Sans nouvelles depuis 13 ans et portée disparue dans le même laps de temps, la licence Top Spin a, en l’espace de quelques mois, de nouveau crevé l’écran du monde tennistique, mais surtout vidéoludique en rappelant à certains leur nombre d’heures incalculables passées à tenter de battre leur voisin, leur ami ou juste l’IA sur ce que le monde entier a longtemps - et encore - considéré comme la meilleure simulation de tennis. Treize ans après, le charme opère-t-il toujours ? Si t’as lu notre preview à ce sujet et/ou regardé le titre avant ce paragraphe, tu connais la réponse. Oui mais la question est : pourquoi Top Spin 2K25 est aussi remarquable que ses petits frères et sœurs ? Parce que… la suite juste en-dessous.
Quand on m’a informé que je serai l’heureux élu pour tester Top Spin 2K25, je ne vais pas vous cacher que j’ai bondi de joie. Certes, je n’avais pas brillé par mes qualités de retour et de service lors de la session de hands-on plusieurs semaines auparavant - des confrères plus talentueux que moi pourront facilement en témoigner - MAIS même sans avoir eu autant d’heures de vol que ces messieurs, ni leur talent et leur XP, Top Spin, c’est un produit qui a marqué mon aventure de joueur de jeu vidéo. Pour beaucoup, il s’agit d’un monument même lorsqu’on évoque les jeux de sport, et ni plus ni moins que la meilleure simulation de sports, tous sports confondus, titre qu’un autre produit chez 2K a fini par briguer année après année, à savoir NBA 2K.
Forcément, il y avait de la curiosité et de la peur aussi au moment de se lancer sur Top Spin 2K25. Curiosité, car les premiers échanges avaient été particulièrement satisfaisants et qu’il me tardait, forcément, d’en éprouver plus pour juger la qualité sur la durée. Peur, car il y avait une sorte de mystère bien entretenu autour du mode Carrière, toujours un morceau important de la licence, à condition d’impliquer le joueur. Les premières parties n’ont fait que confirmer ce qui avait été déjà entrevu en deux heures : le jeu est très, très, très, (j’ai dit très ?) agréable à prendre en main. Même si vous n’avez jamais joué à un jeu de tennis, la compréhension des touches et des coups de base se fait de manière intuitive et en cela, Top Spin 2K25 est un jeu qui a un pouvoir de séduction assez immédiat.
Le tennis dans sa plus simple expression
Tout cela est bien évidemment renforcé par une motion capture au poil, avec un travail effectué avec certains joueurs du roster de base au lancement et tout renforce le sentiment de réalisme que l’on retrouve dans les nombreuses animations proposées. Les cheveux et les vêtements qui bougent, les chaussures qui crient et crissent lors des glissades, la DualSense qui vibre en fonction de votre course, les cris des joueurs (on y reviendra) au bout de leurs efforts, la puissance ressentie lorsqu’un coup est délivré ou totalement relâché, sans parler des diagonales de folie à aller chercher : TOUT Y EST. Absolument tout. Y compris le retour assassin qu’un service trop peu ou mal maîtrisé accompagne de façon quasi systématique.
Puisqu’on parle de manque de maîtrise, il faut du coup insister sur un point déjà évoqué lors de la preview : Top Spin 2K25 s’appuie sur les bases réussies de la saga avant lui. Traduction : le jeu reprend les codes d'exigence et de step-up de Top Spin 4 qui obligeait les joueurs à y retourner, pour mieux appréhender un service adverse, un retour slicé ou tout autre coup gorgé d’effet, histoire de ne pas être débordé la prochaine fois. Je n’ai pas cité Top Spin 4 par hasard puisque cette suite reprend le gameplay et le moteur proposé il y a 13 ans. Elle en garde aussi l’ADN, finalement chère aux jeux de sports chez 2K si on se penche sur l’autre mastodonte maison, NBA 2K : challenger le joueur en permanence. Si Top Spin 2K25 n’est pas compliqué à prendre en main - n’importe qui peut lancer une partie et tous les coups du tennis (lobs, revers, slices, amortis et passing) sont jouables et identifiables sur un bouton distinct à chaque fois - il n’est pas forcément simple à maîtriser, surtout lorsqu’on a jamais ou peu joué aux versions précédentes.
Sans maîtrise, la puissance n’est rien
La diversité de coups possibles et jouables est d’une profondeur abyssale et ce n’est pas pour rien que John McEnroe vous attend dans la Top Spin Academy, le tutoriel d’apprentissage, mais aussi de perfectionnement du jeu - avec pas moins d’une trentaine d’exercices. Non seulement le mode est bien pensé - McEnroe parle avec des images à l’appui, puis on revoit l’exercice autant de fois qu’il faut avant de s’essayer soi-même à la consigne et on peut la refaire autant de fois que l’on veut - mais il est tout simplement indispensable, autant au joueur novice qui a tout à apprendre et découvrir, que le puriste qui va pouvoir s’approprier les nouvelles features proposées par Top Spin 2K25.
Ces derniers savent d’ailleurs que dans Top Spin, la réussite d’un coup ne repose pas seulement sur le pedigree du joueur sur le court. Certes Roger Federer et sa technique léchée, son jeu complet et sa classe sont là, la puissance de Serena Williams, ambassadrice comme le joueur suisse de cette édition 2K25, aussi, mais taper fort n’a jamais été un gage de réussite absolu au tennis. Le placement - le replacement même après un coup -, la puissance - quand même, oui un petit peu - et l’endurance sont trois notions indissociables de la réussite d’un coup.
La précision d’un horloger suisse
Et pour réussir un coup, il faut ajouter à cela la bonne gestion du timing, représentée au-dessus du joueur par une jauge dans laquelle une zone verte fait office de bon indicateur pour frapper. Cette jauge, ce n’est ni plus ni moins que la bonne lecture du joueur sur le moment de renvoyer la petite balle jaune et surtout à quelle hauteur de balle ce dernier va le faire. Cette dernière n’est pas particulièrement compliquée à appréhender, à condition de comprendre comment l’aborder, surtout lorsqu’on veut claquer un bon coup droit ou tourner autour de la balle, histoire de trouver le meilleur angle d’attaque et d’approche. Inutile de vous dire que renvoyer ou taper dans les zones “bon” et “parfait” est, passé un certain niveau, quasi obligatoire, sous peine de se prendre une mandale atomique par le joueur ou la joueuse d’en face. Ça en dit long sur la marge de progression de chacun au moment de se lancer sur ce Top Spin 2K25.
Comptez une heure environ et un peu plus si affinités pour quitter la Top Spin Academy avec le savoir nécessaire pour aller vous frotter aux modes de jeu proposés. Le tuto met l’accent sur un aspect important du jeu dans la construction de votre avatar, le style de jeu. La Top Spin Academy permet aussi de rappeler que votre façon de jouer et de taper la balle sera aussi conditionnée par le style de jeu du joueur que vous aurez créé ou choisi si ce dernier fait partie du roster de base. Tenter le service-volée avec Medvedev par exemple n’aura pas du tout la même réussite que face à un spécialiste du genre comme Pete Sampras. Logique, me direz-vous (il s’agirait de respecter les caractéristiques des joueurs actuels et des légendes du tennis, monseigneur). Réunir presque toutes les bonnes conditions en frappant la balle ne suffit pas toujours pour accoucher d’un coup gagnant. Comprenez que Top Spin 2K25 est plus équilibré, mieux équilibré même à en écouter les retours lors de la preview, sentiment partagé par bibi lors de ses propres heures d’expérience : il y a plus de fautes directes, moins de coups gagnants gratuits et il n’y a rien de plus bluffant après coup (mais de super frustrant aussi sur le moment) de voir un coup gagnant parfaitement travaillé sur le plan tactique finir dans le filet pour manque de peps ou placement un peu approximatif. C’est réaliste et on aime.
Une carrière, oui mais sans sel et donc moins de saveur
De toute façon, Top Spin 2K25 garde la bonne vieille recette maison : faire de votre expérience de jeu une évolution permanente et les modes proposés sont là pour ça. Évidemment le focus est fait pour le mode Carrière, qui ne révolutionne pas la roue. On crée son avatar via un éditeur plutôt complet et on part ensuite à l’assaut de la première place mondiale, soit du circuit ATP, soit du circuit WTA. On se retrouve dans une interface où l’on va se contenter de suivre un programme assez basique : entraînement, événements spéciaux et tournois. À droite, on a des objectifs dynamiques à réaliser lors de nos matchs de tournois et un rappel de notre niveau actuel et d’XP, notre classement actuel et notre classement à la Race.
Simple, efficace, mais pas immersif. C’est vraiment ce qui ressort malheureusement de cette expérience, qui vous demandera une bonne vingtaine d’heures pour en voir le bout. On se contente d'enchaîner des matchs - le plus souvent contre des joueurs fictifs, classement de votre avatar au début oblige -, sans cinématiques, sans scénario auquel se raccrocher. Dommage, quand on sait que Top Spin 2K25 met en avant la nouvelle génération de joueurs et joueuses du circuit dans son roster, une histoire dans ce sens n’aurait pas été de refus. On peut évidemment décider de se jeter corps et âme directement dans l'enchaînement de tournois, mais la strat’ sur le court terme est peu recommandée. Le jeu fait la part belle à la monnaie in game (les fameux VC qui font tant rager les joueurs de NBA 2K), celle-ci permet d’améliorer visuellement son joueur de façon assez régulière et rapide. La montée en niveau doit aussi épouser le même chemin, puisque ce sont les entraînements qui vous garantissent l’attribution des points XP et des VC dans ce mode.
On l’a dit, Top Spin 2K25 offre un sacré terrain de jeu au joueur et le mode Carrière n’est évidemment pas le seul endroit où vous pourrez passer un certain nombre d’heures folles. Le jeu propose, outre, des matchs en local (simples et doubles) la possibilité de prendre part à un circuit international dédiée à votre joueur personnalisé et donc à une ribambelle de tournois, un autre, le Circuit 2K, qui vous permettra cette fois de jouer des matchs classés avec de vrais joueurs du circuit et les matchs exhibition en ligne, qui permettent de lier roster existants et joueurs créés. Et là aussi, des objectifs dynamiques viendront récompenser certains de vos exploits, toujours dans l’optique d’améliorer visuellement et techniquement votre joueur. Enfin, on pourra défier ses amis en ligne - avec la présence du cross-play - même s’il faudra attendre fin mai pour pouvoir bénéficier du mode online multijoueur.
Graphiquement, c’est bancal
Une fois que l’on a analysé le contenu, plus que conséquent et suffisamment étoffé pour que chacun y trouve son compte, il est temps de revenir au contenant. Et là, il y a des choses à dire et à redire hélas. Commençons par le bon : en termes d’ambiance, Top Spin 2K25 pousse la licence à date dans des horizons encore jamais explorés. On a parlé des cinématiques d’entrée et de sortie du court, mais on peut aussi rajouter à cela les plans du public - pas vraiment réussi, mais aux réactions sensées et réalistes - ou encore les zooms sur les ramasseurs de balle. On peut et doit surtout évoquer la richesse des courts proposés. Ces derniers sont jouables à trois horaires différents : fin de matinée, journée et nocturne. Et l’éclairage du court a franchement de la gueule à chaque fois, avec un rendu visuel vraiment qualitatif en fonction du moment choisi. En tout, ce sont plus de 40 courts - en comptant les trois déclinaisons horaires et 4 vues différentes qui nous sont offertes pour apprécier le spectacle, ainsi que les 4 terrains du Grand Chelem évidemment et les 9 neufs Masters 1000.
Ce dernier existe oui, mais il n’est pas tout à fait à la hauteur d’un titre aussi ambitieux. Non, Top Spin 2K25 n’est pas moche, il suffit de voir les travaux abattus sur les courts, le jeu de textures assez impressionnant, les effets permanents (usure de la surface, marques des glissades), l’éclairage changeant et adapté selon le temps de jeu (déjà évoqué plus haut). Mais il n’est pas une gravure de mode non plus. Le dire, ce n’est pas “descendre” le produit, c’est juste faire preuve d’honnêteté. Ainsi, la modélisation des joueurs est imparfaite : si certains s’en sortent bien, notamment les ambassadeurs du jeu Roger Federer et Serena Williams, ainsi qu’une partie de la nouvelle vague mise en avant et certaines légendes (mention spéciale pour André Agassi), ce n’est pas le cas du roster dans son ensemble. On cherche encore Pete Sampras… dans le Pete Sampras qu’on nous propose virtuellement par exemple. Et la légende américaine n’est pas isolée. Ce qui est d’autant plus frappant c’est que niveau détails, là en revanche, entre la sueur sur la peau, les plissures sur les visages et les vêtements, tout est là, bien là, et particulièrement réussit.
Un roster qui doit vite prendre du muscle
On l’a déjà évoqué à plusieurs reprises, mais le public n’est pas à la hauteur. Certes il est changeant, avec des tenues adaptées en fonction de la météo et de l’heure et des réactions sonores convaincantes en fonction du match, mais dès qu’on zoome sur lui, ça pique les yeux. Les connaisseurs de NBA 2K ne seront pas surpris, mais on retrouve cette raideur dans les animations faciales des joueurs lors des cinématiques d’intro.On ne blâmera pas Hangar 13 là-dessus pour autant, mais on est en revanche sur notre faim concernant l’ambiance sonore en général. En dehors du match en lui-même et des cris des joueurs/joueuses pendant l’échange, l’ensemble est assez mort. Vide. Cela manque de commentaires et donc d’une certaine vie pour dynamiser tout cela.
Au rayon des déceptions, on peut évoquer un roster de base pas forcément super alléchant. On est heureux de retrouver Agassi ou Nadal, d’avoir Federer et Alcaraz, mais on attend forcément Nadal, Djokovic, Tsitsipas, bref des joueurs du Top 10 (il n’y en a que deux à date), d’autres légendes ou encore Monfils, ce qui nous renvoie à une terrible vérité en tant que français à ce moment du test : pas le moindre joueur ou joueuse tricolore dans le listing de lancement. Ce dernier sera cependant étoffé au fur et à mesure de la saison, et ce, sans ajout de dépenses pour les joueurs. On jugera tout ça sur la durée bien évidemment, comme le modèle économique du jeu, qui, contrairement au cousin basketteux, n’incite pas le joueur à passer à la caisse. Pour le moment ?