Alors qu’une nouvelle série d’animation Tales of the Teenage Mutant Ninja Turtles arrive le 9 août sur Paramount+, les Tortues Ninja profitent de la saison estivale pour revenir avec une version Nintendo Switch du jeu mobile Splintered Fate - Le Destin de Splinter chez nous. Un roguelite qui s’inspire sans vergogne d’un des plus beaux représentants du genre : Hades. Comment se comporte ce portage sur l’hybride de Big N ? Voici notre verdict avant la sortie officielle le 17 juillet 2024.
Avec les Tortues Ninja, Nickelodeon a évidemment de l’or entre les mains. La société en a pertinemment conscience et continue de moderniser la licence avec différents projets récents (films, séries, jeux…). Le but étant d’élargir le public, tout en s'adressant inévitablement aux vieux trentenaires presque quarantenaires que nous sommes. En 2022, on a eu la compilation de jeux rétro TMNT The Cowabunga Collection, et le très bon TMNT Shredder’s Revenge des français de Dotemu. Alors, où se situe Teenage Mutant Ninja Turtles Splintered Fate ?
Une nouvelle aventure Tortues Ninja rafraichissante
Tout commence alors que le chef des Tortues Ninja, Splinter, est kidnappé par les ennemis jurés de nos chers mutants : Shredder et le Clan Foot. Le maître est alors expulsé dans une autre dimension, et très rapidement, d’étranges portails violets apparaissent dans New-York. L’heure est grave pour Michelangelo, Raphael, Donatello et Leonardo qui doivent mettre de côté leurs occupations pour sauver leur sensei. Une histoire dans la plus pure tradition de la licence qui est écrite par Tom Waltz. L’un des scénaristes historiques d’IDW Publishing, la société d’édition de comics, qui a co-écrit par exemple The Last Ronin avec Kevin Eastman - l’un des papas des Tortues Ninja. Avant même de lancer le jeu, on est déjà rassuré. Mais qu’en est-il vraiment ? Le récit, simple, se laisse suivre avec intérêt et étonne même par sa narration.
La disparition de Splinter est au cœur de la trame, des discussions entre les personnages, mais le titre intègre des réflexions sur ce qui passe en matière de gameplay par exemple. De ce fait, les tutoriels visant à expliquer les mécanismes s’insèrent de façon très fluide, et le quatrième mur est brisé à plusieurs reprises qui nous rappelle le meilleur d’Hades. Il y a un vrai effort pour apporter un vent de fraîcheur narratif par rapport aux jeux Tortues Ninja sortis depuis des décennies.
Les développeurs de Super Evil Megacorp ont aussi potassé leur sujet pour respecter le lore au niveau des personnages et des environnements. La journaliste télévisée April O’Neil est forcément aux côtés des mutants, mais la galerie de personnages est beaucoup plus riche que cela avec Shredder, Bebop & Rocksteady, Karai, Leatherhead, les Mouser (les petits robots à la mâchoire acérée) et bien d’autres. Les fans sont par conséquent clairement brossés le sens du poil, mais on ne va pas s’en plaindre et impossible d’ailleurs de faire la fine bouche. En termes de paysages, on peut compter là encore sur de grands classiques comme les égouts, les toits des immenses buildings de New-York, les docks, les rues sous haute surveillance policière etc. Tout est fait pour que l’on se sente comme à la maison, et le contrat est dès lors bien rempli. Un régal.
Le choix important du mutant
Pour extirper Splinter des griffes du Clan Foot, il va donc falloir s’en remettre à toute l’expérience acquise et aux connaissances des Tortues Ninja dans le domaine des arts martiaux. Dans TMNT Splintered Fate, chaque mutant a ses caractéristiques qui les différencient grandement. Le gameplay est ainsi identique dans les grandes lignes, mais dans le fond, ça change puisque la manière d’appréhender les rencontres ne sera pas la même. Leonardo, le leader de la fratrie, se concentre sur les dégâts élevés et la mobilité; Michelangelo, le plus jeune et le plus attendrissant de la bande, provoque des dégâts de zone et génère plus de dommages par coup; Raphael, l’aîné après Leo, est un personnage très agressif qui est capable de réaliser d’importants coups critiques; Quant à Donatello, celui qui réfléchit un peu plus que les autres, est davantage dans le rôle du soutien avec sa santé élevée.
Le choix de la tortue n’est absolument pas à prendre à la légère, et un changement en cas d’échec est même conseillé. Donatello avec son long bâton, qui peut toucher de plus loin les ennemis et les faire légèrement reculer en arrière, ainsi que sa compétence Carapace qui octroie un bouclier temporaire, nous ont bien aidé pour vaincre le premier boss. C’est là qu’on a pu réellement juger des différences entre les personnages, et c’est clairement un bon point. Une fois la décision prise sur le héros à privilégier, il est temps de se mettre au boulot. Les niveaux de Tortues Ninja - Le Destin de Splinter que l’on traverse sont découpés en salles aléatoires, comme Hades ou autres roguelite, avec systématiquement au bout du chemin, un boss.
Il faut donc liquider les adversaires des divers tableaux en utilisant l’attaque normale, une capacité (ex : faire tourner le bâton de Donatello en l’air), un des outils (ex : le grappin de Raphael qui permet de rapatrier les ennemis vers soi), et la ruée. Un mouvement dont il faut abuser car les combats reposent essentiellement sur le timing d’attaque et l’esquive. Pour un jeu mobile à la base, on le rappelle, le gameplay est vraiment nerveux et s’adapte évidemment à merveille à la manette. On a vite fait de traverser l’écran d’un bout à l’autre pour déjouer les assauts des opposants. Mais attention, il ne faut pas faire n’importe quoi sous peine de presque tout perdre.
Eh oui, on est dans une roguelite, et comme le veut le genre, chaque échec est synonyme de retour à la case départ : le QG des Tortues Ninja qui sert de HUB. Une maison qui se situe, roulement de tambours, dans les égouts ! Le lieu, très cool au demeurant, fournit tout le nécessaire aux mutants pour qu’ils se détendent avec un skatepark, une pièce de méditation, une télé avec une console de jeu pour Michelangelo, un coin muscu ou encore des mannequins en bois pour s’exercer à la frappe. Dommage en revanche que ce seul élément soit interactif.
Des améliorations en veux-tu en voilà
Durant chaque niveau, le jeu nous offre l’opportunité de choisir parmi différents types de modificateurs (ex : 100% de dégâts pendant quatre salles) ou d’améliorations comme un pouvoir de tortue (ex : afin de réduire le temps de recharge des capacités), une part de pizza pour se remettre d’aplomb ou un boost de dégâts critiques. Le tirage est toujours aléatoire, mais après avoir déverrouillé une compétence spécifique, il est possible de lancer un dé afin de renouveler l’éventail d’offres.
À peu près au milieu de chaque salle, il y a également un vendeur, le Président, qui rappelle d’ailleurs celui de Resident Evil 4, pour faire l’acquisition d’autres améliorations. Vous vous en doutez, on peut donc se construire des builds distinctes avec parfois des effets d’attaques élémentaires en plus (feu, eau…). En cas de mort, et donc de retour au QG des Tortues Ninja, toutes ces choses sont perdues. Seules des ressources comme les pièces Dragon ou Dreamer, pour ne citer qu’elles, sont conservées. Elles permettent cette fois de booster définitivement, et pour tous les personnages d’un coup, la santé maximum, d’ajouter une charge de ruée etc.
On ne va pas tout énumérer, mais le concept n’a pas été pris à la légère par les développeurs. Et pour celles et ceux qui s'inquiéteraient, non, il n'y a pas de microtransactions ou de grind abusif, même si TMNT Splintered Fate est un jeu mobile à l'origine. Tout cela surprend dans le bon sens d’autant plus que l’expérience n’est pas non plus évidente. Même en mode normal. Les échecs, surtout au début, sont légion comme dans tout roguelite. Il faut savoir se casser les dents pour revenir plus fort, mais le jeu sait faire preuve de clémence. D’une part, chaque run peut être suspendue et reprise à l’envie. Si le titre plante, ce qui nous est arrivé, la progression est conservée également. Pour le coup, aucune polémique « à la Returnal » ne pourra naître.
D’autre part, Les Tortues Ninja : Le Destin de Splinter possède un multijoueur en local et en ligne. N’ayant pas suffisamment d’amis sous la main avec le jeu, le multi sur un même canapé n’était pas une option… mais l’online non plus… Pourquoi ? Parce qu’à l’heure où ce test est publié, il n’y a toujours pas de matchmaking comme pour la version mobile. On peut seulement créer ou rejoindre une partie via un code. Un verrouillage qu’on ne comprend absolument pas en l’état, et qui est clairement l’un des gros défauts de TMNT Splintered Fate.
L’autre point qui nous empêche d’être plus enthousiaste, c’est la finition. Alors oui, un comparatif officiel montre bien des différences entre la version mobile (Apple Arcade) et la déclinaison Nintendo Switch, mais ça reste très insuffisant. Techniquement, ce n’est pas la panacée et le framerate est instable alors qu’on parle d’un jeu mobile. La résolution est faiblarde, l’aliasing important en mode docké sur une TV 65 pouces, et les modèles de nos tortues peu flatteurs. Après Teenage Mutant Ninja Turtles Shredder’s Revenge, qui est un modèle à plusieurs niveaux, ça fait mal. Si vous jouez au soft en mode portable, c’est de ce fait moins choquant, mais attention également à la perte de lisibilité. Malheureusement, tout est assez petit et quand l’écran est surchargé, ça peut vite être une corvée et on peut facilement se prendre des coups gratuits. C’est déjà le cas sur un large téléviseur, alors imaginez sur la Nintendo Switch, et à quatre joueurs...