Yoshinori Ono était le producteur de la saga Street Fighter, redémarrée grâce à lui via le quatrième volet en 2008. Mais comme vous le savez sans doute, l'homme voyageait partout dans le monde pour faire la promotion de ses jeux (Super Street Fighter IV, Street Fighter X Tekken) ces dernières années. Surmené, comme nous l'avait souligné son traducteur lors de notre dernière rencontre (Reportage : notre journée exclusive avec Ono (Street Fighter X Tekken), il a été hospitalisé en mars dernier (Yoshinori Ono (Street Fighter) hospitalisé d'urgence). Depuis, le japonais est sorti et a repris le travail chez Capcom, sans pour autant récupérer les rênes de Street Fighter puisqu'un nouveau producteur, Tamoaki Ayano, en a désormais la charge.
Quelques semaines après l'incident, un journaliste d'Eurogamer a pu rencontrer Yoshinori Ono et n'a pas hésité à lui poser plusieurs questions sur son surmenage. L'ancien producteur raconte alors ce qui lui est arrivé un lundi du mois de Mars dernier.
Je me suis levé et j'ai marché jusqu'à ma salle de bain. Lorsque j'ai ouvert la porte la pièce était anormalement chaude et humide. Plus étrange : le niveau de vapeur d'eau montait. Il y en avait de plus en plus et je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Et puis j'ai eu le sentiment de suffoquer. Lorsque la vapeur a atteint le niveau de ma tête, je me suis évanoui d'un coup et effondré sur le carrelage.
Sa femme l'a alors fait transporter à l'hospital et le médecin a ensuite expliqué à Ono que son sang avait le taux d'acidité de quelqu'un qui venait de courir un marathon. Mais le japonais ne semble pas pour autant avoir perdu son humour puisqu'il ironise ainsi :
Ma barre de santé était tombée à zéro.
Une preuve qu'il a retrouvé son humour sans pour autant oublier de passer une petit message à sa façon à ses patrons via son interlocuteur.
Capcom n'autorise pas la formation de syndicats ou de n'importe quel regroupement de travailleurs. (...) Donc si je me plains, je serai probablement fustigé. Vous devez donc le dire pour moi, OK ? Je veux que vous écriviez ceci : Capcom a donné trop de travail à Ono. Faites-en votre titre.
Pas forcément satisfait lors de son retour au travail après une semaine d'hospitalisation le développeur surenchérit :
Il n'y a pas de pitié. Tout le monde dans la société me dit : Mr Ono, nous avons été inquiets pour vous. Puis on me tend un planning bourré de travaux à accomplir.
Ono revient ensuite sur ses débuts chez Capcom et rajoute à l'encontre de son employeur quelques petites phrases assassines :
Après mon accident, je pensais à l'hôpital : il y a tant de gens chez Capcom qui, au fil des années, ont disparu au fur et à mesure. Soudainement, dans ce lit je réalisais ce qui leur était arrivé... Le jour suivant la fin d'un projet alors que le jeu était sur le point de sortir il y a dix bureaux vides et je ne revois jamais leurs occupants.
D'après l'auteur de cet article conséquent, Ono semble parfaitement savoir ce qu'il fait en critiquant ainsi son entreprise. Et nous savons tous que l'homme a déjà convaincu ses employeurs à de nombreuses reprises, et notamment à propos de licences qui ne valaient à priori plus un clou d'après les dirigeants et qui finalement ont su renaitre de leurs cendres. On pense évidemment à Street Fighter.
Alors lorsqu'il envoie des piques aussi violentes (surtout pour un japonais), il y a forcément une raison qui va plus loin que la simple envie de satisfaire une colère... Comptez sur nous pour en savoir plus sur ce que nous prépare Yoshinori Ono, tant en ce qui concerne ses prochains travaux vidéoludiques que ses futures frasques, rigolotes ou non.