Si vous avez l'habitude de nous suivre, vous avez sans doute déjà entendu une partie de la rédaction de Gameblog se languir de la palanquée pantagruélique de rogue-like qui nous tombe sur le coin de la tronche depuis déjà quelques années. Pourtant, il suffit parfois du contre-exemple quasi-parfait pour nous faire ravaler notre fierté, ainsi que nos bien vilaines paroles.
S'il fallait résumer en quelques mots ScourgeBringer, ce serait forcément sous l'angle de la comparaison. Et ce ne serait certainement pas lui faire injure. Prenez la nervosité d'un Celeste, l'esthétique d'un Hyper Light Drifter, l'action d'un Dead Cells et la progression d'un Rogue Legacy, mélangez au shaker (jamais à la cuillère), et vous obtenez un cocktail savoureux, à l'attaque puissante et au milieu de bouche complexe et une finale courte, mais qui laisse de bien bons souvenirs au palet.
Scourge McDuck
Le titre des français de Flying Oak ne s'embarrasse pas de longs discours avant de vous plonger dans l'action : dans une métaphore quelque peu biblique, l'humanité paye enfin pour ses crimes, alors qu'un monolithe kubrickesque du nom de l'Apporteur descend sur Terre, histoire de semer la mort et la destruction. Tous ceux qui s'y sont aventuré n'ont jamais repointé le bout de leur nez, mais les sages humains décident tout de même d'y envoyer Kyhra, le dernier espoir de son espèce. Il faut dire que la combattante fait preuve d'une agilité qui l'honore, et lui sera bien utile pour tenter de venir à bout de ce dédale sans cesse renouvelé. Dès les premières minutes, votre avatar à la longue chevelure nacrée ne peut pour ainsi dire pas tenir en place : armée d'un sabre et d'une arme à feu, elle incarne une certaine forme de nervosité, mais également de précision, et pour cause. Dans ScourgeBringer, tout se joue à la milliseconde : si les premières tentatives pourront laisser croire qu'il suffit de bourriner pour parvenir à ses fins, le temps et l'observation n'auront de cesse de révéler une mécanique d'une précision horlogère toute suisse. Chaque input devra être rapidement sous-pesé, sous peine de vous empêcher de réagir correctement à une nouvelle attaque. Comme au casino, les plus gourmands se feront sortir fissa.
La Danse du Sabre
Tout rogue-like qu'il est, ScourgeBringer se découpe en zones, thématiques comme il se doit, dans lesquelles il va falloir trouver l'antre du boss, avant de tenter de le défaire pour passer à la suite. Chaque run propose évidemment un découpage différent, et il faudra donc partir à l'aveugle, évoluer de salle en salle, en tentant - si possible - d'échapper à la mort. C'est que le moindre petit carré de votre carte fourmille d'ennemis aux patterns différenciés, et qu'il faudra vider chaque zone de sa vermine avant de pouvoir continuer sa progression.
Générées aléatoirement, ces dernières s'entendent comme autant de challenge, puisque la configuration des lieux et les forces en présence exigeront la plus grande réactivité, et une exécution sans faille. C'est là que la palette de Kyhra s'avère des plus salvatrices : entre dashs, attaques à courte et longue portée, stuns, renvoi des tirs adverses, il y a de quoi faire. Chaque ennemi possède un certain nombre d'attaques assez facilement lisibles grâce à des triggers apparents, mais leur nombre complexifie bien vite les choses. Pendant que notre héroïne fonce sur un groupe de monstres volants pour les empêcher d'attaquer, il lui faut également prendre garde aux tirs de laser qui se focalisent sur elle, non sans dévier au passage une balle perdue, le tout en l'espace d'une ou deux secondes. Le jeu aérien est d'ailleurs vivement encouragé, puisque tous les outils sont là pour vous aider à ne jamais mettre le pied à terre. Les boss ont d'ailleurs une fâcheuse tendance à se la jouer danmaku, et plus vous avancerez dans ScourgeBringer, plus il vous faudra devenir précis. Pas précis vite-fait hein, précis AU PIXEL.
What are you buying ?
À l'instar de DOOM Eternal, ScourgeBringer est un jeu qui fait appel à vos réflexes reptiliens, mais aussi à une préparation minutieuse de chaque run. L'exploration des différentes zones (trois sont proposées dans cette version en early access) dévoilera en effet quelques spots plus cléments, comme celui du marchand, qui monnaiera contre des gouttes de sang quelques items bien pratiques, comme des soins, ou de nouvelles armes qui pourront selon la situation vous avantager, ou au contraire vous aider à placer une bastos entre deux orteils. Une seule solution pour prendre la bonne décision : mourir, et apprendre de ses erreurs, encore et encore. Chaque environnement hébergera également un autel, qui vous permettra de profiter d'une capacité spéciale, à choisir parmi les trois proposées. Des réductions tarifaires, une recharge plus rapide de votre arme à feu, ou des dégâts maximisés dans les aires, les effets se cumulent, pour peu que vous surviviez assez longtemps pour mettre à jour ceux des zones suivantes. Vous pourrez donc avec un peu de chance doubler vos points de vie avant même d'arriver au premier boss, tandis que d'autres tentatives moins chanceuses vous obligeront à donner le meilleur de vous-même... ou à ragequiter.
Le Chêne de compétences
Autant vous dire que la préparation est de mise avant d'espérer défaire les boss du jeu. De toutes façons, vous ne pourrez pas tenter votre chance avant d'avoir vaincu un midboss, forcément moins méchant, mais qui reste un danger potentiel prêt à grignoter vos rares points de vie.
Autant vous dire qu'avec un nombre de paramètres exponentiels à prendre en compte, et la difficulté insoupçonnée de certaines configurations, la mort finit immanquablement par pointer le bout de son nez. Heureusement, elle n'est qu'une étape, qui vous permettra de dépenser de précieux globes glanés à la sueur de vos pouces, nécessaires pour progresser dans l'arbre (littéral) de compétences. Ce découpage intelligent élimine presque toute forme de frustration, puisqu'aucun run ne se fera ainsi à perte : pour peu que vous ayez simplement occis le midboss du premier monde, vous pourrez toujours voir si une capacité supplémentaire ne pourrait pas vous donner un précieux coup de main, avant d'y retourner aussi sec. Et les surprises ne manquent jamais, puisque chaque nouvelle marche franchie sera synonyme de nouveaux patterns, de nouveaux échecs, et de nouvelle tentative.
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INDICE DE CONFIANCE : 95% | ||||
DES ROGUE-LITE COMME CELUI-CI, ON EN VEUT BIEN TOUS LES JOURS ! En l'espace de trois niveaux, ScourgeBringer est parvenu à nous scotcher, grâce à de nombreux emprunts aussi maîtrisés qu'intelligents. En allant piocher dans tout ce qui a fait le succès de Celeste, Hyper Light Drifter, Dead Cells ou Rogue Legacy, le jeu de Flying Oak se révèle d'une vivacité et d'une intelligence folle. Chaque run de ScourgeBringer est l'occasion d'affûter un peu plus ses réflexes, et sa construction participe à une habile boucle de gameplay qui donne constamment envie d'y retourner. Malgré nos hurlements, synonymes de cuisantes défaites, il n'y a pour ainsi dire aucune raison de ne pas donner sa chance au meilleur rogue-like depuis un bail. |
ON A AIMÉ : | ON N'A PAS AIMÉ : | |||||
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