Il n'y a vraiment qu'en Allemagne qu'on peut développer un RPG tactique tour par tour sans faire appel à Kickstarter. Et puisqu'il s'agit d'une production Daedalic, l'univers de l'Oeil Noir, Drakensang en version originale, vous offre son aspect le plus sombre avec Blackguards. Et attention, il n'y a pas que le background qui soit tordu dans ce jeu !
Un jour on est un élève Mage de premier ordre, proche de la noblesse, et le lendemain, on croupit dans une prison pour le meurtre de sa propre amie, fille de Duc. La vie est ainsi faite. Évadé avec deux personnages hors du commun, un nain obnubilé par un dragon dont on n'est peu sûr qu'il existe et un Mage coureur de jupons, vous allez devoir fuir vers le sud anarchique du continent, où il est possible que vous trouviez des réponses à votre mésaventure. Au fur à mesure de votre progression, vous rencontrerez quelques compagnons de plus, comme cette elfe accro à l'herbe de songe...
Des grosses fourchettes
Vous l'aurez compris, Blackguards, c'est du RPG un peu bête et méchant, avec une galerie de personnages atypiques. Trois chapitres sont déjà disponibles en accès anticipé sur Steam, une façon de vendre le jeu épisodiquement tout en le bêta-testant. Le jeu complet sort officiellement le 24 janvier qui vient, ces impressions vous donneront donc une bonne idée de ce qui vous attend, mais le test viendra un peu après pour confirmer tout cela, si vous n'êtes pas certain.
Encore faut-il finir ce titre... L'aspect exploration est très réduit dans Blackguard, avec peu de quêtes secondaires et de liberté de mouvement. On a donc affaire à une série de combats tactique au tour par tour, avec une gestion d'inventaire plutôt sérieuse entre deux pugilats et une progression de personnage assez sympathique (pas de niveau, mais des points d'expérience à dépenser dans un large panel d'attributs, de sorts, de compétences, de talents...)
Par des sadiques, pour des masos
Très scénarisé, chaque combat offre un challenge à votre mesure : pièges à gogo, éléments interactifs à utiliser au mieux à son avantage, temps limités pour certains objectifs, défense d'une position pendant un nombre de tours fixe, séries de combats sans pouvoir se reposer, etc. Les mécaniques d'initiative, de toucher/parade/esquive, de magie et compagnie sont classiques, et fidèles au jeu de rôle Drakensang. Sans être très sexy, le tout est efficace, mais il faut accepter les risques de pourcentage assez faible de réussite sur certaines actions, et surtout des amplitudes de dégâts assez grandes, liées aux divers jets de dés. 8 - 18 points, c'est quand meme une fourchette difficile à maîtriser. C'est souvent pour cela qu'on joue un peu gagne petit, pour plus de sécurité. Au moins, le bourrinage ne fait pas tout, loin de là.
On peut toujours profiter d'une IA assez réduite pour prendre le dessus dans certaines occasions, mais Blackguards compense cela avec des ennemis en supériorité numérique. Il n'est pas rare de recommencer un affrontement à cause d'un coup de malchance, mais on s'y fait. Au moins, quand on termine un combat ardu, on se sent vraiment balèze !
La perversité de Blackguards n'a cependant pas de limite : si vous aviez trouvé un combat difficile, le suivant sera pire, et ainsi de suite, jusqu'à parfois désespérer. On se demande aussi si une mauvaise gestion des personnages, avec des choix de développement bancals, pourraient vous bloquer totalement. En persévérant, on parvient à progresser, mais n'imaginez pas souffler un instant. Avec une telle direction, nul doute que Blackguards sera à réserver aux fans du genre, ceux qui veulent enchaîner les défis, avec un scénario pour l'instant pas très intéressant et une écriture qui ne profite pas assez de la folie des personnages. On confirme tout cela pour le test... Si j'arrive à terminer Blackguards.