Depuis un certain From Dust en 2011, nous n'avons pour ainsi dire plus trop de nouvelles d'Eric Chahi. En paf, voilà qu'au printemps, le génial géniteur d'Another World revenait comme une fleur pour nous dévoiler Paper Beast, son nouveau concept encore fort mystérieux. Après avoir rencontré le plus italien de nos poètes au mois d'avril, Paper Beast nous a enfin laissé entrevoir son étendue.

Tigres de papier

« Tu peux avancer , hein », me souffle-t-il dans le casque. Pourtant, le besoin ne s'en faisait pas encore sentir : au pied d'un immense rideau rouge de cabaret, un poste radio diffuse un morceau de J-Rock, la vie est belle, simple, et la Gamescom semble si loin. PlayStation VR sur la tête et PS Move en mains, il faut pourtant bien partir à l'aventure. Derrière la séparation de velours se cache un désert polygonal qui s'étend à perte de vue. Au loin, des masses rocheuses sombres et imposantes viennent briser l'unité du paysage, et si l'on prend la peine de lever la tête, on aperçoit aux côtés de nuage bien sages une multitude de caractères alphanumériques qui nous rappellent que cette étendue virtuelle n'est rien d'autre que le fruit du big data.

C'est un jeu qui possède une rythmique particulière : on ne va pas proposer une mécanique puis la décliner et la complexifier à outrance, c'est bien plus organique, je le rapprocherai plutôt d'Inside ou d'Another World. Il va toujours y avoir des événements atypiques, chaque niveau est unique.

Dans Paper Beast, le joueur est en effet le premier de son espèce à mettre le pied dans ce drôle d'univers où le vivant se compose de créatures de papier fantastiques, puisque jamais croisées de mémoire d'homme. A commencer par Cage, une créature imposante qui semble dès le départ vous emprisonner du haut de sa carcasse mut par dix pattes équitablement réparties de chaque côté. En inspectant les alentours, on croise de plus petites espèces, quadrupèdes, avec lesquelles on peut directement interagir : si le PS Move gauche vous sert comme bien souvent à vous téléporter d'un point à un autre, le droit permet d'agripper n'importe quel membre de cette étonnante faune, si leur poids le permet.

Desert Eagle

Comme un zoologue précautionneux, on soulève, on repose, on observe la réaction de cet animal peu farouche, qui vient même vous manger dans la main si l'on si prend correctement. Autour d'une étendue d'eau, différentes espèces viennent s'hydrater, ce qui finit immanquablement par dégénérer, puisque les proies y croisent des prédateurs pas toujours bien intentionnés. À vous de voir si la chaîne alimentaire doit alors être interrompue, ou si cette grotte que l'on aperçoit au loin mérite un coup d'oeil. Il n'y a de toute façon pas de bonne ou de mauvaise décision dans Paper Beast : la mort n'est même pas au programme, y compris lorsque le sol se dérobe sous vos pieds et qu'une tornade de sable menace de vous emporter.

Paper Beast est assez accessible, mais ça s'est fait comme ça. Par exemple, on ne meurt pas dans le jeu : ce n'était pas voulu, nous n'avons juste pas ressenti le besoin, alors que certains jeux sur lesquels j'ai pu travailler frôlaient presque le die and retry !

Les risque-tout prendront d'ailleurs peut-être le temps de lever une nouvelle fois les yeux et de découvrir qu'au milieu des fragments de matière, des points d'interrogations eux aussi saisissables virevoltent. Pourquoi ? Que font-ils là ? Qu'en faire ? Aucune réponse ne nous sera donnée. Il faut dire que cette première démo de quinze minutes n'est qu'une mise en bouche, en attendant de pouvoir découvrir de nouveaux environnements, de nouvelles bêtes de papier, et de peut-être comprendre le fin de mot de cette histoire contemplative et dépourvue de texte ou d'indications formulées. Alors qu'Eric retire le PlayStation VR, la réalité se rappelle à votre serviteur : loin de cette oasis de quiétude où rien ne semble presser le joueur amateur de découverte et de contemplation, le salon reprend ses droits, et nous donne forcément envie de replonger le plus vite possible dans Paper Beast.

Il y a une part d'interprétation dans Paper Beast, certains éléments sont assez mystérieux, la dimension poétique prend ici tout son sens, on va trouver des assemblages qui vont dire bien plus de choses qu'un bout de texte.

ON L'ATTEND... AVEC SÉRÉNITÉ !
Encore bien mystérieuse et pourtant diablement enthousiasmante, la nouvelle expérience d'Eric Chahi nous aura mis l'eau à la bouche, grâce à son rythme posé, personnel, et par sa volonté d'expérimenter de nouvelles actions, sans pour l'instant y attacher de but ou de finalité. Quel sera le rôle joué par le big data ? Vers quoi nous dirigeons-nous ? La réponse n'arrivera qu'avec la sortie de Paper Beast, prévue pour le début de l'année 2020 sur PlayStation VR.


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