Même si leurs jeux sont très différents, de même que leur attitude ou leurs profils, Jenova Chen et David Cage sont probablement plus proches dans leurs travaux respectif qu'on ne saurait l'admettre. C'est pourtant Jenova Chen lui-même qui le dit, dans une excellente interview d'Olivier Séguret du designer de Journey et Flower, parue sur écrans.fr.
[Journey] est un jeu qui exalte la beauté, la lumière, la vie... Et qui parle aussi de la mort. Son premier objectif est de vous reconnecter avec des émotions qui manquent de plus en plus dans le monde courant. De ce point de vue, je me sens, par exemple, très proche d'un David Cage. Lui aussi cherche d'abord à provoquer des émotions plutôt que du « thrill » [du frisson] ou de la fantasy. Nous avons la même philosophie vis-à-vis de notre métier. Je suis tout à fait d'accord avec lui sur le besoin, pour notre industrie, de créer des jeux adultes. Regardons-nous ! Nous sommes adultes ! Nous avons des jobs, du pouvoir d'achat, des loisirs choisis en connaissance de cause... Pourquoi n'aurions-nous pas des jeux qui nous soient destinés ? Offrir du plaisir, du défoulement, c'est très bien, mais ça ne peut suffire.
L'élaboration de jeux s'attardant sur des émotions pour l'instant peu représentées est une chose, mais au-delà de ça, Journey propose aussi une expérience multijoueur d'un nouveau genre. Sur ce sujet, Chen se montre encore une fois très clair :
Le principe général des mécaniques de jeu consiste à vous rendre toujours plus puissant. Je pense que ce sentiment de surpuissance accentue encore la déshumanisation du joueur. Nous, nous voulons faire des jeux avec un mode online où l'on ne puisse pas croiser de parfaits trous du cul, qui vous insultent ou vous massacrent.
Une vision du jeu vidéo mature qui n'a pas grand chose à voir avec le 18+ du PEGI et ce que beaucoup considèrent comme mature simplement parce que c'est sanglant...