Depuis quelques années maintenant, Riot Games a gravé son nom sur la scène eSport réservée aux FPS compétitifs avec Valorant, un mix de hero shooter à la Overwatch et de jeux de tir plus pointus comme Counter-Strike. Une recette gagnante qui, avec le savoir-faire des équipes de Riot, n’a pas tardé à exploser. Désormais, Valorant, comme League of Legends, fait définitivement partie du paysage vidéoludique à tel point que l’on a un peu de mal à l'imaginer disparaître. Fort de ce succès, le jeu s’est annoncé sur consoles, PS5 et Xbox Series, une bien bonne idée.
Je vois déjà venir tous les réfractaires à l’idée qu’un FPS compétitif peut avoir sa place sur consoles, qu’un FPS tout court puisse avoir une place ailleurs. Mais après avoir donné plusieurs dizaines d’heures au jeu de Riot Games sur PS5, on est forcé de constater que tous ces gens ont tort. S’il y en a bien un qui est tout à fait légitime d’être sur consoles, c’est Valorant.
Et oui, ça ne plaira pas aux puristes qui ne veulent pas ouvrir les yeux, mais les FPS compétitifs ont bien leur place sur consoles. Non seulement Valorant en est un fier représentant, mais à plus d’un titre il ferait la tête d’affiche idéale pour l'expansion de la scène compétitive officielle sur nos machines de salon. Dommage pour ceux qui ont de l’urticaire rien qu’à l’idée de jouer à un FPS avec une manette. A noter que les versions consoles, PS5 et Xbox Series, peuvent jouer ensemble, mais les joueurs PC évolueront de leur côté. Il a aussi été dit que désormais, les deux versions de Valorisant seront mises à jour en même temps.
Les sensations de Valorant au bout de la manette
Pour de nombreuses raisons, Valorant est un jeu à part entière. Loin, très loin des FPS traditionnels, déjà sur PC il a un gameplay bien à lui, alors sur consoles… Parce que oui, on le sait, mise à part quelques élus, la plupart des jeux de tir sur consoles ont une assistance à la visée. C’est presque obligatoire puisqu’à moins d’être un guerrier, les joysticks d’une manette sont moins précis et moins naturels qu’une visée à la souris, clairement plus instinctive.
Le hic, c’est que Valorant est un jeu extrêmement précis, qui demande de sacrés réflexes et une bonne visée si l’on souhaite progresser ou jouer en mode compétitif justement. Tout l'intérêt du jeu est là d’ailleurs. Pour les non-initiés, les premières parties seront rudes, qu’on se le dise, surtout si vous venez de jeux autrement plus nerveux et faciles à prendre en main à la manette comme Call of Duty, XDefiant ou encore Overwatch 2.
Ici, courir, sauter et même simplement se déplacer en tirant est proscrit. Le moindre mouvement lors d’un échange de tirs se traduit par la perte immédiate de la précision et ça part en sucette. Ça peut même être relativement frustrant pour quiconque n’aura pas la patience de mettre entre parenthèses ses années de FPS consoles permissifs.
Valorant a quant à lui une boucle de gameplay qui demandera bien plus de prudence, de réflexes, de précision et de sang-froid. Sans ce cocktail, il va être difficile de faire quoi que ce soit, sans compter que c’est aussi un jeu d’équipe où le travail coordonné et la communication importent tout autant qu’une série de balles bien placées. En cela d’ailleurs, Valorant est rapidement grisant, d’autant que le retour sur investissement est immédiat. L’impact des prises de décisions, de l'utilisation d’une compétence au bon moment ou de l’application d’une stratégie (contournement, prise de position intelligente, etc.) pèse dans la balance. On peut avoir un réel impact, même si l’on n’est pas fichu de gagner une escarmouche.
Un gameplay accessible à tous, qu'il faudra maitriser pour performer
Comme Counter-Strike, Valorant propose plusieurs modes de jeu, du match à mort traditionnel au mode compétitif, le cœur de son expérience. Deux variantes sont disponibles : une en 13 manches gagnantes (Classique en Classé ou Non-classé) ou un mode rapide en 5 manches gagnantes (Vélocité). La différence entre les deux est bien entendu la longueur de la partie (35-45 min environ pour une partie longue contre 10-15 min pour une partie rapide), mais aussi la gestion de l’argent entre chaque round. L’argent, c’est le nerf de la guerre. Comme avec le FPS de Valve, les parties sont divisées en rounds. Une équipe attaque et doit poser une bombe sur l’un des points marqués sur la carte, tandis que les opposants défendent. Un changement de rôle est effectué à mi-parcours.
Chaque round débute par une phase d’achat durant laquelle il faudra s’équiper dans un arsenal composé de plusieurs pistolets, fusils et autres mitraillettes, en respectant un budget alloué à chaque début de session. Valorant est aussi un jeu de statistiques. Toutes les armes ont des particularités et des modes de tir spécifiques, mais aussi des dégâts et une précision native différentes. Elles sont en quelque sorte rangées dans des tiers, les armes les plus puissantes étant d’office plus chères, mais donnant significativement l’avantage. Il sera donc important de savoir manager son équipement en fonction de son argent et de ses besoins. Ne vous amusez pas a ne prendre qu’une mitraillette Spectre ou un fusil Bulldog si l’équipe en face a de l’armement plus performant, ce serait se tirer une balle dans le pied.
De l’argent de poche qu’il faudra bien gérer puisque, si un petit pécule est offert d’office entre chaque round, ce sont surtout les actions que l’on fera durant ces derniers qui impacteront vos gains récoltés le tour suivant. Si vous êtes donc en train de perdre, une mauvaise gestion de votre portefeuille pourrait bien vous condamner à vous faire écraser définitivement. Là où accepter de perdre un ou deux rounds en économisant son argent peut tout à fait vous permettre de revenir en force lorsque vous avez suffisamment de quoi vous équiper. Puisqu’en plus d’être un jeu d’adresse, Valorant est aussi un jeu de stratégie à plusieurs niveaux. Connaître les cartes et savoir viser ne sera pas toujours suffisant. Être capable de gérer son équipement, d’offrir de l’armement à ses coéquipiers lorsqu’on est en excédent d’argent, c’est aussi ça qui peut conduire à la victoire.
Oui, c'est aussi un héros shooter, et un bon
L’autre subtilité importante de Valorant, et qui le rend unique d’ailleurs, c’est que l’argent sert aussi à acheter des compétences. Comme dit, Valorant est aussi un héros shooter. On y incarne pas un avatar sans âme mais bien un personnage avec une personnalité, une histoire et des capacités uniques. Si dans le fond, les fusillades se joueront toutes de la même manière, chaque perso aura ses propres mécaniques de gameplay. Ils sont tous répartis en différents archétypes qui permettent de rapidement identifier les grandes lignes de chaque rôle. On a par exemple les Duellistes, pour les joueurs agressifs, les Contrôleurs, pour dompter le champ de bataille, ou encore les Défenseurs, pour prendre les positions, etc.
Des personnages très variés tant dans leur style de jeu que leur design. On saluera d’ailleurs l’originalité de certains personnages et la volonté d’être inclusif avec un naturel qui force le respect. C’est le genre de petites choses qui font un bien fou.
On aura ainsi tendance à choisir ses agents de manière très superficielle au départ, souvent attiré par leur design et leur charisme qui fait souvent mouche. Là-dessus, comme pour League of Legends, pas de surprise, Riot Games sait ce qu’il fait. Ils sont tous attachants au possible et même s’ils ne sont finalement que peu développés dans le jeu, on se surprendra à s'intéresser à leur histoire. Là-dessus, Riot a aussi travaillé et on peut rapidement trouver tout ce que l’on veut sur l’univers du jeu qui, sans être aussi profond que celui de League of Legends, a clairement le mérite d’être là.
Valorant est nerveux, précis et tactique
Mais une belle gueule ne fait pas tout. Chaque agent est doté de compétences utiles et d’un gameplay parfois atypique, qui nous poussera à jouer de manière différente. Reyna, par exemple, une duelliste, fait apparaître des orbes lorsqu’elle tue ou participe à l’élimination de certains ennemis. Avec cet orbe, elle peut récupérer de la vie ou l’absorber et devenir intouchable un court instant en gagnant un boost important de vitesse de déplacement, mais sans pouvoir attaquer. Un gameplay basé sur la prise de risque et de décision rapide ainsi que sur l’agressivité. Viper, de son côté, une contrôleuse, pourra balancer du gaz un peu partout sur la carte avec différentes compétences réactivables. Elle coupera ainsi les lignes de tir et forcera les adversaires à faire un choix, traverser les amas toxiques en prenant des dégâts, ou changer de stratégie. Enfin, on peut aussi mentionner Fade, qui peut détecter ses ennemis, les aveugler ou les assourdir, ou Sage, l’une des rares héroïnes à pouvoir soigner ses alliés et même les faire revenir à la vie.
Ces simples exemples illustrent déjà plusieurs manières de jouer. Dites-vous qu’il existe près d’une vingtaine de personnages actuellement avec autant de façons d’appréhender le jeu. La seule constante, c’est que chaque personnage a une compétence gratuite et réactivable qu’il possède à chaque round, ainsi qu’un pouvoir ultime, plus puissant que tous, qui se charge au fil du temps en éliminant des ennemis ou en récupérant des orbes disséminés ici et là dans les cartes. La encore, la jouer fine peut vous rapporter la victoire, ou vous coûter une manche. La mauvaise utilisation d’une capacité ultime peut totalement changer la donne.
Un FPS qui va en surprendre plus d'un
Réflexes et précision, stratégie et communication… Les rounds ont beau ne durer que quelques minutes, Valorant est un jeu intense pour qui se laisse prendre au jeu. On cherchera ici la sensation de la compétition, la tension d’une victoire arrachée sur le fil ou de belles actions. Sur PC, c’est infiniment plus vif, c’est un fait, mais la version console de Valorant n’a pas à rougir. Le jeu est visuellement très propre, parfaitement lisible, fluide constamment et agréable à l'œil. Il tourne à la perfection sur PS5 et Xbox Series et s’avère tout aussi précis que son homologue sur PC. On a ici aussi une myriade d'options pour personnaliser son viseur, ses touches et sa sensibilité. Les fonctionnalités sont nombreuses et pour ce qui est de la fameuse assistance à la visée, elle est intelligente et loin, très loin d’être aussi agressive que sur d'autres jeux comme Call of Duty.
De base, Valorant propose un mode “concentration” que l’on peut activer à l’aide de la gâchette qui nous sert généralement à prendre la mire dans les FPS traditionnels. Dans cette posture, notre personnage est plus précis, mais aussi plus lent et il marche par défaut.
L’assistance à la visée viendra peaufiner la précision uniquement en ralentissant le viseur lorsque ce dernier passe sur un adversaire.
Ça ne s’approchera pas comme sur XDefiant ou Call of Duty, et les pirouettes de type drop shot, ou des sauts de cabri en tirant, sont impossibles. Le crédo ici, c’est de courir couteau à la main, et de s’arrêter en visant pour tirer. Point barre. En cela, Valorant est particulier, mais celles et ceux ayant déjà mis les mains sur un Counter-Strike ne seront pas dépaysés.
À noter que, comme CS également, les dégâts sont finement localisés et calculés dans Valorant. Un tir dans les jambes ne fera pas autant de dommages qu'un tir dans le haut du corps ou la tête. Le TTK (Time To Kill, le temps que l’on met pour tuer un adversaire) est d’ailleurs relativement faible. Le droit à l’erreur n’est que peu toléré, obligeant ainsi à jouer autant avec sa tête qu’avec son flingue.
D’ailleurs, plus que dans d’autres FPS du genre, Valorant sait forcer le joueur à utiliser tous ses sens. Avoir les yeux partout, réfléchir aux angles de tir, s’aider du son… tout ça est capital pour tirer son épingle du jeu. La spatialisation est excellente sur PS5 et permet réellement de localiser ses adversaires au son, qu’ils marchent, rechargent ou préparent une compétence d’ailleurs. Le sound design est excellent, les compétences ont des sons distinctifs qui permettent de les reconnaître sans les voir (très utile pour la lecture de jeu), et les personnages parlent également pour annoncer s’ils ont vu un ennemi ou s’ils préparent un ultime.
On est également aidé d’une mini-map qui donne le placement de tous nos coéquipiers ainsi qu’un cône de vision de ce qu’ils voient. On peut comme ça voir les angles qui sont couverts ou non, et si des ennemis ont été vus sans que nos camarades ne donnent l’info. C’est hyper utile pour se repérer et aide encore une fois la lecture et la compréhension de la partie. Une tonne de bonnes idées donc.
Un free to play de qualité, avec sa boutique cosmétique... onéreuse
Cerise sur le gâteau, Valorant est un jeu totalement gratuit que ce soit sur PC, PS5 ou Xbox Series. Comme pour League of Legends, il opte pour une boutique cosmétique afin de faire rentrer de l’argent. Skins d’armes, babioles à accrocher à ses pétoires, tags… on est dans quelque chose de classique si ce n’est que les skins d’armes sont parfois vraiment impressionnants, dotés d’animations et d’effets spéciaux comme un finish, parfois spectaculaire, lorsque l’on exécute le dernier ennemi vivant. Mais ces skins ont un coût, on en trouve à tous les prix, entre un peu moins d’une dizaine d’euros jusqu’à près de 50€ le skin. Ça fait cher, il n’y a pas à dire. Encore une fois, ce n’est pas obligatoire et ça ne va certainement pas vous aider à gagner. Valorant est extrêmement complet et parfaitement jouable sans verser un centime.
On gagne quelques babioles avec le Battle Pass gratuit chaque saison et les agents se débloquent simplement en jouant à l’aide d’une monnaie que l’on gagne après chaque partie. Cette dernière se gagne d’ailleurs vraiment trop lentement. Même si effectivement, jouer qu’un pool restreint de héros est recommandé pour se lancer en compétitif, le fait est que les collectionner et tout simplement pouvoir choisir celui qu’on veut à tout moment demandera pas mal d’heures de jeu avant que ce soit possible. Heureusement, on pourra en débloquer quelques-uns avec les entraînements lorsque l’on lancera le jeu la première fois. Cela étant, c’est un peu frustrant, les gains de crédits pourraient être plus élevés, ça ne tuerait personne, tout comme avoir un peu plus de skins payants à prix raisonnable ne serait pas un mal. Mais bon, tant que ça n’impacte en rien le plaisir de jeu, on ne va pas bouder.