Après avoir déjà été menacée en 2012, Anita Sarkeesian, critique féministe canado-américaine, se retrouve encore sérieusement harcelée suite à la diffusion d'une de ses vidéos au point d'en avertir les autorités.
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Pour ceux qui ne la connaissent pas, Anita Sarkessian est à l'origine du blog Feminist Frequency, où elle livre un regard acerbe sur la place de la femme dans la pop culture, et décortique fréquemment dans des vidéos intitulées Tropes vs. Women in Video Games la place des personnages féminins dans notre divertissement préféré.
Intéressantes, instructives, ces interprétations argumentées, fourmillant d'exemples et dénonçant nombre de clichés et stéréotypes, se posent comme un point de vue plutôt subjectif mais jamais dénigrant. Cela amène néanmoins à la confrontation avec d'autres avis. Et, anonymat Internet aidant, à des débordements de la part de "joueurs" qui n'apprécient guère qu'on insinue une misogynie latente.
Depuis 2012, et le lancement de la campagne Kickstarter visant à financer cette série de vidéos, le harcèlement en ligne dont l'auteur a été victime est incessant, elle a pu en témoigner plusieurs fois sur son compte Twitter ou lors d'une conférence TED. Souvent ciblée par des tentatives d'intimidation qu'elle n'hésite pas à relayer et même punching-ball d'un jeu flash abominable, elle a, ce 27 août, réagi à une attaque plus inquiétante.
Appartement et famille visés
Suite à la diffusion en début de semaine de la vidéo ci-dessus, deuxième partie de son analyse sur les femmes comme simples décorations, ses "détracteurs" ont, et c'était prévisible, décidé de retourner au front. Mails et tweets insultants ont encore fusé. A la différence que, cette fois, les menaces de viol et de mort perpétrées par un des usagers du réseau social à l'oiseau bleu, un probable fake nommé Kevin Dobson, ont été accompagnées de son adresse.
I usually don't share the really scary stuff. But it's important for folks to know how bad it gets [TRIGGER WARNING] pic.twitter.com/u6b3i0fysI
- Feminist Frequency (@femfreq) 27 Août 2014
Je n'ai pas l'habitude de partager les trucs vraiment flippants. Mais il est important que l'on sache jusqu'où ça va.
Son lieu de vie et sa famille désignés, la militante a réagi promptement.
I'm safe. Authorities have been notified. Staying with friends tonight. I'm not giving up. But this harassment of women in tech must stop!
- Feminist Frequency (@femfreq) 27 Août 2014
Je suis en sécurité. Les autorités ont été prévenues. Je passe la nuit avec des amis. Je n'abandonne pas. Mais le harcèlement subit par les femmes dans le high-tech doit cesser !
Soutenue publiquement par Tim Schafer (Double Fine), le cinéaste Joss Whedon ou encore Neil Druckman (Naughty Dog), la jeune femme voit son travail, tout à fait respectable, devenir le prétexte pour des personnes inqualifiables d'aller trop loin, beaucoup trop loin.
Une semaine après le début de la tempête médiatique autour de Zoe Quinn dont nous vous parlions sur Gameblog, cela mène, une fois encore, à s'interroger sur le fait de passer incognito sur Internet. Sans parler du sexisme primaire dégoulinant sur le net... et en l'occurrence dans notre milieu. Reste que dans la "vraie vie", ce genre de faits graves est puni par la loi.
J'en profite, au passage, pour vous mener vers le très bon documentaire de Rokhaya Diallo et Mélanie Gallard, intitulé Les Réseaux de la haine. Plutôt instructif concernant le profil de certains "trolls" - qualificatif un peu fourre-tout mais pas employé justement dans certains cas extrêmes.
[Via The Verge]