Après avoir épaulé le développement The Legend of Zelda Breath of the Wilds et proposé un troisième opus conclusif à sa licence phare, il semblerait que le studio Monolith Soft ait eu envie d’un projet plus mesuré. Plutôt qu’une nouvelle production originale, le revoici en 2025 avec le remaster Xenoblade Chronicles X Defintive Edition. Mais ne vous y trompez pas : l’enjeu est gros pour cette réédition. Compte tenu de l’accueil qui lui avait été réservé à sa sortie, le studio ne peut pas se louper. Plus qu’un simple lifting graphique, attendez-vous à du contenu inédit et un gameplay modernisé. Cela sera-t-il suffisant pour séduire une nouvelle génération de joueuses et joueurs ? Voici mon verdict avant son arrivée sur Switch le 20 mars 2025.

À la conquête de Mira dans Xenoblade Chronicles X

Quand on compare le cadre scénaristique de Xenoblade Chronicles X à celui de la trilogie numérotée, on comprend d’où vient le “X” dans son titre. Une lettre qui sonne comme une inconnue mathématique, mais aussi comme une signature anonyme. Cet opus se positionne en effet à part des autres épisodes. Et l’inconnu est définitivement au cœur de l’expérience.

Pour commencer, vous incarnez un personnage qui se réveille sans souvenir à proximité de New Los Angeles, une colonie humaine établie sur la mystérieuse planète Mira après un crash. Tout de suite, vous êtes convié à rejoindre le BLADE, l’organisation qui veille au développement de cette colonie. Pendant toute votre aventure, un tas de tâches vous incomberont réparties en plusieurs types de quêtes. Mais, dans l’ensemble, votre mission principale consiste à protéger vos concitoyens des menaces qui rôdent alentours. Espèces animales et factions extraterrestres seront vos cibles.

Xenoblade Chronicles X 2025 : New LA.
© AUR pour Gameblog.

Avec 60 à 70 heures pour l’histoire principale (au moins le double si vous souhaitez profiter de l’expérience en profondeur), Xenoblade Chronicles X s’impose comme une aventure titanesque. Celle-ci peut même s’avérer intimidante dès les premières heures en nous submergeant d’informations à tout-va. Il faudra s’accrocher au départ pour ne pas perdre le fil avec cette entrée en matière indigeste, a fortiori pour les néophytes. À défaut, on peut compter sur Monolith Soft pour nous maintenir intéressés avec sa maîtrise des cinématiques, en particulier dans les moments d’action. 

De leur côté, les vétérans de Xenoblade Chronicles X ne seront pas dépaysés. Mais attention aux apparences : cette nouvelle visite de Mira ne sera pas qu’un simple retour aux sources. À la suite des 12 chapitres initiaux, le remaster vous embarquera pour arc scénaristique supplémentaire où l’on devra  faire face à de nouvelles menaces. De mystérieuses disparitions ont lieu tandis que des ennemis bien connus reviennent à la charge. C’est une belle façon pour Monolith Soft d’approfondir le lore de la planète, tout en restant fidèle à la trame d’origine. La nouvelle intrigue est bien ficelée et surtout particulièrement intense. Et, cerise sur le gâteau, elle s’accompagne de deux personnages inédits. Malheureusement, comme souvent pour beaucoup d’autres personnages, ceux-ci sont anecdotiques. Ça reste néanmoins un ajout bienvenu qui colle parfaitement avec le prolongement de l’histoire. Ce sera amplement suffisant  pour que les fans de l’époque se laissent tenter par l’aventure.

Xenoblade Chronicles X 2025
© AUR pour Gameblog.

Une équipe rêvée, au sens littéral

Xenoblade Chronicles X a surpris à l’époque en nous mettant aux manettes de notre propre héros, plutôt que d’un protagoniste prédéfini à l’instar des autres jeux de la franchise. À nous de lui donner forme grâce à un éditeur de personnage qui s’est étoffé depuis 2015 ! De nouvelles options de personnalisation sont disponibles dans cette Definitive Edition, notamment en termes de coiffures, de pupilles ou de décorations faciales. En revanche, nous nous retrouvons cette même limite imposée par la version occidentale originale, à savoir qu’il est impossible de régler la taille de la poitrine pour le modèle d’avatar féminin. La déception sera palpable chez certains, tandis que ce ne sera qu’un détail pour d’autre.

Xenoblade Chronicles X 2025 : Editeur de personnage.
© AUR pour Gameblog.

L’objectif de Monolith Soft avec un héros propre, un “X” à créer de toute pièce, était de nous plonger dans une aventure plus personnelle. Mais, si on regarde en arrière, le manque de personnalité de notre avatar avait déjà soulevé des critiques à la sortie du jeu. Dix ans plus tard, ça ne s’arrange pas. On peut même dire que l’écart se creuse avec Xenoblade Chronicles 3 et la profondeur de ses héros. Pour enfoncer le clou, le silence quasi permanent de notre personnage va de pair avec une absence d’émotion qui ont particulièrement mal vieilli face aux RPG plus récents. Le studio ne le sait d’ailleurs que trop bien. En ayant travaillé sur Breath of the Wild, il a bien dû remarquer que même un protagoniste muet comme Link pouvait se montrer très expressif par ses réactions. Cependant, cela n’aura visiblement pas servi d’exemple pour vivifier notre avatar.

Ce ne sont malheureusement pas nos compagnons qui changeront la donne. Bien sûr, on a le plaisir de retrouver ce système d’escouade réunissant quatre membres du BLADE. Plusieurs figures clé se montrent ainsi prêtes à faire équipe avec nous au fil des quêtes remplies. Mais là encore, aucune personnalité ne se distingue réellement. Malgré son roster enrichi, la Definitive Edition ne parvient toujours pas à faire briller un casting pourtant conséquent. Résultat : on peine à s’attacher à eux, un contraste frappant avec les autres épisodes de la saga.

Xenoblade Chronicles X 2025 :
© AUR pour Gameblog.

Une exploration old school

Si Monolith Soft a été sollicité pour co-développer The Legend of Zelda Breath of the Wild, ce n’est pas pour rien. Le studio a maintes fois démontré qu’il savait concevoir des territoires vastes et riches. Avant Xenoblade Chronicles 3, il le prouvait encore avec cet épisode X. Dix ans plus tard, cette Definitive Edition tient la comparaison avec les productions plus récentes sur certains points, quand elle se révèle impitoyable sur d’autres.

Xenoblade Chronicles X fait la part belle à l’exploration. Dès le début, nous sommes libres d’arpenter le territoire immense de Mira sans restriction. C’était une prouesse sur Wii U à l’époque. Même aujourd’hui, après avoir joué à Breath of the Wild et Tears of the Kingdom, l’envergure de la map fait son effet, de même que la diversité de ses biomes. Plaines verdoyantes, marais, forêts, déserts de sable… on découvre chaque paysage avec plaisir, sans compter sur la faune toujours aussi variée.

Mais, une fois de plus, Xenoblade Chronicles X accuse lourdement son âge. Les standards des RPG modernes nous ont familiarisé avec des mécaniques devenues indispensables aujourd’hui, comme l’escalade libre ou le système de paravoile d’un certain Breath of The Wild (encore lui). Ici, tout est fait de détours et d’allers-retours, ce qui rend l’exploration particulièrement rigide et fastidieuse. Les vétérans patienteront jusqu’à l’obtention des skells, ces mechas qui font office de véhicules. Ils savent combien ils sont plaisants à diriger et utiles pour arpenter la map. Mais leur arrivée tardive dans l’aventure principale risque de freiner les novices, d’autant plus s’ils sont peu sensibles à cette expérience old school.

Néanmoins, Monolith Soft a apporté des améliorations pour alléger nos déambulations. Désormais, plus besoin de revenir à New LA pour gérer les membres actifs de l’équipe : tout se fait depuis le menu du jeu. Il en va de même pour changer l’heure du jeu, si bien qu’on n’est plus obligé de passer par les campements pour accélérer le temps ou d’attendre qu’il passe de lui-même. Enfin, la Definitive Edition met à jour la fameuse balle éclaireuse ! Cet outil gagne grandement en efficacité et devient un véritable indispensable en indiquant avec précision l’objectif à atteindre ou les items à récolter. Cela ne nous fait gagner l’exploration en souplesse, mais nous permet au moins une économie de temps salutaire.

Xenoblade Chronicles X 2025 : Equipe.
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Prenez part au combat dans Xenoblade Chronicles X

Avec l’exploration, les combats sont l'autre pilier du gameplay de Xenoblade Chronicles X. impossible d’y échapper, la grande majorité de vos missions reposent dessus. Comme à l’époque, ils se déroulent en temps réel et de manière automatique. Autrement dit, une fois engagé dans la bataille, votre escouade attaque d’elle-même. Dès lors, à vous de gérer la stratégie de votre groupe et de votre avatar. Vous aurez aussi l’occasion d’intervenir grâce à vos attaques spéciales. Ces dernières profitent d’ailleurs d’un effet de coercition avec des dégâts décuplés si vous répondez à un appel d’un coéquipier en suivant le timing imposé, un timing d’ailleurs plus dynamique dans ce remaster.

Pour les novices de la saga Xenoblade, ce système peut-être déroutant au départ. Il y a de nombreux éléments à assimiler pour bien comprendre ce qui se passe à l’écran. Puis, une fois les mécaniques maîtrisées, la passivité du joueur à l’autre bout de la manette pourra en frustrer plus d’un. Pour répondre aux critiques de l’époque, cette réédition aurait mérité un meilleur équilibrage pour maintenir un challenge continu et ainsi nous captiver davantage. Face aux adversaires d’un niveau équivalent ou inférieur au nôtre, l’issue est vite jouée sans même avoir besoin d’intervenir.

On aurait pu penser que le recours aux skells changerait la donne. Seulement, les fans de l’époque le savent, ils sont loin d’être véritablement efficaces en combat. Même dans ce remaster, leurs arts peuvent être désactivés pendant l’affrontement si certaines parties du mecha sont détruites. On peut dire c’est une véritable occasion manquée de résoudre une faille soulignée par beaucoup de joueurs en 2015. 

Xenoblade Chronicles X 2025
© AUR pour Gameblog.

On peut tout de même reconnaître à ce remaster de Xenoblade Chronicles X de dynamiser légèrement les affrontements. Il profite d’une fonctionnalité qui permet enfin de recharger instantanément les arts. Cela nous implique davantage dans la bataille tout en enrichissant l’aspect stratégique. Notons aussi la simplification de la progression des personnages. Oubliez les niveaux de BLADE de l’époque. Désormais, vous n’aurez plus à vous soucier que de votre niveau personnel et de celui de votre rang qui augmentent au fil des combats, de l’exploration et des quêtes. On gagne ainsi en accessibilité, pour plus de plaisir en jeu.

Un Xenoblade sublimé, mais techniquement imparfait

Monolith Soft a mené un travail de longue haleine sur ce remaster. Plusieurs éléments ont été revus pour être moins contraignants, sans compter sur la transition entre la Wii U et son double écran, et la Nintendo Switch. En conséquence, le studio a repensé ses menus pour en fluidifier la navigation et les rendre plus lisibles. Il y a toujours énormément de choses à prendre en compte et donc beaucoup d’interfaces avec lesquelles se familiariser, mais au moins il y a des améliorations depuis 2015.

Xenoblade Chronicles X profite en plus d’une belle refonte graphique, ça on peut le dire. Cela passe d’abord par de nouveaux modèles pour les personnages pré-existants. Ils gagnent ainsi en prestance. Le rendu des environnements est également plus réaliste grâce à des textures HD. Ce lifting se profite en plus d'effets de lumière qui rendent honneur à l’atmosphère de Mira. On en prend dès lors plein les yeux, c'est un vrai plaisir.

Xenoblade X Remaster
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Malgré tout, le remaster arrive sur une Nintendo Switch en fin de vie qui montre ses limites. En dépit d’un tas d’améliorations, certaines textures restent floues et bien des décors n’ont pas profité d’un affinement. On remarquera aussi l’apparition tardive d’éléments à l’écran quand on se balade dans le monde ouvert. Quelques ralentissements surviennent aussi selon les biomes, plus spécifiquement en mode docké d’ailleurs. Ce sont néanmoins de petits compromis techniques quand on voit une vie dynamique aussi bien à New LA qu’en dehors.

Enfin, les fans de la première heure auront le plaisir d’écouter à nouveau la bande-son originale de Xenoblade Chronicles X composée par Hiroyuki Sawano (L’Attaque des Titans, Solo Leveling). Et, comme sur Wii U, elle étonne autant qu’elle détonne. Oui, c’est assez surprenant d’entendre un morceau rock énergique lorsqu’on se promène tranquillement dans la colonie. Ce genre d’usage de la musique crée une dissonance difficile à ignorer en jeu. En contrepartie, ces choix pour l’OST participent à rendre les combats plus pêchus.

Ce n’est pas tout côté audio. Les fans attendaient cela depuis longtemps : Xenoblade Chronicles X Defintive Edition intègrera les voix anglaises ET japonaises, contrairement à la version occidentale de l’époque. C’est d’autant plus appréciable que les deux doublages fonctionnent bien. L'implication du casting tout au long de l’histoire se ressent. Et on appréciera que le jeu soit presque intégralement doublé, à l’exception des quêtes les plus mineures. Voilà encore une nouveauté qui prouve que Monolith est non seulement à l’écoute d’une communauté toujours aussi impliquée dans la licence, mais aussi soucieux d’améliorer ses propositions.