C’est l’heure du duel ! Deux ans après le dernier jeu de la franchise, Yu-Gi-Oh revient avec une compilation qui va vous faire l’effet d’un sort du Magicien du temps. Avec quatorze jeux au compteur, la Early Days Collection promet de vous faire remonter le temps. Apprêtez-vous à retrouver des héros avec lesquels vous avez probablement grandi et constituez votre meilleur deck pour prendre part au combat.
Sur le marché des jeux de cartes à jouer et à collectionner, Yu-Gi-Oh est encore aujourd’hui une référence. Le manga de feu Kazuki Takahashi a connu un très beau succès sur papier et à l’écran, avec tout un tas de séries dérivées. Mais, pour l’heure, c’est aux racines de l’œuvre que Konami nous propose de revenir. La Yu-Gi-Oh Early Days Collection nous ramène à la croisée des années 1990 et 2000 pour replonger dans certains des plus vieux jeux de la franchise. Certains des titres sélectionnés s’avancent même pour la première fois en France. Voilà qui devrait toucher le cœur des fans le 27 février 2025, sur Nintendo Switch et PC. Mais, l’investissement en vaudra-t-il la chandelle ? Voici notre verdict.
L’âme des fans va vibrer avec cette compilation
Voilà une collection de jeux qui parlera avant tout aux plus anciens des fans de la franchise ! Comme le suggère son titre, la compilation Yu-Gi-Oh Early Days Collection met en lumière la première génération du manga. C’est donc une galerie de personnages iconiques, comme Yugi et ses amis, Kaiba, Mai ou encore Bakura qui défilent sous nos yeux. Tous sont là pour nous défier avec des cartes tout aussi légendaires que leur nom.

D’autant plus qu’en proposant plusieurs opus pour une même licence, les équipes de développement de l’époque avaient dû songer à une manière de donner davantage d’intérêt au jeu. Au-delà du gameplay à peaufiner, l’ajout de nouveaux personnages constituait un argument pour acheter l’opus suivant. Par exemple, en vous lançant dans les Duel Monsters, vous aurez de plus en plus d’adversaires d’un épisode à l’autre. Certes, c’est du fan-service, mais c’est aussi ce qui va toucher le cœur des fans.
En outre, les joueuses et joueurs français ont pour la première fois accès à des jeux jamais sortis en Europe à l’époque. Ils vont enfin pouvoir s'y essayer, et en langue française qui plus est ! Du moins, presque tous sont traduits. En somme, c’est un pan d’histoire qui se dévoile aux yeux des fans. Cette compilation Yu-Gi-Oh retrace l’évolution des jeux de la licence de Game Boy en Game Boy. Il y a quelque chose de grisant à passer de l’un à l’autre et à comparer chaque nouvel opus aux précédents. Mais la découverte de ces raretés est-elle suffisante ? Rien n’est moins sûr.
Les 14 jeux de Yu-Gi-Oh Early Days Collection :
- Yu-Gi-Oh! Duel Monsters | Game Boy, 1998 — exclu japonaise
- Yu-Gi-Oh! Duel Monsters II: Dark Duel Stories | Game Boy et Color 1998, exclu japonaise)
- Yu-Gi-Oh! Monster Capsule | Game Boy et Color, 1998, exclu japonaise
- Yu-Gi-Oh! Duel des Ténèbres (Dark Duel Stories) | Game Boy Color, 2000
- Yu-Gi-Oh! Duel Monsters 4: Battle of Great Duelists (version Yugi, Kaiba et Joey) | Game Boy Color, 2000
- Yu-Gi-Oh! Dungeon Dice Monsters | Game Boy Advance, 2001
- Yu-Gi-Oh! The Eternal Duelist Soul | Game Boy Advance, 2001 [en anglais et japonais]
- Yu-Gi-Oh Duel Monsters 6, Expert 2 | Game Boy Advance, 2001, exclu japonaise [en japonais]
- Yu-Gi-Oh! Les Cartes sacrées (The Sacred Cards) | Game Boy Advance, 2002
- Yu-Gi-Oh! Reshef le Destructeur (Reshef of Destruction) | Game Boy Advance, 2003
- Yu-Gi-Oh! Worldwide Edition: Stairway to the Destined Duel | Game Boy Advance, 2003
- Yu-Gi-Oh! World Championship Tournament 2004 | Game Boy Advance, 2004
- Yu-Gi-Oh! Destiny Board Traveler | Game Boy Advance, 2005 [en anglais]
- Yu-Gi-Oh! 7 Trials to Glory: World Championship Tournament 2005 | Game Boy Advance, 2005

Un gameplay qui joue carte sur table
Avec 14 jeux, la Yu-Gi-Oh Early Days Collection a de quoi vous tenir occupé un moment. Autant, les premiers tites de la Game Boy se bouclent en 3-4 heures, autant certains plus récents proposent une aventure bien plus dense. D’autres opus, comme Duel des Ténèbres ou Les Cartes sacrées, peuvent vous tenir une dizaine d’heures. On peut même monter jusqu’à trente avec The Eternal Duelist Soul, Reshef le Destructeur.
Cela dit, je ne suis pas certaine que vous passerez tout le temps nécessaire pour aller au bout de chacun des opus… Au regard de son roster de 14 jeux, on se dirait qu’il y a suffisamment de variété pour renouveler l’expérience. Qu’on se le dise, l’ancienneté et la rareté ne font pas tout. Le principal écueil de la Yu-Gi-Oh Early Days Collection, c’est l’omniprésence des Duel Monsters. C’est vrai que c’est une licence-phare du manga sur console portable, sauf que les opus se ressemblent bien trop. Ils ont mis du temps à vraiment se renouveler et proposer des nouveautés. Les enchaîner lasse donc très vite et on aura tendance à s’en détacher pour se reporter vers d’autres licences.
Le manque de profondeur des premiers épisodes nous permettra d’apprécier davantage les titres plus consistants. Votre stratégie sera de plus en plus mise à l’épreuve en vous tournant vers les opus de la fin de la Game Boy Color et, surtout, de l’ère Advance. On a alors vraiment la sensation de retrouver le plaisir du JCC Yu-Gi-Oh. On commence à prendre un plaisir sincère dès lors que les cartes pièges, les sorts et les effets spéciaux des monstres entrent en jeu.
En outre, il ne faudrait pas oublier de mentionner les belles petites surprises de la Collection Yu-Gi-Oh. Dans le lot, on retrouve des titres qui explorent d’autres genres de gameplay. Monster Capsule, typiquement, s’inspire de l’arc éponyme de la série. Dans la manière de jouer, cela se traduit comme du Pokémon sur un jeu de plateau. Même jusque dans les graphismes, on retrouve l’inspiration de la licence de Game Freak.
De même, Yu-Gi-Oh Dungeondice Monsters offre une alternative en reprenant les fameuses parties à coup de dés de l’anime. Un peu trop simple et pas toujours bien équilibré, au moins il a le mérite d’apporter de la variété. Mais mon coup de cœur va pour Stairway to the Destined Duel. Même s’il s’agit du jeu de cartes traditionnel, le fait d’explorer Battle City à la rencontre de personnages iconiques apporte au moins la sensation d’une liberté plus grande et de participer à l’un des nombreux tournois de l’univers imaginé par le mangaka Kazuki Takahashi.
En somme, après avoir parcouru l’ensemble des jeux, il en ressort un sentiment de redite trop présente. On se rend également compte que la navigation à l’époque n’était vraiment pas optimisée pour ce type de jeu. Quand on voit aujourd’hui comment les TCG se sont modernisés sur le plan vidéoludique, ce n’est pas évident de revenir à des versions encore archaïques. La prise en charge du tactile de l’écran de la Nintendo Switch n’aurait vraiment pas été de refus quand on voit combien s’y retrouver dans ses cartes peut être frustrant par moment. L’Early Days Collection accuse malheureusement son âge.
Une Collection aussi belle qu’une carte Yu-Gi-Oh ?
La Collection Yu-Gi-Oh a tout pour faire briller les yeux des amateurs de rétrogaming. Les graphismes des trois générations de Game Boy passent globalement bien sur la Switch, à quelques exceptions près. Le fait de jouer sur un écran plus grand donne parfois un aspect grossier aux jeux de la Game Boy. L’ajout des couleurs sur la GBC aide à pallier un peu ce ressenti. Mais, c’est sur GBA qu’on prend plaisir à admirer les jeux. Du moins, presque tous. Yu-Gi-Oh! Dungeon Dice Monsters ne profite pas de la meilleure direction artistique, mais cela est dû à la version originale. C’est surtout Destiny Board Traveler qui aurait mérité un affinage des graphismes, car en l’état, il est quasiment illisible.

Cela dit, comme pour l’évolution du gameplay, ce n’est pas inintéressant de voir comment les titres Yu-Gi-Oh ont évolué avec le temps, en particulier du côté des cartes. La fresque qui se dessine sous nos yeux d’un opus à l’autre les voit gagner en détail à chaque fois. Autant, les jeux Game Boy et GBC montrent des tentatives de reproduire des monstres connus des fans sans toujours y arriver, autant les opus sur Game Boy Advance représentent les cartes telles qu’on les connaît. On a alors le cœur qui bondit quand on pioche la Magicienne des Ténèbres ou qu’on reconnaît les harpies que Mai Valentine aime étaler devant nous, par exemple.

Enfin, la bande-son des jeux a été elle aussi remastérisée pour s’adapter aux canons de la Nintendo Switch. On retrouve ainsi les sonorités habituelles des Game Boy mais dans des versions nettoyées pour nos oreilles de 2025. Au moins, sur ce point, il n’y a rien à redire à Konami. Mais, ce n’est pas le cas de tout…
Des finitions signées Exodia le fénéant
Dans l’ensemble, Yu-Gi-Oh Early Days Collection nous rappelle le travail effectué sur les jeux rétro du Nintendo Switch Online. Même certaines interfaces s’en rapprochent, notamment pour arrêter un jeu ou revenir en arrière de quelques secondes. Les abonnés au service ne seront donc pas perdus tandis que les autres s’y feront très vite.
L’ensemble est également habillé pour parler au cœur des fans. Par défaut, chaque jeu s’affiche dans un format carré ou rectangulaire qui ne prend pas toute la largeur de la Switch. Cet écran dans l’écran est en fait encadré d’un fond légèrement illustré, toujours très fidèle à l’esprit de la licence. On peut aussi faire le choix de cacher cet arrière-plan ou d’étirer complètement l’image, comme cela se faisait déjà à l’époque des anciennes consoles portables Nintendo quand on jouait à des jeux d’ancienne génération.
Konami a aussi compris que les fans nostalgiques étaient attachés au format physique. Et qui dit physique dans les années 2000, dit… manuel ! Ainsi, un manuel numérique accompagne les jeux. Vous y retrouvez les rudiments et des instructions propres à chaque titre. C’est un ajout qui fait plaisir à voir, même si cela ne remplace pas l’efficacité d’un tutoriel concret. L’univers de Yu-Gi-Oh est tout de même complexe, il y a des spécificités dans les règles qui auraient mérité, si ce n’est un mini-jeu d’introduction dédié, au moins une vidéo explicative pour saisir efficacement toutes les subtilités des jeux.
Ajoutons à cela que tous les jeux ne profitent pas d’une traduction. Alors que la plupart ont obtenu une localisation, trois titres ne sont pas disponibles en français pour l’instant : The Eternal Duelist Soul, Duel Monsters 6 Expert 2 et Destiny Board Traveler. Ça, je ne me l’explique pas. C’est impensable de se dire que Konami ne soit pas allé au bout de ses ambitions en proposant une VF à chacun des titres de sa Yu-Gi-Oh Collection. Il est bon aussi de souligner que certains des titres ont reçu un service minimum en termes de relecture. Ne vous étonnez donc pas de voir parfois des mots manquants dans le texte ou d’autres encore en anglais même si tout le reste est en français.
Enfin, le tempo de certains jeux aurait mérité de pouvoir être adapté pour mieux en profiter. Certaines phases de jeux ne sont pas toujours lisibles. Mais, cela respecte finalement l’expérience originale. Dans l’ensemble, on peut reconnaître à la Yu-Gi-Oh Early Days Collection de présenter un rendu fluide, sans bug. Que ce soit en nomade ou en docké, rien à signaler ! Relevons pour finir que la compilation propose un mode en ligne sur certains titres, mais que nous n’y avons pas eu accès avant la sortie du jeu.