Depuis de nombreuses années, les jeux Warhammer sont légion. Au milieu de cette offre pléthorique, la qualité varie grandement. C'est donc avec une certaine réserve que nous avons exploré ce nouvel opus de Warhammer Age of Sigmar, même si nous avions eu une première impression favorable lors de notre aperçu il y a quelques semaines.

L'univers de Warhammer Age Of Sigmar peut sembler complexe à première vue. Rappelons qu’Age of Sigmar a revitalisé l'univers de Warhammer Fantasy en 2015 en introduisant un cadre de haute fantasy, plus mystique. Dans Age of Sigmar, les mondes antérieurs de Warhammer Fantasy ont été anéantis par l'apocalypse appelée "Fin des Temps". Le jeu se situe donc dans les Royaumes Mortels, un nouvel ensemble de mondes magiques reliés par des portails cosmiques. Realms of Ruin est le premier jeu de stratégie en temps réel (à gros budget) à explorer cet univers spécifiquement. Comment ça fonctionne ?

C’est quoi le principe du jeu ?

Realms of Ruin est un jeu de stratégie en temps réel, rappelant Warhammer 40,000: Dawn of War, mais il se démarque par son absence de construction de base et de collecte de ressources. À la place, les joueurs cherchent à contrôler des portails Arcaniques qui génèrent les ressources nécessaires pour former et améliorer leurs troupes. La victoire s'obtient en dominant plus de Points de Victoire que l'adversaire ou en anéantissant leur base. Le jeu repose avant tout sur le combat.

Les unités du jeu se classent en catégories offensives, défensives, à distance, et héroïques. Chaque type a des capacités spéciales, consommant des ressources et soumises à des temps de recharge. Il est important de noter que les unités restent en combat jusqu'à ce qu'elles soient vaincues ou qu'une option de retraite soit utilisée. Le jeu exige de jongler entre plusieurs fronts, gérer les ressources et développer les unités. Ce concept, bien que simple en théorie, s'avère intense et parfois stressant en pratique.

En fait, dans Warhammer Age of Sigmar: Realms of Ruin, la gestion des unités demande une attention constante mais ne requiert pas de micromanagement extrême.. L’un des défis majeurs, c'est que les unités suivent strictement les ordres, sans prendre d'initiative. Par exemple, les unités de mêlée ne réagissent pas automatiquement aux attaques proches ou à la prise de points stratégiques. Il est donc crucial de les surveiller constamment, sans pouvoir se détourner pour gérer d'autres zones, sous peine de conséquences désastreuses. C’est le gros point faible, surtout pour un RTS de 2023.

Purement PC ?

Effectivement, le jeu souffre d'un manque d'outils pour une gestion efficace des troupes. Bien qu'il existe une fonction d'attaque automatique lors des déplacements, celle-ci est assez limitée. La création de groupes via des raccourcis clavier est techniquement faisable, mais se révèle peu pratique en raison du besoin constant de repositionner les unités. Des fonctionnalités telles que la patrouille automatique ou l'engagement proactif auraient été appréciables pour diminuer le besoin de supervision constante. Encore une fois, c’est assez impardonnable pour un jeu de 2023.

Warhammer Realms of Ruin  semble être orienté vers un gameplay épuré, pensé pour les consoles et les manettes. Cela peut être avantageux pour certains joueurs, mais sur PC, avec un clavier et une souris, les limites de l'interface utilisateur et du contrôle des unités deviennent évidentes, révélant une optimisation prioritaire pour les écrans de télévision et les commandes par bouton. Cette approche déçoit, en particulier pour les joueurs PC habitués à plus de complexité dans ce type de jeu. On ne cache pas notre déception, surtout venant de la part d’un studio comme Frontier, dont l’ADN est très clairement PC (RollerCoaster, Elite Dangerous, Planet Zoo…).

Pour la technique, chaque unité est fidèlement reproduite par rapport à son modèle miniature. Un point pour lequel Frontier ne déçoit jamais sur ses jeux.  Les  unités sont en plus animées avec soin et caractère, ce qui enrichit considérablement l'expérience de jeu.

La campagne solo, bonne idée ou complètement inutile ?

La campagne de Warhammer Age of Sigmar: Realms of Ruin peine à valoriser de manière grandiose le monde d'AoS. Malgré la richesse du cadre de haute fantasy propre à AoS, RoR ne se distingue pas suffisamment et tend à verser dans la banalité. Les factions présentes, telles que les Stormcast Eternals, Kruleboyz, Nighthaunt et Disciples of Tzeentch, ne captivent pas outre mesure et manquent de caractéristiques uniques.

RoR ne manque pas d'intérêt sur ce point, mais il rate l'opportunité d'introduire des factions plus originales et captivantes, comme les Idoneth Deepkin, qui auraient pu offrir une diversité et une belle singularité. Celles actuelles manquent de distinction notable entre elles. Malgré des animations de haute qualité et fidèles à l'univers, l'absence de mécaniques uniques pour chaque faction et la simplification du jeu selon une logique de "pierre-feuille-ciseaux" finissent par rendre l'expérience quelque peu monotone.

La campagne de Warhammer Age of Sigmar: Realms of Ruin est sympathique, mais elle est entachée par de sérieux problèmes techniques, notamment des plantages fréquents qui effacent les progrès du joueur après la fin d'une mission. Bien que les missions offrent une variété d'objectifs, comme la défense de sites rituels ou la compétition pour le contrôle des points clés d'une carte, ces soucis techniques transforment l'expérience de jeu solo en une aventure fastidieuse et une source de frustration. De surcroît, la narration linéaire et prévisible de la campagne, dont l'issue se devine aisément, contribue à une certaine monotonie. Il est évident que l'attrait principal de Warhammer Age Of Sigmar Realms Of Ruin ne réside pas dans sa campagne solo. Pour une expérience plus captivante, il semble préférable de se tourner vers le mode multijoueur.

Warhammer

Le multijoueur, le vrai point fort du jeu Warhammer

Le mode multijoueur de Warhammer Age of Sigmar Realms of Ruin offre une expérience dynamique et diversifiée, attirant à la fois les joueurs occasionnels et ceux orientés vers la compétition. Ce mode inclut des matchs en 1 contre 1 et 2 contre 2, avec des variantes non classées et classées, couvrant ainsi une large palette de préférences de jeu. Les joueurs ont aussi la possibilité de se mesurer à des intelligences artificielles.

Dans l'arène multijoueur, la stratégie et la composition des unités sont au premier plan. Le jeu utilise une mécanique de "pierre-feuille-ciseaux" avec des unités légères, lourdes et à distance, forçant les joueurs à penser méticuleusement à leur sélection et placement d'unités pour obtenir un avantage tactique. La compréhension et l'application adéquate de ces éléments sont essentielles pour réussir en multijoueur. En effet, un mauvais positionnement ou une mauvaise décision tactique peut conduire à des revers catastrophiques. Et on peut vous l’assurer, ça peut vite devenir rageant. Inversement, une victoire peut vite devenir grisante, voire excitante. 

Malgré quelques faiblesses…

Dans Warhammer Age of Sigmar Realms of Ruin, les joueurs sont amenés à gérer minutieusement leurs ressources et unités. Les héros et certaines unités spéciales utilisent la Realmstone, une ressource clé, pour activer des capacités puissantes. Comme mentionné précédemment, une fois engagées, les unités combattent jusqu'à ce qu'elles soient vaincues ou se retirent, retournant alors à leur base. Cela apporte une dimension stratégique supplémentaire, forçant les joueurs à peser le pour et le contre entre maintenir une position ou se replier pour regrouper et rétablir leurs forces.

Un élément crucial du gameplay multijoueur est l'évolution des unités. Les options d'amélioration, bien que limitées, sont impactantes, offrant soit de nouvelles capacités, soit une amélioration significative des statistiques. Cela confère au jeu une progression adaptative, avec des procédés simples pour invoquer et améliorer les unités, éliminant la complexité liée à la construction de base. C’est une très bonne idée et cela se ressent dans l’intensité des combats.

Le déroulement d'une partie en multijoueur se divise en plusieurs phases : une phase initiale concentrée sur la collecte de ressources, une intermédiaire axée sur des combats intenses pour l'amélioration des unités, et une phase finale où les joueurs déploient toutes leurs forces dans des affrontements spectaculaires. Chaque faction a ses points forts selon la phase de jeu, ajoutant une autre couche de stratégie à envisager durant les matchs. C’est pour cette raison qu’il vaut mieux organiser son équipe en fonction du choix de ses alliés. Une équipe entière qui joue la même faction peut vite causer votre perte. Surtout si vous n’avez pas beaucoup d'expérience. 

Warhammer

Un bon moment Warhammer

Ainsi, le mode multijoueur de Warhammer Age of Sigmar: Realms of Ruin propose une expérience ludique et riche, avec une diversité de stratégies et de styles de jeu en fonction des factions et des différentes phases de la partie. Toutefois, la variété limitée des modes de jeu et des factions peut réduire l'intérêt sur le long terme, laissant les joueurs avec une impression de répétitivité. Cela est regrettable compte tenu du potentiel du jeu. Même chose au niveau des cartes, si le level design est très réussi, ça manque un peu de contenu pour que le jeu puisse durer sur le long terme. Dommage. Heureusement, Frontier pense à tout…

En effet, le mode de création permet aux joueurs de choisir différentes palettes de couleurs pour les quatre factions et même de créer des schémas personnalisés. Cette fonctionnalité est particulièrement attrayante pour les passionnés de Warhammer, leur permettant de créer leurs armées comme ils le feraient avec des miniatures physiques. De plus, le jeu comprend un éditeur de cartes, permettant aux joueurs de créer leurs propres dioramas numériques et scènes de bataille, renforçant ainsi l'aspect créatif du jeu.