : il n'y a pas, ou peu, de micro-transactions aléatoires, et dépenser de l'argent n'aide en rien à remporter des parties ; ce n'est donc pas un pay-to-win. Il est possible d'acheter des champions, skins et autres items cosmétiques. Mais le jeu est généreux sous réserve de compléter régulièrement des défis, ce qui permet d'acquérir assez rapidement la moitié des champions disponibles, et même quelques skins, sans dépenser un sou.
Le MOBA au plus accessible
En lançant le jeu pour la première fois, les joueurs qui ne connaissent pas League of Legends ne seront pas perdus pour autant. Wild Rift possède une interface intuitive et pas moins de 9 didacticiels, idéal pour tous les joueurs qui ont voulu se lancer sur le jeu PC des années après sa sortie sans jamais réussir à assimiler toutes les bases pour s'amuser. Les éléments de gameplay sur mobile sont passées en revue, mais aussi tous les concepts du MOBA : rôles, items, objectifs. En outre, chaque champion dispose de plusieurs builds prédéfinis pour pouvoir se lancer dans une partie sans même avoir besoin de connaître les items ou l'ordre d'amélioration de compétences.
Il est donc possible de se lancer dans une partie sans avoir à connaître les items et les runes à prendre, et le jeu vous guidera naturellement. Ces équipements seront d'ailleurs mis à jour au fil des changements de la meta, Riot Games mâchant le travail des joueurs. Le système sera aussi "amélioré à l'avenir pour offrir plus de moyens aux joueurs d'ajuster et adapter leurs équipements plus facilement", selon Brian Feeney, Design Director de Wild Rift.
L'une des différences majeure est l'utilisation d'actifs d'items, qui se limite à un seul slot alors qu'il est possible d'en utiliser plus de trois sur la version PC. Sur mobile, elle devient une amélioration de bottes. "Dans ce système [sur PC], il est possible de remplir tout son inventaire d'items actifs. Cela est un problème majeur au vu de la taille d'écran que cela demande sur mobile," explique Brian Feeney: "Ils devaient être dans un unique emplacement verrouillé, ce qui est déjà le cas pour les bottes, donc on a chois de combiner les deux avec un seul emplacement".
L'essentiel de la complexité du jeu se réduit donc à ses champions, dont le nombre s'élève tout de même à 49, et à l'apprentissage de leurs quatre compétences. En outre, les premiers champions offerts aux joueurs font partie des plus faciles à prendre en main, comme Lux ou Garen. Grâce à Wild Rift, League of Legends est donc plus accessible que jamais aux novices. Mais tout est relatif : les parties sont longues par rapport au standard sur mobile (10 à 15 minutes, comparé aux 3 à 8 minutes que l'on observe dans les jeux multijoueur les plus populaires) et le jeu reste très stratégique. A priori, il est donc plus ciblé que la plupart des jeux multijoueur les plus populaires comme Clash of Clans, Brawl Stars ou encore Call of Duty : Mobile, et il semble trouver sa cible.
Quelques discordances sur la Faille
Certains champions ont été plus faciles à intégrer que d'autres. Brian Feeney prend en exemple le jungler Jarvan IV, qui leur a causé des difficultés : "On a lutté avec son combo [E-A]. On a eu des joueurs de niveau challenger ou master qui n'arrivaient pas utiliser cette combo avant que l'on découvre le modèle de contrôle où l'on pouvait ajouter un bouton séparé 'hook le drapeau'. Cela a permis de garder la flexibilité si le joueur voulait utiliser les compétences séparément".
En définitive, le gameplay de Wild Rift ne perdra ni les fans de League of Legends, ni les habitués de la plateforme mobile : les commandes sont instinctives et l'interface a réussi le défi de comporter un maximum d'éléments sans être surchargée. La main gauche est utilisée pour les mouvements du champion et la droite pour l'activation des compétences, le contrôle de la caméra et le ciblage. Les compétences des champions, pour l'essentiel, changent peu ; on retrouve même les summoners, les sorts à activation comme le Flash et l'Embrasement.
Néanmoins, à vouloir être trop proches de la version PC, certaines mécaniques peuvent paraître superflues pour des joueurs arrivant directement sur mobile. C'est le cas de l'utilité du jungler. Dans Wild Rift, un carry peut prendre les objectifs de la jungle tout seul très tôt dans la partie. Même si le jungler peut être utile pour prendre le Baron et gank des lanes, les joueurs débutants ne parviennent pas à optimiser son rôle et il est tout à fait possible de remporter une partie sans qu'il ne farme sa jungle, sous réserve de prendre des kills sur la lane où il décide d'aller. Au final, il n'y a plus que le Smite qui a le potentiel de retourner une partie. Le nombre de rôles aurait pu être réduit à quatre sans que la stratégie du jeu n'en pâtisse énormément.
Un avenir assuré par Riot Games
Quoiqu'il en soit, Wild Rift a les armes pour se frayer un chemin dans le marché hyper concurrentiel des jeux mobiles. L'ADN de Riot Games étant très liée à l'eSport, il y a aussi fort à parier qu'une scène compétitive sera soutenue par l'éditeur, ce qui devrait persuader les joueurs les plus combattifs de rester sur le jeu. L'eSport sur mobile s'est beaucoup développé ces dernières années, en Asie du Sud-Est et Inde en particulier.
Il n'est pas rare de voir des tournois avoisiner les cash prizes aussi importants que sur PC, jusqu'à un million de dollars sur des jeux tels que PUBG Mobile, Free Fire, Brawl Stars ou encore Clash Royale. L'avantage pour Riot Games est d'avoir assez attendu pour avoir des exemples desquels s'inspirer sur la plateforme. Wild Rift semble donc promis à un bel avenir, et pourrait très bien dépasser League of Legends en termes de joueurs actifs à sa sortie dans certains pays. Il pourrait être, finalement, l'avenir du jeu PC auprès des générations qui ne jurent que par le mobile.