Nous avons eu l'opportunité de tester en avant-première le très attendu nouvel épisode, Total War Pharaoh, afin de nous plonger au cœur de l'Ancienne Égypte et comprendre les responsabilités d'un pharaon.
La saga Total War se divise en plusieurs types de jeux avec tout d’abord les gros épisodes historiques qui ont fait le succès de la franchise, comme Empire Total War ou Medieval Total, couvrant une période large et vaste de l'histoire mondiale ou civilisationnelle. Par exemple le Moyen Âge ou le Japon Féodal. Il y a les opus de fiction, comme Warhammer, et les titres historiques "Saga" qui se concentrent sur une partie précise du monde (l'Angleterre avec Thrones of Britannia par exemple).
Au milieu de cela, on trouve une quatrième catégorie, un peu hybride, avec Total War Pharaoh qui coche toutes les cases d'un épisode Saga mais qui, pourtant, n'est pas classé comme tel par ses créateurs. Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'il s'agit d'une nouvelle invitation à plonger dans l'Histoire. Et pas n'importe laquelle puisqu’il s'agit de l'Antiquité Égyptienne. Ce jeu inédit nous transpose plus précisément à l'époque du Nouvel Empire, sous le gouvernement de Ramsès XI, le dernier souverain de la XXe dynastie, soit aux alentours de -1090 avant JC. Une période fascinante, que l’on aime l’Histoire ou non, il faut bien l’admettre.
Deux gros segments des Total War
Dans la structure du jeu, comme c'est souvent le cas avec les épisodes de TW, deux grands segments se distinguent : la campagne et les batailles en temps réel, chacun disposant d'une portion solo et multijoueur. Une nuance intéressante réside dans le fait que même au sein de la campagne, qu'elle soit jouée en solo ou en multijoueur, des batailles en temps réel sont également présentes.
Lors de la phase de campagne, jouée au tour par tour, la gestion globale de votre empire vous incombe, incluant la supervision des ressources économiques, la direction des recherches technologiques, et la gestion de la diplomatie avec d'autres factions. Vous êtes également amené à prendre des décisions vitales, telles que la construction et l'amélioration des infrastructures dans vos villes et provinces. C'est aussi ici que le recrutement et la mobilité des armées sont gérés sur la carte mondiale, vous préparant à défendre vos territoires ou à en conquérir de nouveaux.
Le plaisir du combat
Ensuite, il y a les combats. Quand vos armées croisent des troupes ennemies sur la carte mondiale, le jeu bascule dans une phase de bataille en temps réel. Ici, la disposition tactique de vos unités est vitale. Vous dirigez chaque unité individuellement, prenant en compte leurs capacités spécifiques et le terrain pour obtenir un avantage. Les officiers et certaines unités disposent de compétences spéciales pouvant être utilisées pour influencer le déroulement du combat.
Dans Total War Pharaoh, le combat rapproché a été revisité, notamment grâce à une mise à jour du système d'animation. Désormais, chaque unité possède une gamme d'animations de combat aussi complète que celle d'un général dans les opus précédents, accentuant ainsi l'immersion durant les batailles. Pour les généraux, une nouveauté permet de personnaliser votre propre unité de garde du corps en choisissant armures, boucliers, armes et montures. En outre, au fur et à mesure que les troupes progressent, elles peuvent désormais adopter trois positions tactiques distinctes :
- "Avancer", où les unités cherchent à repousser l'ennemi sans rompre leur formation ;
- "Tenir", visant à maintenir leur position et formation actuelles ;
- "Céder du terrain", permettant aux unités de reculer lentement tout en restant engagées dans le combat, toujours face à l'ennemi.
Epique pendant la bataille
Certaines unités bénéficient de positions avancées, leur offrant la capacité de manœuvrer spécifiquement et d'accéder à divers avantages tels que des bonus en attaque et défense en mêlée, en blocage de flèches, en vitesse, etc. La gestion des troupes est ainsi remarquablement complète et offre une différence palpable dans la stratégie de contrôle des unités.
En dernier lieu, la durabilité de l'armure fait son apparition en tant que nouvelle métrique dans la gestion des troupes. La dégradation progressive de l'armure donne une indication précieuse du nombre de coups qu’un bataillon est encore capable d'absorber. Bref, le combat est encore plus plaisant que dans les épisodes précédents. Pour la toute première fois dans un Total War, on a vraiment l'impression d'assister à des combats réalistes et c'est grisant. Dommage que les unités ne proposent pas une très grande variété. Au final, l'absence d'unités héroïques, à la manière des monstres comme dans Troy, manque un peu.
Un début de campagne difficile
La première étape, importante, est le choix de votre faction et de votre leader, ce qui entraîne une variété de caractéristiques différentes et d'objectifs à atteindre pour décrocher la victoire. Trois grandes factions sont présentes : les Égyptiens, les Cananéens et les Hittites, chacune proposant un ou plusieurs personnages jouables avec des ambitions distinctes. Nous avons tenté de vous offrir un bref aperçu pour bien comprendre les diverses options :
- Ramsès (Égyptien)
- Un “ Pharaon guerrier “ déterminé avec des unités d'élite et une stratégie militaire claire.
- Unités : elite, adaptatives, forts en chars de combat.
- Séthi (Égyptien)
- Agressif et impatient, préfère résoudre les conflits directement sur le champ de bataille.
- Unités : nombreuses mais faibles et bon marché, pouvant être rapidement épuisées.
- Taousert (Égyptienne)
- Politicienne habile et potentiellement dominante sur le plan économique régional.
- Unités : excellent en chars, peut construire la composition d’armée la plus solide à terme.
- Amenmes (Égyptien)
- Ambitieux et riche, ouvert aux alliances avec des étrangers.
- Unités : archers très forts mais coûteux.
- Irsu (cananéen)
- Cherche la destruction et le chaos, visionne la gloire dans la ruine de l’Égypte.
- Unités lourdes et résistantes avec une armure forte et un recrutement rapide.
- Bay (Caananéen)
- Manipulateur habile, peut régner par un Pharaon marionnette ou cacher son héritage étranger.
- Unités : excellents embusqués mais faibles dans les affrontements directs et avec les chars.
- Suppiluliuma (Hittite)
- Roi honnête et belliqueux, cherchant à rallier les royaumes locaux malgré des ressources limitées.
- Unités : variété d’unités moyennes et lourdes, excellents chars, défense solide.
- Kurunta (Hittite)
- Psychopathe et assoiffé de pouvoir, n’observe aucune règle dans la guerre.
- Unités : mercenaires et unités fortement protégées avec de grosses armures, privilégie les assauts frontaux sans unités à distance.
Pour le plaisir et afin d’explorer les limites du possible, nous avons choisi la faction Hittite avec le personnage de Kurunta. Sa principale aspiration est de renverser Suppiluliuma (sa propre famille) et de contraindre les terres d'Anatolie à se plier à sa volonté. Le premier obstacle est la distance notable entre notre position en Anatolie (qui constitue une partie de la Turquie actuelle) et les richesses de l'Égypte.
Un début chaotique pour ce Total War
Il s'est rapidement avéré, après une dizaine de tours, que c'était un début de catastrophe avec une série de défaites. Ainsi, nous avons décidé de jouer plus prudemment avec un autre personnage belliciste mais plus facile à gérer : Séthi. Héritier du trône d'Égypte, il est déterminé à atteindre ses objectifs. C'est probablement l'une des factions les plus militairement agressives, bénéficiant de nombreux bonus militaires, comme un recrutement très rapide et de meilleures récompenses au combat. On ne peut que saluer la diversité des factions.
Visuellement bluffant
Si votre cœur bat pour l'Égypte, ce jeu est fait pour vous. La carte de la campagne est authentiquement stupéfiante. La réalisation artistique va au-delà même de ce que nous avons vu dans Total War Troy, offrant ainsi une œuvre d’art dans toute sa majesté. Naviguer au-dessus du Nil est un réel plaisir, d'autant plus que l'expérience est accentuée par un assortiment de sons d'ambiance, tous contribuant à une immersion profonde. Le spectacle en plein jour est déjà fascinant, mais la nuit transforme le panorama en une vision assez folle. En parcourant les vastes étendues, on passe du chant des grillons dans un champ au doux murmure des dunes du désert. C'est incontestablement une réussite audiovisuelle et même le plus bel épisode à ce jour. C’est d’autant plus agréable qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une configuration de titan pour en profiter. L’optimisation est très réussie.
De nouvelles mécaniques intelligentes
Comme pour chaque nouvel épisode, nous pouvons nous attendre à des mécaniques de gameplay innovantes. Et cette fois-ci, les héros et monstres de l’Odyssée laissent place au concept des Piliers de la Civilisation, une représentation de l'équilibre cosmique à travers trois niveaux de stabilité. Ces piliers, sous forme de villes dédiées à diverses divinités, exercent une influence considérable sur la stabilité régionale et mondiale. Au départ, le monde est empreint de prospérité. Il est globalement paisible, l'ambiance visuelle est lumineuse et des événements aléatoires peuvent survenir pour stimuler le développement, la production de ressources et la croissance des établissements.
Cependant, à mesure que la civilisation sombre dans le désordre, la crise commence à se propager. L'atmosphère visuelle devient plus sombre et l'imprévisibilité commence à saisir la région. Les catastrophes naturelles se font plus fréquentes, et les factions de nomades agressifs ainsi que les Peuples de la Mer envahissent les terres avec plus de vigueur. Il s’agit de factions non jouables qui fonctionnent un peu comme les rébellions des anciens épisodes. Enfin, si rien n'est fait, le monde s'effondrera, laissant place à une période de ténèbres et de désespoir qui engloutira la terre. L'instabilité dans la région atteindra son pic à ce moment-là. Bref, la situation est catastrophique à ce niveau.
Cette descente progressive dans le chaos peut être retardée ou arrêtée par plusieurs facteurs, notamment en accumulant de la légitimité, une des nouvelles ressources. Plus vous amassez de légitimité, plus vous êtes perçu comme une menace dans la lutte pour la couronne. Mais une fois suffisamment puissant, vous pouvez défier le Pharaon ou le Grand Roi en place dans une guerre civile. Si vous remportez cette bataille, vous pourrez usurper leur position et jouir de tous les avantages qu'offre un titre royal. Une fois que vous devenez dirigeant, l'utilisation principale de la légitimité est la cour, où vous pouvez l'utiliser pour influencer les autres, ainsi que pour continuer à améliorer vos insignes royaux. On reviendra sur cette notion en détails un peu plus tard dans le test.
Les signes du pouvoir royal
Comme dans la vraie vie, pour tout monarque, ses regalia (insignes royaux) sont le symbole tangible et visuel de son autorité. Si vous parvenez à devenir Pharaon ou Grand Roi, vous pouvez orner votre personnage avec des objets. Plusieurs peuvent être débloqués, chacun nécessitant l’atteinte d’un objectif spécifique tout en offrant un ensemble unique de bonus à votre faction. Une fois Pharaon, par exemple, vous accédez également à cinq différents Pouvoirs Royaux dans lesquels vous pouvez vous spécialiser en continuant à gagner de la légitimité. C’est bougrement intelligent et cela offre toujours de nouvelles possibilités pour se hisser au sommet
Un large panthéon
Enfin, qui dit Égypte Antique, dit également dieux. C'est probablement l'un des moyens les plus sûrs d'éviter le chaos et l'âge des ténèbres. À cette époque, les dieux étaient considérés comme présidant de nombreux aspects de la vie quotidienne, et leur présence était donc obligatoire en jeu. Pendant la campagne, vous avez la possibilité d'adorer jusqu'à trois dieux. À travers l'Égypte, l'Anatolie et Canaan, 19 dieux peuvent être découverts en conquérant des établissements qui leur sont associés. C’est tout simplement jouissif pour les amateurs d’Histoire et de Total War.
Différents dieux offrent des bonus à des types de bâtiments, des établissements spécifiques ou des types d'unités. Chacun des dieux a également un centre de culte, une grande ville qui compte comme un Pilier de Civilisation. Évidemment, le joueur peut construire des sanctuaires et des temples dédiés à leurs divinités pour augmenter leur faveur et obtenir de meilleurs bonus, progressant à travers trois niveaux d'adoration. Chacun débloque différentes mécaniques avec lesquelles interagir. Par exemple, si vous montez en faveur auprès d'un dieu, l'un de vos généraux peut lui devenir dévoué, accordant de puissants effets à votre armée. C'est le cas avec Séthi qui est un roi très porté sur la guerre.
Au rythme des saisons de Total War Pharaoh
Enfin, l'un des derniers éléments majeurs à prendre en considération est la Cour Royale, un nouveau lieu de pouvoir pour votre royaume. C'est un menu où vous pouvez faire avancer (ou non) votre politique. Les positions à la cour dans Total War Pharaoh offrent des bonus à la fois puissants et utiles, mais s'impliquer dans la politique comporte le risque de se retrouver au cœur de complots. Même sans occuper une position à la cour, vous pouvez gagner de l'estime auprès de n'importe quel membre de celle-ci. Cela donne quelque peu l'impression d'être dans Game of Thrones, et cela fonctionne à merveille. On adore. Lorsque vous prenez le contrôle en tant que faction dirigeante, vous pouvez nommer des personnages supplémentaires de votre faction, tels que des généraux, à des positions vacantes à la cour. On ressent ainsi une véritable sensation de grandeur et de montée en puissance. Tout simplement jouissif.
Ensuite, le Shemsu Hor a lieu tous les 6 tours, c'est-à-dire le moment où tous les complots trouvent leur résolution, provoquant ainsi les changements les plus importants. Il est donc nécessaire de réfléchir soigneusement à ses actes pour éviter d'avoir trop de regrets quant à la suite des événements. Le Shemsu Hor s'immerge profondément dans la culture de l'Égypte ancienne, intégrant le système saisonnier, basé sur les trois saisons égyptiennes dictées par le Nil. En plus d'avoir un impact sur votre politique, cela a donc une influence directe sur la production de votre nourriture et même sur l'apparence de la carte et les rives du Nil. Un spectacle saisissant qui fait du fleuve un élément de gameplay à part entière.
Un arbre technologique pour vous faire progresser
Heureusement, la victoire ne se joue pas uniquement sur la politique ou les saisons. Vous devrez également vous appuyer sur votre évolution technologique. Dans Total War Pharaoh, l'arbre technologique des décrets royaux guide les joueurs à travers le développement et l'expansion de leur civilisation. Plusieurs options, offrant des avantages considérables comme le renforcement du recrutement d’unités, la réduction des temps de construction ou l’optimisation de la production de ressources des structures existantes, sont explorables. Les joueurs exercent donc une influence directe sur le développement et la trajectoire de leur empire, faisant des choix qui ont un impact immédiat et tangible sur leur faction. Ils ne sont pas uniquement tributaires de la politique ou de la guerre, même si celles-ci font partie intégrante du tout.