Message prémonitoire ou assomption de la fin d'une ère, le titre de la dernière oeuvre de Mistwalker sur console traditionnelle, The Last Story, semblait augurer d'un abandon des ambitions narratives du studio d'Hironobu Sakaguchi. Mais le père de Final Fantasy n'a-t-il vraiment plus rien à raconter ?
Dans le sillage de Party Wave et Blade Guardian, l'aspect scénaristique de Terra Battle s'avère assez léger, pour ne pas dire carrément inexistant. Il se réduit en effet à quelques lignes avant chaque chapitre, histoire de poser délicatement la toile de fond. Des illustrations et des musiques d'ambiance viennent compléter cette mise en scène minimaliste, et pourtant splendide. Car Hironobu Sakaguchi a fait appel à de grands noms pour le character design, son vieux compère Nobuo Uematsu ayant pour sa part signé la somptueuse bande son. Relativement classique, celle-ci se veut tantôt contemplative, tantôt épique, sans s'interdire quelques sonorités plus électroniques. Une touche de modernité que l'on retrouve dans le gameplay, plutôt simple d'accès et surtout totalement pensé pour une interface tactile.
Ogre Puzzle
Il s'agit de déplacer son équipe sur une grille, de manière à prendre les adversaires en tenaille. S'y ajoute un principe d'enchaînement selon la position de nos soldats, idéalement situés sur le même axe horizontal ou vertical, sans oublier le système de supériorité des armes façon pierre-feuille-ciseaux. En somme, Terra Battle ressemble à un RPG tactique traditionnel au tour par tour. Néanmoins, ces actions s'effectuent comme dans un puzzle game, une jauge se vidant dès que l'on initie la manoeuvre. Il faut donc planifier son itinéraire et veiller à bien le dessiner du bout du doigt, un geste pas toujours aisé à réaliser selon la taille de l'écran. Cela fait toutefois partie du challenge, d'autant que la mécanique essentielle consiste à pousser ingénieusement les autres unités sur son passage.
Super Hero Taisen
Terra Battle s'inspire ainsi clairement d'un certain Puzzle and Dragons, voire de Candy Crush Saga, cependant l'oeuvre de Mistwalker se distingue par son approche plus stratégique et résolument posée. Si l'avancée dépend d'abord de la montée en niveau des personnages, leur évolution dévoile une vraie richesse à travers l'apprentissage de compétences et de jobs supplémentaires. De même, les batailles ne se résument pas qu'à affronter des vagues d'ennemis de plus en plus en retors, à l'image des Super Robot Taisen. Les divers pièges que comportent les arènes et les pouvoirs particuliers des nombreuses créatures renouvellent sans cesse la teneur des hostilités. Enfin l'intérêt perdure grâce au loot, aux missions optionnelles (notamment la zone métal pour glaner des montagnes d'XPs) et à l'enrôlement de compagnons supplémentaires, dotés éventuellement de classes rares.
Collecting SaGa
La collectionnite joue naturellement un rôle important dans la dimension payante de Terra Battle, puisque l'énergie peut servir à renforcer son armée, avec des personnages recrutés au hasard. En outre, l'accès à une mission puise dans ce capital de vigueur. Et une fois ce dernier vidé, on doit soit attendre un certain temps pour le remplir, soit passer à la caisse. Compte tenu de la furieuse envie de revanche engendrée par une défaite, les impatients seront forcément tentés de se délester de quelques espèces sonnantes et trébuchantes digitales. Néanmoins, il demeure possible de jouer (très) longtemps sans dépenser le moindre sou, une alternative voulue par Mistwalker qu'il convient de saluer, à l'instar de la méthode de lancement innovante de Terra Battle, dont le contenu s'étoffe au fil des paliers de téléchargement. Au delà d'éléments à vocation plus ou moins promotionnelle, la liste des futurs ajouts comporte des modes versus et coopération, des fonctions qui se révèleront certainement très salutaires quand cette machine de guerre aura terrassé notre restant de vie sociale.