J'avais déjà remarqué que Nintendo aimait bien faire des jeux tournant autour du thème de la thune. Il suffit de se rappeler de Mario le plombard et de ses pièces d'or, ou encore du très vénère Wario et de ses quêtes vénales à base de trésors... Tout n'est que recherche d'enrichissement matériel chez cet éditeur. Il était donc normal de s'attendre à voir débouler un jour un soft d'aventure tel que Tout nouveau Tout beau : Tingle voit la vie en rose à RubisLand, une sorte de Zelda dont le leitmotiv réside essentiellement dans la gestion capitaliste de vos rubis et une radinerie exacerbée.
L'histoire commence sur des chapeaux de roues : un vieux flemmard de 35 berges est réveillé par une voix mystérieuse qui le transforme en Mr Tingle, une sorte de farfadet qui ne pense qu'à se faire de l'oseille en toutes circonstances. L'entité lui parle d'un lieu paradisiaque fait de paresse, de luxure et de volupté, baptisé RubisLand, accessible uniquement aux plus fortunés. L'info ne fera qu'un tour dans son cerveau amorphe et mono neuronal : il partira en quête de pierres précieuses afin de pouvoir accéder à son fantasme ultime. À savoir ne plus rien branler jusqu'à la fin de ses jours, une bonne citronnade dans la main et des pépettes à ses pieds ! Mon rêve quoi ! De là, commence une aventure parsemée de négociations et de donjons à résoudre avec comme problématique centrale le souci d'économie et de radinerie. Sans vouloir balancer, Greg aurait sans doute excellé à ce titre au background ma foi original et délirant...
Un monde super vénal
Le monde dans lequel vit M. Tingle n'est régi que par une chose : les rubis ! Vous n'y rencontrerez jamais de bonnes âmes prêtes à vous aider gracieusement. Bien au contraire, vous vous ferez taxer de toutes parts, et ce, même pour les services ou les informations les plus anodines. C'est pour ça qu'il est impératif de savoir gérer un minimum son capital tout en sachant que votre total de pierres précieuses engrangé fait également office de niveau de vie. Ce qui signifie que si vous devenez fauché, c'est le game over qui retentira illico presto. Aucun habitant ne viendra se confier à vous si vous ne lui versez pas le bon pécule qu'il faudra estimer à la louche, au hasard. Et il faudra encore continuer à verser du bakchich pour que les langues se délient sur des sujets spécifiques... En gros, il sera facile de flamber tout son cash et de se retrouver rapidement sans le sou si on ne prend pas la peine d'entretenir constamment un rapport malsain avec l'argent. Tonton Steph si tu me lis, ce jeu est également fait pour ouate !
Le juste prix
Tout le concept du soft repose sur l'estimation que vous faites de la valeur d'une info cruciale ou d'une personne que vous désirez mettre à votre botte. Si vous ne la payez pas assez, vous vous retrouverez non seulement allégé d'un nombre de rubis substantiel, mais aussi méchamment rembarré. D'où l'importance de chaque négociation et le besoin de développer un véritable sens pratique des valeurs pécuniaires, pour ne pas vous faire entuber par les nombreux protagonistes que vous croiserez au cours de votre périple. Il en sera de même dans les donjons qui, en sus des habituelles énigmes de logique à résoudre, disposeront de mécanismes diaboliques qui vous taxeront inlassablement de la thune pour ouvrir des passages, avec des sommes précises à estimer pour les déclencher. Bref, on aura vraiment l'impression de jouer perpétuellement à la défunte émission Le Juste Prix ! Et puis comme M. Tingle est plutôt du style flemmard et peureux, pour se défendre il ne pourra compter que sur des compagnons qu'il emploiera en achetant leurs services à bon prix, sans oublier de négocier sévèrement parfois. Chaque compagnon possède une capacité spéciale qui lui sera utile pour briser certains éléments du décor, atteindre des endroits habituellement inaccessibles ou tout simplement passer à tabac ses adversaires sans lever le moindre petit doigt. En somme, il faudra toujours spéculer à la baisse pour essayer de débourser le moins d'oseille possible et se satisfaire de la plus petite des économies.
L'apologie de l'ultra libéralisme
Quant à l'ergonomie du jeu, elle est à l'image de M. Tingle : minimaliste pour contenter les joueurs les plus flemmards. Il n'y a que la croix de direction pour déplacer le personnage et l'écran tactile pour le faire interagir avec ce qui l'entoure. Il ne faut guère plus pour pouvoir prendre son pied. Et comme je suis quelqu'un de très paresseux, j'ai trouvé la prise en main particulièrement divine, allongé que j'étais comme un tribun à poil sur mon Futon, à jouer de manière détachée. La grande classe quoi. Et puisqu'il faut commencer à dévoiler mon sentiment sur Tout nouveau Tout beau : Tingle voit la vie en rose à RubisLand, sachez que j'ai apprécié son ultra libéralisme primaire, mais également sa patte graphique bien relou. M. Tingle a une tronche à claque très réussie, de même que pour les divers monstres et chalands qui peuplent son monde de rapaces. On regrettera juste le niveau d'humour qui n'est hélas pas à la hauteur du design ridicule des protagonistes. On se retrouve avec un Zelda-like à prendre au 100ème degré, au concept capitaliste révolutionnaire mais au scénario pas très captivant, qui, au final, ne soutient pas la comparaison face à un vrai Zelda. Un bon titre divertissant et sans prétention qui saura toutefois réveiller le radin qui sommeille en chacun de nous.