Dans la famille test à la bourre, je vous donne aujourd'hui Warhawk. Je sais que de nombreux lecteurs se la donnent grave sur ce titre d'action en ligne depuis quelques lustres déjà, et ils semblent même l'apprécier. Pour ma part, j'avoue qu'après des heures passées dessus, j'ai toujours un petit goût d'inachevé à l'égard du titre d'Incognito...
Le problème, quand on joue sur toutes les plates-formes, c'est qu'on a des expériences comparées beaucoup plus riches. Et c'est ce qui fait probablement que je n'ai pas pu prendre autant mon pied sur Warhawk que certains. Pourtant, ce jeu exclusivement en ligne propose une formule équilibrée, riche de possibilités, une réalisation quasiment sans faille et surtout la possibilité de se foutre sur la tronche à 32 : c'est assez rare sur console pour le signaler.
De Crimson Skies à Battlefield...
Warhawk, c'est une formule simple : des cartes gigantesques, un gameplay qui permet de passer d'affrontements à pieds à des dogfights aériens, de jouer les planqués dans une tourelle en défense de base ou d'arroser une position ennemie depuis un char... Avec une jouabilité très arcade et quatre modes de jeu, Warhawk fait dans la simplicité. Deathmatch pur et team deathmatch, capture de drapeau et capture de zones : tout ce qu'il y a de plus classique... et finalement pas beaucoup de surprises.
Le pourquoi du comment
J'ai beaucoup joué à Battlefield. J'ai adoré ces jeux en ligne PC par équipe, de Tribes à Enemy Territory : Quake Wars. En son temps, le Crimson Skies Xbox avait su me donner bien des émois dans les airs. Sur Warhawk, j'ai retrouvé un peu de tout ça, mais malheureusement sans l'extase des titres suscités. La faute à un gameplay particulièrement bourrin, qui laisse finalement peu de place aux combats en finesse à cause d'une maniabilité un peu chaotique. On finit par s'y faire, en prenant le temps de régler un peu la sensibilité des sticks analogiques par exemple. Mais ce qui minimise malheureusement l'aspect stratégique du jeu en équipe, c'est avant tout les joueurs eux-mêmes. Sans quelques amis bien entraînés pour constituer une équipe valable, les parties ont une sale tendance à ressembler à une suite lassante de morts frustrantes et de frags qui manquent beaucoup de piquant. Les bruitages, le feeling des armes, l'approche outrageusement arcade, la caméra en vue à la troisième personne pas forcément très bien placée ; beaucoup d'ingrédients qu'on pourrait considérer comme des détails, mais qui sont finalement autant de causes au manque de saveur des affrontements, quand on est passé par beaucoup d'autres titres similaires qui avaient su mieux les soigner.
Un peu léger, tout ça
Ce qui m'a le plus dérangé cependant, c'est surtout le manque de contenu pour un jeu exclusivement en ligne. Les maps ont beau être gigantesques, on en fait très, très vite le tour (il n'y en a que 5), et elles n'influent que peu sur le gameplay lui même (en dehors de "Ruines Capitale" qui pousse plus aux combats aériens). Reste que du contenu supplémentaire est prévu, avec une première salve qui pourrait arriver dès décembre 2007 et offrant un nouveau véhicule, le Dropship, permettant d'attraper et de relocaliser des véhicules terrestres... mais on n'en sait pas plus à l'heure où j'écris ces lignes, ni même si ces contenus seront payants ou non. Côté armes, il y a de quoi faire en Warhawk (les chasseurs), même si on privilégie finalement les missiles de base, bien souvent. Le rythme des parties n'encourage pas beaucoup à la recherche de bonus plus particuliers comme l'invisibilité, car on reste rarement vivant assez longtemps pour ne pas se consacrer simplement aux frags. En outre, la sélection des armes se faisant avec la croix directionnelle, impossible de passer de l'une à l'autre sans lâcher le stick analogique gauche : autant dire que ne plus bouger une ou deux secondes pour changer d'arme équivaut souvent à un devenir une proie facile pour ses adversaires. Enfin, des bugs inadmissibles subsistent : je me suis par exemple retrouvé par deux fois dans le même Warhawk qu'un coéquipier, incapable d'en sortir ou de faire quoi que ce soit, si ce n'est apprécier les voltiges du joueur aux commandes. Plus grave, je me suis retrouvé obligé de chercher l'option "suicide" dans les menus parce que je me suis retrouvé coincé sur une échelle sans pouvoir bouger. Enfin, ça ne m'est heureusement arrivé qu'une seule fois : une désynchronisation totale m'empêchant de ramasser des bonus sur la carte (où d'y faire quoi que ce soit d'autre à part me balader).
A jouer entre amis
Pour autant, Warhawk reste un titre aux qualités indéniables. L'animation sans faille, la taille des environnements comme la distance de vue et le côté rapide des parties en font un titre qui, joué dans les bonnes conditions, peut donner lieu à de très bon moments. Ces bonnes conditions ne seront un mystère pour personne : réunir d'autres joueurs qu'on connaît, pour des petites parties entre amis. En réussissant certains tours de force et en accumulant du temps de jeu, on progresse en rang, et on gagne des rubans et des insignes. A quoi ça sert ? A débloquer des options de personnalisation de son avatar et à se la péter. Quant au Sixaxis, dont Warhawk se faisait tout de même l'empereur, on aura une fois de plus vite fait de l'enlever à nouveau... A nouveau car, par défaut, le jeu ne l'active pas. L'imprécision de cette méthode de contrôle, confrontée qui plus est au gameplay déjà un peu bordélique en Warhawk, et on comprendra que les développeurs aient finalement opté pour un contrôle classique par défaut...
Peut mieux faire
Impossible pour un jeu exclusivement en ligne de ne pas conclure sur cette note négative ; en effet, l'interface de jeu réseau nous ramène 10 ans en arrière, sans même compter les bugs plus qu'agaçants. Liste de serveurs rébarbative au classement farfelu, temps de connexion à une partie catastrophiquement long (quand on ne nous jette pas le prétexte d'un serveur plein alors qu'il ne l'est pas), aucune gestion des queues pour se placer en attente sur un serveur et y entrer quand une place se libère, pas de kick des joueurs qui restent inactifs des heures en monopolisant un slot dans une team, bref : du simple point de vue de la gestion des parties en ligne, c'est l'âge de pierre. Un véritable scandale quand on ajoute les bugs de connexion, et surtout les 10 à 30 minutes perdues à chaque fois qu'on souhaite s'engager dans une partie. On doit même se retaper les conditions d'utilisation à chaque lancement du jeu... Beaucoup de ces problèmes devraient être corrigés avec la mise à jour 1.1 prévue pour la fin du mois, si tout va bien. Malheureusement, ceux qui n'auraient pas su passer outre tous ces soucis depuis la sortie du jeu ont en revanche eu tout le temps nécessaire pour ne plus être tentés de le ressortir. Reste donc un titre en demi teinte, qui saura pourtant faire tourner quelques PS3 en mal d'amour, et sans beaucoup d'équivalents sur console à ce jour. Dommage qu'il n'ait pas été plus soigné.