Depuis la sortie de Subnautica, tous les jeux se déroulant sous l’océan ont le droit à “ha oui, c’est le jeu qui ressemble un peu à Subnautica ?”. Alors soyons clair dès maintenant, Under The Waves n’a en commun avec lui que sa thématique sous-marine et propose une expérience bien différente avec une narration très importante.
Développé par les Parisiens de Parallel Studio et édité par Quantic Dream (Heavy Rain, Detroit Becom Humain), Under the Waves est un jeu narratif vous plongeant dans l’océan avec l’émerveillement et la tension qui incombe celui-ci. Le soft nous enfouit alors dans l’introspection de votre personnage avec une ambiance aussi douce qu'oppressante qui sera complètement transcendée par la bande originale et les bruitages de Nicolas Bredin. Pour ce qui est de la direction artistique, on a le droit à un mélange de réalisme et de cartoons avec une volonté très contemplative du décor et de l’océan qui nous entoure.
Le vague à l’âme
Nous sommes dans la peau de Stan, un homme trentenaire tourmenté par son passé. Il vient d’accepter une mission sous-marine pour Unitrench, firme importante exploitant des plateformes offshore. Stan se retrouve donc dans un module d’habitation 100m sous l’eau pour des maintenances régulières et des missions données par le géant pétrolier. Mais sa venue sous l’océan n’est pas anodine. S’il a décidé de s’exiler, c’est que Stanley cherche à fuir sa vie à la surface. Suite à un terrible accident, notre héros remet beaucoup en question sa vie et cela entraîne des tensions dans son couple avec sa bien-aimée, Emma. Malgré l’inquiétude de sa compagne, il cherche sa rédemption, quelque chose qui l’aidera à traverser cette étape.
Pour ce périple, Tim, un ami de son défunt père, sera notre guide et veillera sur nous comme si nous étions son propre fils. Alors que Stan sera pris de nombreux doutes et se remet constamment en question, les dialogues entre ses deux personnages émeuvent par leur spontanéité et le respect qui règne entre les deux personnages. On s’attache rapidement aux héros d’Under The Waves. Le casting est restreint et on s’attache donc à la plupart des protagonistes comme Jo, l’otarie que vous croiserez souvent dans votre périple subaquatique.
Under The Waves a une priorité : l’histoire
Under the Waves est un jeu narratif qui mise tout sur son ambiance et son écriture. On apprécie alors que chaque action aussi minime soit elle, comme enfoncer une porte ou ouvrir une valve, se tienne comme une mini-cinématique très contemplative. Il est aussi possible de cacher le HUD d’une seule pression de touche. Ainsi, vous avancerez au fur et à mesure des missions données et découvrirez plus d’informations sur le passé et la situation actuelle de Stan, sur Tim et aussi sur Unitrench. Under the Waves a pour thématique l’écologie et l’environnement et souhaite sensibiliser sur cette thématique sans offrir un grand discours moralisateur. Lorsque vous utilisez un bâton d’oxygène pour faire remonter votre barre, vous pouvez le ramasser pour gagner du plastique. Il vous en faudra alors deux et des algues pour fabriquer des réserves d'oxygène. Par cette mécanique toute bête, le jeu propose de ramasser les déchets dans l’océan mais aussi de les recycler. Dans Under the Waves, rien ne se perd tout se transforme. On verra aussi l’environnement se modifier avec les actions de l’Homme. Une transformation qui attristera un lieu qu’on a aimé contempler durant la première moitié du jeu. Cette volonté écologique et environnementale est clairement assumée par le jeu qui est allé jusqu’à collaborer avec l’association Surf Rider, une ONG internationale protégeant les océans, les mers, les lacs, … pour que surfer, animaux marins ou encore simple nageur puissent en profiter dans le respect des autres.
Stan restera sous l’eau durant une vingtaine de jours qui rythmeront votre partie pour se compiler en environ 7h de jeu. Under the Waves offre une balade dans l’océan qui chamboulera bon nombre de joueurs, mais quelques petits désagréments pourraient en bloquer d’autres. Il n’est pas impossible que votre jeu ait des bugs vous obligeant à relancer la partie ou encore, qu’il se ferme de manière impromptue, et ce, même si vous jouez sur console. Des sauvegardes automatiques permettront de ne pas recommencer votre journée de zéro. Lors de certaines missions, il nous est également arrivé de chercher un peu notre chemin, une entrée ou encore même ce que l’on devait faire. Un HUD minimaliste n’est pas un souci pour se repérer, mais la grande carte disponible dans les menus est peu utile et souvent, le marqueur pour la mission ne se place que sur une zone sans que l’on comprenne trop où chercher. Dans un même registre, une mission demande d’activer des valves pour mettre la bonne pression et pouvoir activer le bouton. Pour ce faire, il faut réaliser un pattern à force de tourner la valve. Mais malheureusement, aucune indication n’était donnée sur comment trouver les schémas en question. Les routes sont parfois peu intuitives et certaines actions ne sont pas vraiment expliquées. Dans cette idée de trouver un objet ou son chemin, le jeu joue très bien avec les zones d’ombres pour dissimuler parfois un bouton. Après tout, nous sommes dans les fonds de l’océan. Le sous-marin est parfois bien compliqué à manœuvrer, mais les ressources nécessaires pour le peu de craft à faire combleront clairement les réparations de ce dernier.
La partie craft quant à elle est assez anecdotique. Il sera possible de récupérer des matières premières pour les transformer grâce à un établi dans votre module d’habitation. Finalement le jeu sera très permissif, puisque si vous n’avez pas prévu un stock de mines alors qu’une mission vous en demande plusieurs pour ouvrir les portes, vous trouverez tous les objets nécessaires sur place. Finalement le gameplay est minimaliste et peut se résumer en quelques touches : une pour interagir, une seconde pour nager ou se mettre au sol, une autre pour utiliser un objet et une dernière pour nager plus vite. Même à bord de Moon, notre sous-marin, il n’y a que très peu de touches à retenir. Une idée qui est finalement très appréciable. Le jeu est intuitif, on se concentre sur la narration, les nombreux dialogues entre Stan et Tim ou encore, la bande-son et les bruitages.
Une offrande à la mer
Ces mêmes compositions ou le merveilleux chant des baleines sont tous deux l'œuvre de Nicolas Bredin et ont quelque chose d'envoûtant. Véritable ode à l’Océan comme s’il s’agissait d’une divinité, plus l'on avance dans le jeu et plus l’ambiance onirique s’installe donnant un côté spirituel au jeu qui est bien trouvé. Une ambiance due notamment à la direction artistique aux petits oignons. On aime être dans ces fond-marins aussi intimidants que fascinants, comme lorsque l’on regarde un documentaire. Alors que l’on plonge dans le Grand Bleu, on s’arrête regarder les tortues faire un jeu d’ombre en passant au-dessus du soleil, suivre cette baleine que l’on entend chanter, observer une méduse phosphorescente dans les tréfonds. On en viendrait presque à vouloir juste plonger librement sans avoir les missions ou la barre d’oxygène qui nous rappelle que notre protagoniste se trouve ici pour travailler. Under the Waves est clairement un hommage pour l’océan et la faune qui l’entoure.
Stanley est le personnage qui trouvera son salut grâce à ce grand océan omniscient. On aime découvrir son passé, ses cauchemars, ses pensées. Le tout est toujours accompagné de couleurs qui arrivent à retranscrire l’émotion de l’instant. Under the Waves n’a finalement pas la prétention d’être le jeu avec un gameplay le plus abouti, la technique la plus pointue mais, il veut faire les choses bien et surtout, surtout, il a une histoire à nous raconter, des émotions à nous transmettre. Et, dans ces domaines, il excelle.