Si vous vous étiez arrêté au complexe d'Oedipe, passez votre chemin, Winter Voices verse dans la psychologie intense, avec traumatismes et travail sur soi à la clé. Au menu de ce premier épisode : le deuil du père et combat au tour par tour. Allongez-vous sur le divan...
Le scepticisme était de mise quand j'ai lancé Avalanche, le premier épisode de Winter Voices, un RPG indépendant mis au point dans le studio français de Beyond the Pillars. Des combats à la Dofus avec une héroïne qui ne se bat pas, mais triomphe de mauvais souvenirs et de traumatismes en utilisant des ressorts psychologiques défensifs tels que la négation, l'introversion, la fierté, l'évolution... Avouez que ça laisse perplexe. Eh bien, figurez-vous que c'est pas si mal que ça !
Comme un lundi...
Vous êtes une jeune femme de 24 ans et vous vivez dans un village perdu dans les montagnes du nord du Royaume de Trois Rivières. Votre père, votre seule famille, vient de mourir. Surgissent alors de terribles souvenirs refoulés qui vous assaillent, au détour d'une vieille maison, ou après avoir discuté avec vos amis, vos voisins... Il faudra leur faire face, résister dans certains cas, fuir dans d'autres. Et tenter de comprendre ce qui vous trouble autant. Un voyage intérieur sera même une source importante d'affrontement contre vous-même. En quelques heures de jeu, Winter Voices pose un univers alternatif simple, mais crédible et une situation malsaine qui n'apporte pas beaucoup de réponses (pour l'instant : six autres épisodes sont prévus), mais qui intrigue assez pour vouloir voir la suite. Le ton est définitivement mature dans le sens "je ne regarde que Arte" et tape parfois juste, parfois trop dans le poético-mystico-pompeux. Les mécanismes, eux, sont fouillés, peut-être trop pour un premier titre. On y trouve des petites perles, comme la caractéristique "humour" qui non seulement rajoute des options de dialogue, mais en plus permet d'absorber les dégâts. Bon, faut avouer que les vannes sarcastiques à tout bout de champ font un peu passer l'héroïne pour une hystérique vu sa situation, mais après tout, c'est logique : elle est réellement totalement tarée !
Osé, mais payant ?
Les combats m'ont accroché par leur côté puzzle/tactique : parfois il faut comprendre l'objectif à atteindre - puisqu'on n'est pas là pour simplement éliminer les ennemis représentés par des ombres et autres feux-follets -, pour ensuite utiliser les moyens à sa disposition pour l'atteindre. De base, on peut repousser une cible, mitiger des dégâts, augmenter ses mouvements pour fuir... et c'est fou ce qu'on peut faire, rien qu'avec ça. L'héroïne gagne aussi des talents pour aborder différemment chaque combat. Cela dit, je me demande un peu comment Beyond the Pillars va faire pour renouveler les défis tout au long des six épisodes. Et puisqu'on est dans le registre des inquiétudes, on peut espérer que de nombreux défauts seront vite corrigés : Winter Voices sent le rush à plein nez, avec pas mal de bugs, des soucis d'optimisation, des animations "peut mieux faire" et des maladresses dans le gameplay. La plus importante étant la longueur des combats un peu décourageante. En général, ça passe, mais des fois... Pfff, quoi ! Allez, on ferme les yeux pour cette fois.
Non, franchement, agréablement surpris par ce RPG d'auteur unique en son genre, et ce, malgré ses multiples faux pas. Probable que Winter Voices ne plaise pas à tout le monde du fait même de sa nature intello-déprimante et par son côté indé cheap, donc il y a un risque à l'achat. Mais pour cinq euros, hein... Ça fera 30 euros la série totale (bientôt dispo pour PC & Mac sur Steam ou sur le site officiel) : vous ne risquez pas grand-chose à vous y essayer.