La Corée du Sud attire à ce jour bien des regards. Et si on s'imagine la culture du pays comme focalisée sur le dur labeur (entre autres) celle-ci possède bien des atouts dans les domaines du loisir. On pense par exemple à Hollywood qui s'arrachait dernièrement les Park Chan-wook (Sympathy for Mr. Vengeance, Lady Vengeance, Oldboy ou encore JSA) et autres Bong Joon-ho (Barking Dogs, Memories of Murder, The Host...), mais on pense aussi à l'importance octroyée aux joueurs professionnels.
Le pays du matin calme, comme certains le surnomment, apparaît pour nombre d'entre nous comme un Eldorado dédié aux joueurs professionnels, mais ce serait être bien candide que de s'arrêter à cette simple constatation.
Ainsi, si le plus puissant des quatre Dragons Asiatiques demeure LE modèle à suivre en matière de promotion de l'e-sport, tout n'y est pas tout rose. Certes, les démarches entreprises par les politiciens envers le "sport électronique" résonnent encore comme de louables intentions, et il serait bon dans un premier temps de revenir sur ces dernières... En mémoire du bon vieux temps ?
Les échos d'un bel avenir, du moins en Corée du Sud, résonnent toujours dans les chapelles de l'e-sport. On se rappelle d'ailleurs la création de la KeSPA (Korean e-Sports Association) organisme qui gère l'e-sport en Corée du Sud. Les joueurs de la KeSPA s'affrontent en équipes au sein de la Proleague, grand championnat dont les matches se déroulent régulièrement semaine après semaine, à l'image des sports les plus populaires. On connaît ainsi la KeSPA pour avoir démocratisé l'e-sport sur StarCraft Brood War dans un premier temps, puis avoir adapté ces pratiques sur des jeux tels que Starcraft II : Heart of the Swarm ou encore League of Legends.
Mais l'heure ne semble plus être aux glorieux exploits des joueurs et de leurs équipes érigés au rang de légendes par la KeSPA.
En effet le gouvernement actuel cherche à endiguer drastiquement le phénomène de l'e-sport et ce via différents projets de lois. L'an dernier déjà la Shutdown Law faisait son apparition en Corée du Sud, celle-ci contraignait les plus jeunes joueurs à ne pouvoir s'adonner aux joies du jeu vidéo qu'à des heures précises de la journée, réduisant considérablement le temps de jeu des joueurs en herbe. Mais ces lois ne sauraient concerner que la jeunesse.
Le ministre de la santé coréen, le printemps dernier, exprimait ainsi son désir de créer une loi sur la régulation du jeu vidéo au même titre que celles qui concernent l'alcool et autres drogues. Les joueurs malades seraient ainsi considérés comme aliénés...
Une demande réitérée par Hwang Woo-yea, politicien membre du partie Saenuri (parti conservateur du pays), qui déclare :
Selon le ministère du Bien-être, il y a quatre catégories majeures d'addictions nécessitant un traitement médical : l'alcool pour 2, 18 millions de personnes, 470 000 joueurs en réseau, 590 000 joueurs de casinos et autre jeux de hasard et 90 000 toxicomanes. La somme de ces données représente 6,7% de la population coréenne, ce qui cumulé nous donne 3,33 millions de personnes. Ce pays doit être protégé contre ces quatre addictions majeures. Nous devons comprendre la souffrance individuelle et celle des familles victimes de l'alcool, de la drogue, du jeu et d'internet afin de les soigner. Ceci nous permettrait de vivre dans un environnement plus sain et nous pourrions protéger notre société des démons.
[propos relayés par ThisIsGame - traduits par Millenium]
Une catégorisation du jeu qui effraie, car si les lobbys du jeu vidéo restent puissants (rappelons que le marché du portable et des jeux qu'on y trouve reste un business privilégié en Corée du Sud) il est nécessaire de souligner que l'actuelle présidente de la Corée du Sud est elle aussi membre du parti Saenuri et que cela serait suffisant pour passer outre ces "groupes de pression".
Si les propos de ces politiques semblent démesurés face à un phénomène qui leur échappe, il est toutefois bon de rappeler que ce n'est pas le cas de tous les politiciens, on se souvient ainsi de Jun Byung-hun, président de la KeSPA, revêtant l'attirail d'un des personnages de League of Legends (Gragas).
Le cœur du phénomène de l'e-sport qu'est la Corée du Sud semble donc rencontrer divers détracteurs, certes plus significatifs qu'un simple pavé dans la mare, mais il ne faudrait pour autant pas y voir le déclin d'une pratique désormais internationale.
La profession attire, outre les foudres des politiciens, d'innombrables regards d'adorateurs ou d'envieux et ces derniers lui promettent encore de belles années.