Le soleil est au zénith. La température monte doucement. Rome s'abandonne délicieusement dans le printemps. C'est dans ce cadre résolument paradisiaque que Capcom a décidé d'en montrer plus sur le ténébreux Resident Evil 6. Trois héros pour trois histoires, et dans l'obscurité, un seul virus pour les lier. Les leçons du passé ont-elles été tirées ? Les zombies ont-ils retrouvé leur âme ? Début d'autopsie d'un épisode résolument vivant... et différent.
Resident Evil 6 a eu peur. Probablement effrayé par l'avalanche de titres d'envergure prévus pour la mi-novembre, Capcom commence par une nouvelle d'importance : RE 6 voit sa date de sortie initiale avancée de près de 2 mois, pour se poser définitivement au 2 octobre 2012. Une nouvelle date pour un nouveau départ. Car les propos de Hiroyuki Kobayashi, producteur, résonnent clairement : "nous souhaitons aller au-delà du survival/horror afin de proposer une expérience que nous aimons qualifier de Dramatic Horror". Le glorieux héritage du passé ne sera pas pour autant balayé. Pas intégralement du moins. L'ambition repose ici sur un trio de héros, chacun disposant de son histoire propre, proposée séparément... même si de nombreux ponts s'établiront entre les différents scénarii. Une mécanique dans la veine de Resident Evil 2 oserait demander le fan ? Comme un début de réponse, la jeune Sherry Birkin (présente dans RE 2) se retrouve embarquée dans un conflit désormais globalisé, dévorant les hommes des Etats-Unis, à la Chine.
3 x 2 = 6
Dès le début, vous aurez donc à choisir votre histoire. Celle de Leon S. Kennedy vous entraînera ainsi à Toal Oaks, petite bourgade américaine rappelant innocemment la mythique Raccoon City. Là, pour donner un discours et prôner une tolérance zéro envers les armes biologiques, notre homme s'apprête à subir un cauchemar qui ne cesse de se répéter pour lui. Attaque terroriste. Nouveau virus (le C-Virus) répandu. Apocalypse de chair et de sang. Vous voici donc obligé d'abattre d'emblée le président des Etats-Unis, un ami (sic). A vos côtés, Héléna Harper, proche des secrets gouvernementaux. Elle ne se contente pas de savoir quelque chose. Elle le lâche dans un souffle "c'est de ma faute". Dès lors, le duo se forme. Le jeu vient de débuter quelques minutes auparavant. Nous sommes le 29 juin 2013 et plus rien ne sera comme avant.
De son côté le périple de Chris a débuté 6 mois au préalable. En charge de la BSAA, l'homme vient de traverser une lourde épreuve. Physique, mais surtout mentale. Une situation, encore inconnue, vient d'affecter viscéralement sa vie. Ses perspectives ont changé. Piers Nivans, son partenaire et sniper d'élite de la BSAA, partage son fardeau. Quelque chose les ronge de l'intérieur. Nous ne sommes pas encore à Lanshiang, en Chine, que déjà la tension monte. Là-bas, le C-Virus a commencé son œuvre. Une femme mystérieuse semble manipuler les hommes afin de façonner l'histoire, son histoire. Quelles sont ses motivations ? Ses réseaux ? Patience...
Pour refermer ce trio héroïque, Jake Muller est un mercenaire. Une tête brûlée. Un misanthrope. Brutal. Froid. Implacable. Sensible a une seule cause : l'odeur des dollars. Tout semble ainsi le séparer de Sherry Birkin, fillette de Resident Evil 2 ayant joliment grandie, avec laquelle il va devoir faire équipe. Car Jake possède un lourd secret. Cet argent qu'il aime tant amasser, il le cherche pour sa mère malade. Il n'a pas connu son père. Ce dernier l'ayant abandonné à la naissance. Il ne connaît que son nom : Albert Wesker ! Les voici donc Jake et Sherry, deux enfants d'Umbrella, deux victimes de la folie des hommes.
Plongeon manette en main
Pendant plus d'une heure, nous avons eu droit à une présentation du scénario de Leon S. Kennedy. L'occasion de se faire un avis plus précis sur le chapitre visiblement le plus "roots" des 3 proposés. Sachez pour commencer que la version tournait ici sur Xbox 360 et présentait encore quelques effets de tiring qu'on espère gommés en octobre prochain. Pour le reste, les clins d'oeil aux fans abondent. L'ambiance est pesante, les lumières rares. L'orage rugit à l'extérieur et dès lors que Chris et Hélèna pénètrent dans une large salle de cérémonie désertée, difficile de ne pas y voir un hommage à l'un des premiers prototypes de Resident Evil 4. Balayés par le vent, les rideaux dansent. La pluie pénètre par intermittence. Les pas résonnent et seule une petite lampe placée sur la tempe de Leon permet de se frayer un chemin dans l'obscurité. Réjouissons-nous, dans cette séquence Capcom semble faire s'évaporer les errements écrasés de lumière d'un cinquième opus de triste mémoire. Pour autant, nous sommes en 2012, et il paraît désormais difficile d'éviter des indications sur la direction à suivre, sur la porte à ouvrir (indiquée via un décompte de mètres à parcourir jusqu'à l'objectif). Espérons pour l'ambiance que cela soit désactivable. Pour le reste, le duo ne cesse de parler. De commenter, de tourner la tête, de poser la main sur une rambarde d'escalier. Au loin, une musique lancinante. Soudainement, un chandelier s'effondre avec fracas. Une jeune fille à retrouver. Retrouvailles avec son père. Agonie programmée. Un ascenseur. Une toux. Un râle. La lumière s'éteint brutalement. It's zombie-time ! Alors oui, la ficelle est grosse comme les avant-bras de Maïté et la peur finalement assez fugace, mais la série assume désormais avec efficacité son statut de jeu d'action... à caractère horrifique. Pour preuve ses contrôles ont été totalement revus. Bien évidemment, il est désormais possible de tirer en marchant, mais ce sera aussi le cas... en sautant au sol. Et quelle générosité dans la distribution de coups de pieds rotatifs. Autre petite nouveauté, vous pourrez vous servir des armes portées par les zombies (dans la main ou sur le corps) afin de les retourner contre eux ! Efficace, comme un pic à glace.
Petit clin d'œil pour les fans, les sauvegardes visiblement automatiques, s'accompagnent discrètement d'un petit logo de machine à écrire. Au loin, des milliers de zombies mugissent...
L'heure de la rédemption ?
Pour conclure, on notera que les parties en co-op ne requièrent désormais aucune préparation puisque vous pourrez entrer et sortir du jeu à tout moment. Et ce, même lors des parties en ligne. Enfin, le mode The Mercenaries fera son habituel retour se rendant disponible d'entrée de jeu. Alors oui, il nous reste encore tant à savoir sur ce Resident Evil 6. Quid de la férocité des J'avo, cette nouvelle aberration de la nature pouvant se régénérer, utiliser des armes et muter spécifiquement en fonction de l'endroit précis du corps où vous l'attaquer ? L'intensité de l'action se fera-t-elle au détriment de la qualité de l'atmosphère ? Quels seront les liens concrets unissant les 3 scénarii ? Des actions dans un chapitre auront-elles des répercussions sur les autres ? La volonté de ne jamais laisser respirer le joueur donnera-t-il naissance à un titre trop pressé ? S'agira-t-il de l'épisode du renouveau ou de la finale dégringolade d'une série emblématique d'un certain âge d'or du jeu vidéo ?
S'il paraît encore trop tôt pour porter un jugement définitif, la reprise en main des équipes de Hiroyuki Kobayashi semble prometteuse. Oui, Resident Evil 6 est aujourd'hui bien plus vivant... que mort !
Prochain rendez-vous avec la bête, l'E3 2012 en juin...