Les joueurs/consommateurs ne se soucient pas des réalités du marché lorsqu'ils se procurent un jeu. Pour eux, seul le prix de vente compte. C'est pourquoi ils se tournent généralement vers les enseignes les moins chères et s'étonnent du prix "élevé" des jeux dématérialisés. Hugues Ouvrard, responsable de Xbox France, vient d'expliquer pourquoi les jeux consoles dématérialisés ne sont pas vendus moins cher que les jeux en boîte.
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Pour qui ne s'intéresse pas de près au fonctionnement de l'industrie du jeu vidéo, le constat est simple : un jeu dématérialisé n'engendre pas de frais de production de boîtes, de frais d'impression de jaquettes (et autrefois de notices), ni de frais de manutention/logistique. À l'achat, il paraît donc logique qu'il ne devrait pas coûter aussi cher qu'un jeu en boîte (même s'il n'y a plus grand chose dedans désormais).
Avec les tarifs de plus en plus agressifs pratiqués en matière de jeux vidéo par la grande distribution et les sites de vente en ligne, il est de plus en plus fréquent que les jeux en boîte soient sensiblement moins chers que les jeux que Microsoft et Sony vendent sur leurs stores numériques. Pour de nombreux joueurs consoles, cette situation n'est pas logique et constitue un frein au passage au dématérialisé. Y compris pour des joueurs qui n'accordent pas d'importance à l'objet et qui sont attirés par le côté pratique de l'obtention directe d'un jeu sans avoir à quitter son canapé.
Au cours d'une interview accordée à l'émission Xbox Fan du site JeuxVidéo.com, Hugues Ouvrard, le patron de la marque Xbox en France, a tenté d'expliquer le positionnement de Microsoft vis-à-vis de la tarification des jeux dématérialisés qu'il vend sur le Xbox Live :
Nous, on pense pour que... allez-y vous allez pouvoir troller, que le prix d'un jeu, compte-tenu de ce que l'on sait de l'économie du jeu vidéo, c'est pas 50 euros. Le bon prix d'un jeu vidéo aujourd'hui, pour que tout le monde gagne de l'argent, c'est-à-dire le studio, qu'il soit first-party ou pas, il faut qu'il soit autour de 60 et 70 euros.
Aujourd'hui, sur le marché, il y a des distributeurs... Pas Micromania, mais par exemple Carrefour ou la grande distribution qui utilise le jeu vidéo, non pas parce qu'ils aiment le jeu vidéo, mais parce qu'ils veulent faire du jeu vidéo un produit d'appel pour que les gens achètent des bouteilles de lait, de la viande, etc. C'est un produit d'appel. Et du coup, ils fracassent le prix, le plus bas possible, ils le vendent à perte... Et on peut vendre à perte en France, il suffit de réfléchir un peu comment on orchestre ça. Ils le vendent à perte et le résultat de ça, il y a une perte de valeur de manière générale pour le marché du jeu vidéo.
C'est simple, si demain... Je sais pas, je crois qu'un petit pain au chocolat ça coûte pas quinze centimes mais ça doit coûter un euro vingt. Si demain tu dis à tous les boulangers "bah non, un pain au chocolat ça va coûter que 60 centimes ou que 80 centimes, bah tu mets aussi en danger l'économie de la boulangerie en France. Je dis pas que l'économie du jeu vidéo est en danger, mais je dis que pour qu'elle fonctionne bien, pour que l'écosystème soit sain, il faut qu'on arrive à soutenir un prix qui soit relativement élevé. Et pour soutenir ce prix relativement élevé, on a choisi sur nos canaux de distribution, donc les canaux de distribution dématérialisés, de maintenir un prix qui soit assez haut.
Même si pratiquer des prix compétitifs permet de gagner des parts de marché, Hugues Ouvrard rappelle également que le jeu vidéo est un business. Et comme dans toute industrie, le but premier est de gagner de l'argent. Casser les prix à tout va, va à l'encontre de ce but et fini par avoir un impact sur les acteurs de l'industrie à tous les niveaux :
Moi, je travaille pour gagner de l'argent. J'ai des gens dans mes équipes qui gagnent de l'argent. Dans les studios, il y a des gens qui veulent gagner de l'argent. Tous ces gens ont des familles à nourrir. L'objectif c'est pas de vendre demain des jeux à 40€ pour faire plaisir aux gamers. Je suis désolé, je suis un peu direct, mais c'est une économie de marché. Donc il faut que tout le monde gagne de l'argent pour que ça continue à exister.
Et on a déjà connu des crises dans le jeu vidéo qui ont eu un impact terrible sur des développeurs. Et si demain il y a des gens qui gagnent moins d'argent, vous aurez des studios qui fermeront, nous aurons moins de jeux. Il faut avoir en tête... Je comprends, j'ai acheté beaucoup de jeux et j'en achète encore, je comprends que c'est cher, je comprends qu'il faut trouver une alternative entre 50 et 70 euros mais nous en tant qu'industriel on peut pas encourager la baisse des prix.
Dans notre enquête sur la situation des revendeurs de jeux indépendants, les pratiques de la grande distribution et des sites de vente en ligne étaient souvent pointés du doigt. Il est intéressant de voir qu'elles le sont également par Microsoft, même si les raisons sont légèrement différentes. Ces déclarations de Hugues Ouvrard ne satisferont certainement pas tous les joueurs. Elles ont cependant le mérite de faire fi de la langue de bois, technique de communication très usitée pourtant dans l'industrie du jeu vidéo.
[Source : XboxFan]