Vingt ans après les événements de The New Colossus, on retrouve Jess et Soph, les jumelles de B.J. Blazkowicz troisième du nom, passablement porté disparu au coeur de la ville lumière. Une fois passée la brève parenthèse scénarisée dans laquelle on découvre l'éducation à la dure des deux soeurs, nous voici propulsé des plaines désertiques du Texas aux immeubles haussmanniens de notre belle capitale. Soucieuses de retrouver le paternel manquant à l'appel, Jess et Soph se retrouvent vite au coeur de la Résistance parisienne à l'envahisseur nazillon.

Les filles de l'air

Après un échange à l'accent aussi maîtrisé que celui d'Yves Guillemot, les jumelles se voient évidemment confier une mission en vue d'obtenir de plus amples renseignements. Direction le zeppelin d'un haut-gradé dans lequel il vous faudra faire preuve d'un semblant de discrétion.Cette première mission intérieure destinée à illustrer la dimension coopérative du jeu de MachineGames joue à fond la carte de la dualité, puisque chaque embranchement se prête logiquement à un cassage de binôme propice au teamplay. Chacune des deux protagonistes possède en effet une paire de capacités propres, comme l'invisibilité temporaire ou le bluff défensif, et il ne faudra pas la jouer perso sous peine de vite rejoindre la liste des morts pour la patrie. Première surprise, les soldats ennemis affichent désormais un niveau à côté de leur barre de vie, une mécanique empruntée au jeu de rôle qui pourra potentiellement transformer chaise troufion lambda en odieux sac à PV. L'autre surprise, moins joyeuse, c'est l'aspect visuel du titre : souvent moyen, le jeu se permet parfois de prendre le sujet par-dessus la jambe, comme lors de ce survol de nuit où la ville de Paris semble en retard d'au moins deux générations.

Les couloirs du zeppelin se prêtant peu à la stratégie, les gunfights s'enchaînent sans temps mort, bien qu'il faille régulièrement échanger sa petite avec celle de l'adversaire pour ne pas manquer trop vite de munitions. C'est que les chargeurs se vident assez vite, au fur et à mesure que les niveaux grimpent. Heureusement, votre duo évolue sur ce point en parfaite symbiose, et les quelques moments de respiration permettront de dépenser ses points de capacités dans des améliorations permanentes qui dépendront avant tout de votre style de jeu. À première vue, l'infiltration ne semble pas franchement payante, et il valait mieux miser sur une amélioration de la jauge de points de vie ou une armure plus résistante pour ne pas perdre bêtement une des vies partagée par les frangines.

On sépare le binôme

Certaines caisses de matériel nécessitent d'ailleurs la présence du duo pour être déverrouillées, tout comme quelques portes faisant office de checkpoint, histoire de ne pas trop s'éloigner l'un de l'autre. En revanche, les pièces d'argent que vous pourrez ramasser ne seront comptabilisées que pour votre progression, obligeant l'autre moitié de votre binôme à refaire le même chemin pour pouvoir à son tour améliorer l'une de ses armes. Un point peut-être anecdotique, mais que l'on imagine potentiellement dommageable sur la totalité de l'aventure. Sans surprise, les interventions entre les deux jumelles ne font pas preuve d'une grande finesse, à l'instar de cette scène dans laquelle Soph tue son premier garde avant de copieusement rendre son déjeuner, pendant que sa soeur se roule par terre.

La seconde partie de cette démo spéciale E3 nous emmenait enfin visiter les rues de la capitale, entre façades fraîchement ravalées et croix gammées de rigueur. L'occasion était trop belle pour espérer profiter du partenariat noué avec Arkane Studios, dont chaque joueur de Dishonored louera sans doute les qualités en termes de level et narrative design. Bon, autant être honnête avec vous, la brièveté de cette séquence ne nous aura pas franchement permis de juger de sa pertinence, même si l'exploration semble bel et bien au rendez-vous. Les ruelles adjacentes et rez-de-chaussée accessibles sonnent comme autant d'approches différentes, même si la grande quantité d'ennemis lancés par vague risque de toutes façons de vous obligé in fine à vous jeter au coeur de la mêlée.

Je suis passé chez Soph

Et c'est justement lors de ces longs affrontements qui ne peuvent empêcher de rappeler un certain Bioshock Infinite que le teamplay prend tout son sens. Face à des hordes d'ennemis de plus en plus balèzes, il faudra exploiter les points faibles quitte à pour cela transformer Jess ou Soph en appât à la durée de vie incertaine. Le challenge était assurément présent, et la coordination tellement indispensable que l'on en vient à se demander si l'IA en solo ne risque pas de franchement compliquer la tâche. Attirer des ennemis solidement armés à travers des ruelles pour que votre co- équipier le prenne à revers, voilà qui s'annonce un brin compliqué tout seul. Heureusement, le Buddy Pass (uniquement disponible avec l'édition limitée à 80€, quelle vie) vous permettra sans doute de partager l'expérience avec un ami.

ON L'ATTEND... POUR LE CHALLENGE QU'IL PROPOSE !
Proposant un défi plus relevé qu'en 2017, Wolfenstein Youngblood s'annonce comme une expérience coopérative relativement intense. En proposant un level design adapté à l'exercice, MachineGames et Arkane nous proposent d'arpenter les rues de Paris en repoussant des vagues d'ennemis de plus en plus retors pour pousser au teamplay à tout prix. Si l'on attendra de pouvoir juger sur pièces de l'équilibre final, cette première prise en mains nous laisse espérer une formule enrichie, à la difficulté rehaussée, et qui promet quelques bons moments en ligne, ou en partageant un canapé.