Cela fait plusieurs années que nous vous parlons régulièrement de la Polymega, cette console compatible avec les jeux rétro de plusieurs consoles CD sur laquelle peuvent être branchés des modules qui la rendent compatible avec des machines au format cartouche. Après un changement d'architecture et plusieurs reports, la Polymega s'apprête enfin à sortir dans le commerce. Nous avons passé plusieurs jours en compagnie d'un modèle pré-production, voici ce qu'il y a à savoir sur la console ainsi que notre avis à son sujet.
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En 2020, jouer à des exemplaires authentiques de jeux rétro n'est pas nécessairement ce qu'il y a de plus simple, même pour ceux qui disposent toujours de leurs consoles et de leurs jeux d'époque. Si les joueurs les plus pointus disposent toujours de téléviseurs à écrans cathodiques, et même dans certains cas de moniteurs initialement destinés aux professionnels (comme la gamme PVM de chez Sony), c'est pour les autres que cela se complique. Et ce pour plusieurs raisons.
D'un côté, les téléviseurs modernes ne disposent pas toujours d'une connectique permettant de brancher une console rétro. Et lorsqu'elle en a, le rendu ne fait clairement pas honneur aux jeux originaux (images étirée, graphismes flous, etc.). Il existe bien des adaptateurs et autres convertisseurs mais ces derniers peuvent être très coûteux et le résultat n'est pas toujours satisfaisant. Le problème de la place peut également se poser. Pour de nombreux joueurs, placer les consoles rétro à côté des consoles actuelles et les divers autres appareils électroniques n'est tout simplement pas envisageable. Avec sa Polymega, la société américaine Playmaji répond à ces diverses problématiques et propose une solution moderne tout en un.
Initialement annoncée début 2017 sous le nom de RetroBlox, la Polymega était à la base prévue comme une console tournant à l'aide de puces FPGA. Ce système employé par les consoles d'Analogue, comme la Mega sg ou la Super nt, permet de réaliser de l'émulation hardware et non software. Dans la Super nt par exemple, la puce FPGA simule les différents composants de la Super Nintendo. Les jeux insérés dans la machine ont donc l'impression de se trouver dans une console originale. Cela a pour effet d'offrir un rendu extrêmement fidèle (avec en plus de nombreuses options d'affichage pour les utilisateurs les plus pointilleux) et de garantir une compatibilité extrêmement élevée.
Plus d'un an après l'annonce de la RetroBlox/Polymega, Playmaji révèle avoir changé son fusil d'épaule et décidé de ne pas utiliser de puces FPGA (certainement du fait de leur coût relativement élevé) pour finalement se reposer sur de l'émulation software à l'instar de ce que font d'autres consoles du même genre (comme la RetroN5 par exemple). Il serait cependant erroné que de mettre la Polymega dans le même panier que ces appareils multi-consoles rétro à la qualité souvent douteuse. Et ce, pour diverses raisons sur lesquelles nous allons revenir.
Comment ça marche ?
La console Polymega de base, appelée PM01, dispose d'un lecteur de disque optique et permet dès son premier branchement, de jouer aux jeux des consoles suivantes (toutes régions confondues) :
- Sony PlayStation
- SEGA Saturn
- SEGA Mega-CD
- SNK NEO-GEO CD
- NEC PC Engine CD
Lors de la première mise en route de la Polymega, la première chose qui frappe, une fois la manette reliée à la console, est l'élégance de son interface. Il n'est clairement pas question d'un simple menu déroulant sur lequel l'utilisateur choisi parmi des centaines de jeux installés. La console veut gagner sa place dans le salon des utilisateurs aux côtés des machines actuelles. Après un bref écran de boot, le joueur est mis face au menu principal de la console. Depuis ce dernier, il peut accéder à un découpage par console des jeux qu'il a installé sur la Polymega, à d'éventuelles playlists de sa création, aux titres auxquels il a joué récemment ou encore à ceux ajoutés dernièrement sur la console. Ce même menu principal permet également d'accéder aux jeux pré-installés sur la console ainsi qu'aux screenshots pris en cours de partie. L'ensemble est très propre et met en valeur aussi bien les consoles compatibles que les jeux installés.
Une fois la Polymega allumée, une des premières choses à faire est de la relier à Internet. La chose peut s'effectuer via Wi-Fi ou par une connexion câblée. Sur notre modèle de pré-production, la connexion à Internet en Wi-Fi ne fonctionnait pas initialement et il a fallu brancher la console en Ethernet afin de procéder aux mises à jour déjà à disposition. Une fois ces dernières installées, la connexion en Wi-Fi fonctionnait sans problème. D'ici la sortie de la console à la fin de l'année, le firmware de la console devrait continuer à recevoir des mises à jour. À noter également que l'interface de la console peut être passée en français. Il apparaît cependant que la traduction a été réalisée de manière automatique. Les personnes qui arrivent à s'en sortir avec des menus en anglais ont donc tout intérêt à laisser la machine dans sa langue originale.
Un élément à souligner est le caractère "Plug & Play" de la Polymega. La console ne demande pas à son utilisateur d'aller chercher et télécharger sur Internet les bios des différentes machines et de les installer sur la console, comme c'est le cas lors de l'utilisation d'un émulateur sur PC. La Polymega dispose de ses propres bios pour les différentes machines émulées et les jeux CD fonctionnent immédiatement. Les joueurs qui le souhaitent peuvent cependant aller chercher des bios spécifiques et les installer sur la machine à l'aide d'une carte SD s'ils le souhaitent.
Lors de l'insertion d'un CD de jeu (bien évidemment venu d'une des consoles compatibles), plusieurs choix s'offrent à l'utilisateur. Le premier est de lancer le jeu et de se mettre à y jouer immédiatement. S'il le souhaite, et qu'il dispose d'assez d'espace sur le disque dur de la console ou sur un support de stockage installé dessus, il peut également installer le jeu afin de ne plus avoir à insérer le disque par la suite. La console est livrée avec un disque dur de 32 Go. Mais le système d'exploitation et les jeux pré-installés (d'un intérêt tout relatif) font que l'utilisateur dispose dans les faits de moins de 10 Go d'espace libre l'installation. Les jeux des ères 16 et 32-bit étant bien moins lourds qu'aujourd'hui, cela laisse tout de même suffisamment de place pour en installer plusieurs dizaines (et cet espace peut être étendu avec des cartes SD ou l'installation d'un SSD dans l'espace prévu à cet effet). En parallèle, il est également possible d'ajouter le jeu à sa collection personnelle sans l'installer. Ce choix nécessite cependant d'insérer le disque de jeu à chaque utilisation.
Utilisation à la carte
Lorsque le jeu est reconnu par la console, l'utilisateur a également le choix entre le lancer en activant les fonctionnalités spécifiques à la Polymega (sauvegardes qui permettent de redémarrer le jeu pile à l'endroit où le joueur en était resté, screenshots, etc.) ou de manière à en profiter comme sur sa console originale. Si le titre utilisé est compatible avec les vibrations, il est possible d'activer cette fonctionnalité. Même chose lorsque le jeu est compatible avec une jouabilité au stick analogique (comme certains jeux PSOne ou Saturn) : si une manette équipée d'un stick est branchée (voir plus bas), la Polymega permet là aussi de l'activer pour en profiter dans les meilleurs conditions.
En termes de confort d'utilisation in-game, rien à signaler. La Polymega fait tourner les jeux compatibles à l'aide de versions customisées d'émulateurs déjà disponibles sur PC. Les jeux, Saturn y compris, tournent bien et n'ont pas subi de bugs lors de nos sessions de jeu. L'émulation Saturn promise par la Polymega était attendue au tournant et elle fonctionne très convenablement. Les changements de résolution en cours de partie que connaissaient certains jeux Saturn sur la console originale n'ont à première vue pas d'impact lorsqu'ils tournent sur Polymega.
Un autre avantage de la Polymega, c'est qu'elle permet d'utiliser des patchs (de traduction par exemple). Lorsqu'un jeu est installé sur la console, le menu de lancement donne la possibilité de le patcher (si le patch a été téléchargé et placé sur une carte SD au préalable). Cette option est extrêmement pratique car elle donne l'opportunité de découvrir des titres qui n'ont jamais eu le droit à une localisation occidentale. Et si le joueur veut revenir à la version originale d'un jeu patché, la console lui donne la possibilité de désinstaller le patch.
Par curiosité, nous avons essayé de lancer des CD de démo sur la Polymega : le CD Demo-1 fourni avec la PlayStation à son lancement et la démo européenne de Keio Flying Squadron sur Mega-CD. Et tous les deux fonctionnaient comme sur leurs consoles originales. Ces deux disques n'étant pas reconnus par la base de données de la console, il n'était pas possible de les installer, de faire des sauvegardes à la volée ou de prendre des screenshots. Mais pour une simple partie, la compatibilité était bien là.
Au cours de nos diverses sessions de jeu sur la Polymega seuls trois titres sur la soixantaine essayée n'ont pas été reconnus par la console (NBA Jam TE sur PlayStation PAL, X Japan Virtual 001 sur Saturn JAP et Les Chevaliers de Baphomet sur PlayStation PAL) alors qu'ils étaient tous les trois présents dans la base de données de la console. Ils étaient totalement jouables mais à la manière des CD de démo, ils ne permettaient pas de profiter des fonctionnalités spécifiques à la Polymega. Playmaji a connaissance de ce problème avec certains titres et affirme qu'il sera corrigé d'ici la sortie de la version définitive de la console.
À ceux qui le souhaitent, la Polymega donne la possibilité d'activer deux filtres qui simulent les scanlines qui caractérisaient le jeu sur des écrans cathodiques dans les années 90. Votre serviteur n'était cependant pas particulièrement convaincu par ces filtres et préférait jouer avec l'écran neutre. Le plus gros défaut que nous avons pu remarquer pendant nos sessions de jeu se situait au niveau du bruit produit par la console. Lors de l'installation et de l'utilisation de jeux, il arrive que la Polymega se mette à faire un bruit dont la PS3 et la PS4 seraient fières. Cela n'empêche pas de jouer, mais cela méritait d'être indiqué.
Catalogue inépuisable (ou presque)
Comme indiqué plus haut, l'un des points forts de la Polymega est son interface. Et cette remarque ne concerne pas que son menu principal. Elle s'applique également à sa base de données. À l'heure où sont écrites ces lignes, 11.352 jeux y sont listés, toutes plateformes (compatibles) et régions confondues. Chacun de ces titres dispose de sa propre fiche avec jaquette, screenshots, informations pratiques et description (en anglais). Autre petit plus de l'interface de la Polymega, chaque fiche de jeu propose des listes de jeux similaires, de jeux du même éditeur ou de jeux de la même année.
Il est aisé de se laisser porter de fiche en fiche et il y a fort à parier que des possesseurs de Polymega un peu curieux vont découvrir des jeux qu'ils ne connaissaient pas grâce à cette interface. Si l'utilisateur est intéressé par un jeu mais ne le possède pas, il peut par ailleurs se constituer une wishlist qui apparaît ensuite sur l'écran principal de la console. Un utilisateur qui n'est pas intéressé par le fait de se voir recommander des jeux dont il ne dispose pas peut désactiver l'affichage des jeux non-possédés. Pour en revenir à la base de données, d'autres titres seront évidemment ajoutés par la suite. Selon un des responsables de Playmaji, il est par exemple envisagé d'ajouter les CD de démo.
Plus haut, nous vous avons indiqué que la Polymega permettait de prendre des screenshots en cours de partie. À l'heure actuelle, ces derniers ne peuvent être regardés que sur la console et ne peuvent pas être transférés sur un ordinateur. Playmaji nous a cependant indiqué qu'une intégration des réseaux sociaux permettant de partager ces captures d'écran sur Internet devrait être ajoutée via une mise à jour avant l'été prochain.
Manette au choix
Pour ce qui est de la manette, la Polymega est livrée avec une manette sans-fil (pouvant également être branchée en USB) de bonne facture dont la configuration n'est pas sans faire penser à celle de la DualShock 4 (le pavé tactile en moins). Le pad Polymega est agréable à prendre en mains, n'est pas trop léger et ne fait pas l'effet d'une manette bon marché en plastique cheap. Elle est compatible vibrations, dispose d'une fonctionnalité Turbo et d'un bouton permettant d'accéder facilement à l'interface de la console. Pour ceux qui souhaitent jouer à plusieurs ou profiter d'une expérience de jeu qui rappelle davantage le jeu sur les consoles originales, la Polymega est compatible avec de nombreuses autres manettes (un Light Gun Polymega est également prévu). Voici lesquelles :
- Manette SEGA x Retro-Bit Mega Drive 8 boutons (version 2.4Ghz)
- Manette SEGA x Retro-Bit Saturn 8 boutons (version 2.4Ghz)
- Manette SEGA Mega Drive Mini 3 boutons
- Manette SEGA Mega Drive Mini 6 boutons
- Manette PlayStation Classic USB
- Manette Neo-Geo Mini
- Stick Arcade Neo-Geo X
- Stick Arcade Qanba Obsidian
Pour accéder au menu de la console en utilisant une manette tiers, il suffit d'appuyer sur Haut + Start en cours de partie. Côté performances, toutes les situations de jeu ne procurent pas les mêmes résultats en termes de latence. Si les jeux sont jouables même avec une manette sans-fil, la latence la plus faible est obtenue en utilisant un périphérique filaire et, selon Playmaji, plus particulièrement les manettes fournies avec les modules pour les consoles cartouche.
Cartouches en option
En parallèle à la compatibilité avec les consoles CD listées ci-dessus, la Polymega dispose en effet de plusieurs modules vendus séparément qui ajoutent la compatibilité avec des consoles tournant sur support cartouche. Pour les besoins de cet article, nous avions accès au module EM03 permettant de jouer avec des cartouches Mega Drive et 32X (là aussi toutes régions confondues) et d'utiliser des manettes Mega Drive originales pour le faire - chaque module est livré avec une manette Polymega rappelant celle de la console originale mais le module EM03 qui nous a été envoyé ne contenait pas de manette, cette dernière n'ayant pas été produite à temps pour les envois à la presse.
Nous avons donc pu essayer une vingtaine de jeux Mega Drive et 32X sur la Polymega et tous ont été reconnus immédiatement par la console. Contrairement à l'installation de jeux CD, celle de jeux sur cartouche est quasi-instantanée (en plus de prendre logiquement beaucoup moins de place sur la mémoire de la console ou le support de stockage installé). Niveau fonctionnement, rien à signaler là non plus mis à part le fait que le port cartouche du module n'est pas vraiment docile. Il faut forcer pour insérer, ce qui fait un peu peur par moments. Cela étant dit, tous les jeux officiels testés fonctionnaient sans aucun problème. Les seuls titres que nous n'avons pu faire tourner sur le module EM03 étaient des jeux non-officiels comme Top Fighter 2000 MK VIII ou le portage Mega Drive de Super Mario Bros. (cartouches qui fonctionnent sur la Mega sg d'Analogue).
Impossible de parler de la Polymega sans évoquer son prix. La console de base PM01 est vendue 399,96 dollars outre-Atlantique tandis qu'elle est proposée à 499,99 euros en France. S'il convient de rappeler que les Américains doivent ajouter des taxes à ces 399,96 dollars lors du checkout, le total reste moins élevé que la somme demandée aux français. Playmaji justifie cette situation par les différentes taxes européennes auxquelles est soumise la Polymega lors de son arrivée sur le Vieux Continent. Malgré tout, 500 euros sera à n'en point douter un prix prohibitif pour une grande partie des joueurs. Seuls les plus gros consommateurs de jeux rétro et les collectionneurs qui cherchent une solution tout en un pour profiter dans de bonnes conditions de leurs jeux originaux pourront se laisser tenter.
Comme les mises à jour évoquées ci-dessus le laissaient déjà entendre, ce qui est proposé et permis par la Polymega n'est pas figé. Playmaji a par exemple déjà déclaré son intention de rendre la Polymega compatible avec des services de jeu en streaming (ces derniers n'ont pas encore été précisés) et de proposer une boutique virtuelle sur laquelle acheter légalement des jeux. Le constructeur nous a également indiqué que la compatibilité avec d'autres machines est d'ores et déjà en chantier. Si aucune annonce à ce sujet n'a été faite pour l'instant, les travaux dont nous avons entendu parler sont clairement alléchants.
EN RÉSUMÉ | ||||
Une solution rétrogaming coûteuse mais réussie Rien ne vaudra jamais le fait de pouvoir jouer à un jeu sur sa console originale. Mais lorsque toutes les conditions ne sont pas remplies pour le faire dans des conditions optimales, la Polymega s'inscrit clairement comme une alternative séduisante pour toutes les raisons évoquées ci-dessus (et même si les utilisateurs les plus pointilleux regretteront certainement le fait que la console ne tourne pas à l'aide de puces FPGA). Avoir toutes ces consoles rétro réunies dans un seul appareil de qualité est vraiment plaisant. Il nous tarde découvrir l'identité des autres consoles avec lesquelles Playmaji compte rendre compatible sa Polymega. |
ON A AIMÉ : | ON N'A PAS AIMÉ : | |||||
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FICHE TECHNIQUE : | ||||
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