IMPRESSIONS. Le regard porté vers les étoiles, voilà plus d'un an que Bungie a commencé à faire parler de l'après Halo. Nouveau projet titanesque, dont l'idée a commencé à germer dès 2002, Destiny s'annonce riche au point d'être complexe à définir. Si les promesses se révèlaient alléchantes, il était temps que les mots s'estompent pour laisser place au jeu. Pour en savoir plus, je me suis ainsi rendu à Seattle afin de mettre, enfin, les mains sur le jeu dans sa version PS4. Premières sensations cosmiques...
Au-dessus de la porte d'entrée des studios trône un large blason (une main enserrant des éclairs) et une devise en latin. "Non facete nobis calcitrare vestrum perinæum" qui pourrait se traduire par un sympathique : "Ne nous obligez pas à vous botter le cul", le ton est immédiatement donné. Bienvenue chez Bungie !
Imposants couloirs, lumières tamisées et récompenses aux murs... à l'aise dans leurs nouveaux locaux nés de l'improbable réunion d'un ancien cinéma et d'une salle de bowling, l'équipe s'affaire. A quelques mois de la sortie de Destiny (le 9 septembre 2014), l'heure est en effet venue de peaufiner l'expérience, et de débugger l'ensemble. Lors de notre passage, c'est plus de 500 personnes (dont 2 français) qui s'affairaient dans la ruche du quartier chic de Bellevue...
En près de 25 ans d'existence, la fondation de Bungie datant de 1991, le studio a connu une ascension fulgurante. Mais de l'ombre à la lumière, de la croûte terrestre aux étoiles ludiques, le déclic se produisit évidemment en 2001 avec la naissance de Halo. Un grand jeu et phénomène mondial qui projeta le développeur américain au firmament. Depuis, Bungie n'a plus retouché terre et reste la tête dans le cosmos. Ainsi, lorsqu'on apprend que Destiny, leur nouveau projet, ambitionne de proposer une constellation de jeux pour les 10 prochaines années... forcément, on lève les yeux au ciel avec autant de questions, que d'excitation. Après quelques mois de flou, l'heure des premières réponses a sonné. Il était temps.
Raconte-moi une histoire...
Il fut un temps où l'humanité était si prospère, où les développements spirituels et technologiques atteignaient de tels sommets, que les hommes baptisèrent cet ère, l'Âge d'Or. Grâce au Voyageur, étonnante entité céleste dont nul ne sait d'où elle vient et pourquoi elle est apparue, planète après planète, de Mars à Vénus, en passant par la Terre et son satellite lunaire, nous repoussions les limites de notre conquête... puis vint l'heure de l'obscurité. Sous les assauts de tribus extraterrestres, tout s'effondra. La destruction fut foudroyante, quasi totale. La nuit recouvrit la vie.
Rares furent ceux à avoir survécu, mais sous l'ombre protectrice du Voyageur flottant au-dessus de la Terre, la dernière Cité des hommes tente aujourd'hui de se reconstruire et de se projeter vers un nouvel Âge d'Or. Mais pour l'atteindre, les combats s'apprêtent de nouveau à rugir. Les Gardiens ont été formés pour redonner un espoir à l'Humanité, pour récolter les vestiges de notre passé. Vous êtes l'un de ses héros prêts à forger la légende du Monde libre...
Deux heures sur Terre
Les promesses sont une chose, la réalité parfois une autre et j'avoue que jusqu'à présent j'avais du mal à cerner ce Destiny à la fois FPS, pas vraiment MMO, mais quand même multijoueur. Il me tardait ainsi de pouvoir poser les mains sur une manette pour mieux comprendre le jeu à proprement parler. Si ce premier aperçu n'aura pas encore permis de répondre à toutes mes interrogations (qu'il me tarde par exemple de librement visiter ce monde ouvert et non une zone spécifique), il apparaît clairement que le projet se dirige dans la bonne direction. Accessible, nerveux, vaste, ambitieux... Destiny souhaite proposer un terrain de jeu de science-fiction riche, varié et fun. C'est effectivement ce que j'ai vu.
Après une présentation des différents éléments constitutifs du jeu, me voici dans une salle dédiée aux tests. La presse est alors répartie par petits groupes de 3, chacun contenant un membre de l'équipe Bungie qui nous servira de guide lors de nos premiers pas, avec une pré-Alpha tournant sur un kit de développement PS4.
Face à moi l'écran de menu. Tout commence par la sélection de sa Classe de personnage : Arcaniste, Chasseur ou Titan, chacun disposant évidemment de spécificités sur lesquels je reviendrai plus tard. Nous constituons une équipe de 3 joueurs en mode Fireteam (certains autres modes permettront de jouer à 6, voire 9 joueurs), nos vaisseaux (non-jouables) se regroupent et nous voilà partis vers une zone située en Ancienne Russie sur notre bonne vieille Terre. Nous sommes en 2700...
Au sol, de la neige, des architectures éventrées. Les lieux semblent vastes et dévoilent des éléments variés. La direction artistique impressionne par son gigantisme et son élégance. Les artistes ont souhaité donné vie à un univers cohérent, comme me le précise Jesse von Dijk, lead concept artist :
On se posait aussi la question de savoir comment le monde réel impacte nos décisions. Il nous fallait des rudiments de réalisme.
Nous ne souhaitions pas concevoir des vaisseaux qui ne pourraient jamais décoller dans la réalité... mais une fois de plus c'est une question d'équilibre. Les contraintes entre fantasy et crédibilité sont importantes, mais il ne faut pas que le carcan soit trop serré.
Au final, nous avons réalisé plus de 10.000 artworks pour façonner notre vision du monde de Destiny. Tout y est passé, les décors, les équipements, les super-structures, les personnages...
A l'écran, les environnements se révèlent vastes, affichant une topographie accidentée et une succession de zones extérieures et intérieures. La variété des lieux constitue d'ailleurs un point important tant la duplication ne semble pas de la partie. Ainsi, dans la section que j'ai pu sillonner à trois reprises (avec une Classe différente pour chaque nouveau run), il était plaisant d'alterner sans le moindre chargement visible entre une succession d'extérieurs destructurés, et d'intérieurs donnant l'impression de s'enfoncer dans des donjons sombres et lugubres. Ambiance.
A l'image de ce qui, à mon sens, faisait la magie de la série Halo, Destiny n'hésite pas à casser son rythme, oscillant entre de calmes phases d'exploration, voire de contemplation, et frénésie d'assauts avec de nombreuses vagues d'ennemis (certains combats dans des sortes d'arènes naturelles pouvaient durer près de 10 minutes).
Si vous succombiez aux assauts ennemis, il vous sera possible de revenir en combat au bout de 40 secondes... ou bien d'être réanimé par l'un de vos équipiers. A noter qu'en cas de défaite collégiale, les check-points ne sont pas réellement espacés (chaque entrée de zone ou de vagues ennemies) afin de fluidifier l'action. L'accessibilité reste d'ailleurs l'une des bonnes surprises de cette première prise en main. L'héritage d'Halo est évident et à ce niveau l'équilibrage général (bien qu'encore non définitif) se montre déjà robuste. Tyson Green, Investment Lead me précise les choses :
A l'E3, nous montrerons plus d'éléments concernant le PvP. D'ici là il nous reste encore beaucoup de travail pour bien régler le jeu. D'ailleurs cela ne signifie pas que tout doit être équilibré... juste faire en sorte que chacun ne finisse pas par toujours faire la même chose.
C'est crucial pour nous de créer des dynamiques dans le jeu. Je crois que le caractère unique de Destiny réside dans notre volonté de mêler un jeu d'action, un FPS, dans un univers partagé et social.
Même si vous pouvez plonger dans l'aventure seul, nous avons créé les outils pour que les joueurs puissent se retrouver et avancer ensemble.
Pour vous sortir de situations périlleuses et aider vos équipiers, vous disposerez d'une attaque d'ampleur spécifique à chaque Classe de personnage. Son nom ? Le Spécial. Simple et efficace. Ainsi les Arcanistes bénéficieront d'une violente et soudaine attaque de mêlée, les Chasseurs accéderont à quelques tirs foudroyants, tandis que les Titans pourront déclencher une franche déflagration balayant les adversaires proches, tout en créant une bulle de protection temporaire.
Dernière ligne droite
Encore en pré-Alpha, la version PS4 que j'ai pu essayer souffrait de quelques chutes de frame-rate. Rien d'inquiétant à ce stade du développement. Cela étant, si la partie technique se révèle soignée, elle ne m'aura pas pour autant estomaquée pour le moment (la faute à un titre cross-generation ?). Ce n'est pas le cas en revanche de la direction artistique qui impose quant à elle indéniablement son style assuré et raffiné. Définitivement somptueux, l'univers vous happe en un instant grâce à une étonnante profondeur de champ, des effets de lumières duveteux et des lieux dans lesquels on sent le poids d'un lourd passé.
Autre point notable : Destiny n'est pas un MMO, même si vous partagerez un univers commun avec d'autres joueurs qu'il vous sera possible de rejoindre pour des missions spécifiques. Destiny est avant tout un jeu d'action vu à la première personne, où les affrontements et l'exploration se combinent pour donner un titre à la saveur assez unique, résolument ambitieux. Au fil d'une discussion, un développeur me confesse...
Récemment, j'étais en pleine partie avant de réaliser que j'étais totalement perdu. Je ne savais plus où j'étais et je me suis retrouvé face à des ennemis extrêmement puissants. Je n'avais rien à faire là. C'est grisant de se dire qu'on peut encore se perdre dans un jeu sur lequel je travaille depuis près de 3 ans.
D'autant plus intéressant que lors des parties auxquelles j'ai participé, j'ai constaté que par touches subtiles les sensations de découverte se renouvelaient. A noter aussi que le cycle jour/nuit apporte un plus en termes d'immersion et de plaisir dans la rejouabilité tant certaines zones disposent d'une ambiance assez différente en fonction de l'heure à laquelle vous les visitez. Le jeu d'éclairage plutôt subtil jouant évidemment pleinement son rôle ici.
L'ADN Bungie
Dès les premières minutes de jeu, la patte Bungie est immédiatement décelable. On retrouve une accessibilité dans la prise en main, la régénération automatique qui avait fait ses grands débuts dans Halo, une ambiance générale extrêmement soignée (mention spéciale pour les musiques rock-symphoniques entre autres, composées par Martin O'Donnell malgré son départ précipité, même si nous n'avons pas pu en savoir plus sur place), certains attitudes et sons chez les ennemis rappelant le style inoubliable de la précédente licence majeure du développeur.
Pour renforcer l'aspect RPG, un système de personnalisation de votre héros et équipement a été pensé. Absolument tout se révèle ainsi personnalisable, qu'il s'agisse de choix purement décoratifs, ou bien d'amélioration de capacités. Autre élément en provenance du jeu de rôle : chaque ennemi rencontré affichera en combat sa Classe de personnage, son niveau, ainsi que sa jauge de vie.
Vous disposerez de trois types d'armes (primaire, spéciale et lourde) accessibles à tout moment... tant que vous aurez des munitions. Pour faciliter vos déplacements, en passant par le Nav Mode d'une pression sur la zone tactile, vous aurez accès à votre module assistant nommé Ghost. Ce dernier vous permettra d'activer certains éléments, pourra vous ramener au hub principal ou bien fera apparaître sur demande un véhicule pour sillonner les lieux rapidement. Attention cependant, une fois sur votre monture, vous ne pourrez plus utiliser d'armes...
Si ce premier contact manette en main fut excitant, il nous reste encore de nombreuses questions restées sans réponses précises. Quel est réellement la taille de ce monde ouvert ? Quel équilibre s'établira entre la campagne solo et les missions multijoueur ? La coopération fonctionnera-t-elle à merveille entre les joueurs ? Les vaisseaux spatiaux pourraient-ils finalement être jouables ? Premier bon signe, si nous attendons aussi impatiemment les réponses, c'est bien que Destiny a su nous happer pour s'installer directement parmi les principaux titres à suivre en cette fin d'année 2014.
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AVEC DU GAMEPLAY INEDIT
ON L'ATTEND... BEAUCOUP !
Si Destiny a encore beaucoup à montrer pour que nous puissions réellement en cerner toutes les frontières, les avoir approchées manette en main m'aura définitivement séduit. Ambitieux, tout en restant accessible, élégant et puissant, ce voyage intersidéral affiche clairement de sérieux arguments pour séduire les amateurs d'action et de science-fiction.
Il reste cependant encore du travail pour affiner la vision et en expliquer les contours définitifs. Un projet titanesque qui devrait au final comprendre une galaxie de jeux et occuper les équipes de Bungie pour les 10 prochaines années... si les joueurs suivent. Début de réponse avec la Bêta dès cet été, et bien plus d'informations lors de l'E3 2014, en juin prochain à Los Angeles où nous devrions découvrir le PvP...