Dans les années 90, Mario est un phénomène (comme aujourd’hui d’ailleurs) et la franchise cartonne à plein tube. Elle se vend par palettes entières et permet à Nintendo de s’installer confortablement au sommet. Big N est un géant et son plombier va devenir un véritable monument intergénérationnel, mais il ne le sait pas vraiment à l’époque. Chose très rare, d’autant plus de nos jours, la firme laisse sa licence quitter le nid le temps de quelques aventures. À l’époque, l’une d’entre elles est gérée par Square, maître incontesté des JRPG dans les années 90. Il en résulte Super Mario RPG, un titre drastiquement différent du reste de la licence, pour le meilleur comme pour le pire.
Le jeu cartonne sur l’archipel et se vend à près de 1,5 million d'exemplaires. Malheureusement, ce Mario RPG ne quittera jamais le Japon. Les Européens n’auront rien à se mettre sous la dent, et Square se fâchera même avec Nintendo, préférant alors se rapprocher de Sony. Résultat, nous n’aurons ni jeu, ni suite, ni espoir de le voir débarquer chez nous… enfin, ça c’était avant puisque pour cette fin d’année, Super Mario RPG revient dans un remake flambant neuf développé par ArtePiazza, un studio réputé pour ses remakes de Dragon Quest sur DS et 3DS notamment. C’est donc pour nous l’occasion unique et idéale de poser nos mains sur l’un des OVNI qui ponctue l’histoire de Super Mario. Un voyage étrange, mais fascinant.
Mario aux pays des RPG
Lorsque l’on sort tout juste de Super Mario Wonder, véritable mandale vidéoludique, lancer Mario RPG peu après a de quoi déconcerter. On oublie les couleurs chatoyantes presque pastel et la direction artistique grandiloquente, et on entame une aventure bien moins aérienne. Mario RPG se présente comme un JRPG classique de l’époque. Vue isométrique, petite carte du monde, combat au tour par tour… le jeu n’a presque pas bougé d’un iota comparé à l’original de 1996 à un détail près, la direction artistique des personnages. Mario, Bowser, Peach, les Toad et toute la clique reprennent la rondeur de leurs traits gagnés au fil des années. On sera d'ailleurs ravis de recroiser leur bouille mais surtout de jouer à leurs côté d'une manière totalement différente de ce dont on est habitué.
Si cela permet au jeu d’être relativement cohérent avec les récentes productions de la licence, ça fait tout de même parfois tache dans le décor. Les environnements sont en effet bien moins féeriques et colorés que ce que l’on peut voir dans les autres jeux de la franchise. Ce remake reste fidèle à son modèle d’origine, et les décors sont donc plus détaillés et “réalistes”, si j’ose dire. Les couleurs sont plus "ternes" et l’ambiance globale plus sombre qu’à l’accoutumée. On ressent alors une sorte de cassure entre nos héros et les lieux qu’ils explorent. Un sentiment qui ne nous quittera jamais au fil de l’aventure, même si on verra un grand nombre de décors tirés du royaume champignon.
Un plombier fidèle à lui-même
RPG ou pas, Mario reste Mario. On a un grand vilain, qui supplante cette fois indécrottable Bowser pour quelques heures, et le royaume est menacé. C’est donc à Mario d’enfiler sa salopette pour sauver encore une fois le monde. La routine pour le plombier. Seulement ici pas de plateforme, même si quelques séquences nous demanderont de faire quelques sauts avec précision. Chose délicate puisque la vue isométrique pose un problème pour se déplacer et anticiper nos sauts. Mais ce n’est pas bien grave puisque ce qui règne ici c’est bien le RPG à l'ancienne. On évolue donc dans de petits niveaux semi-ouverts où rôdent tout un tas de monstres que l’on devra terrasser pour glaner de l’expérience et des objets.
Il est d’ailleurs très amusant de voir que finalement, le RPG colle plutôt bien à l’univers de Mario. Le bestiaire est fourni, les objets (champignons, étoiles, pièces…) sont tous présents et on retrouve les mécaniques de jeu de la série principale. Marteau, saut sur la tête… Mario sait se battre. RPG oblige, on aura aussi le droit à tout un tas de nouveautés, comme des pouvoirs élémentaires pour appeler la foudre par exemple ou la possibilité d’équiper trois petites pièces d’équipement pour gonfler ses statistiques. On reste toutefois sur quelque chose de très basique. Les stats se contentent de nous parler de points de vie, de défense, d'attaque et de « mana » (des fleurs) pour utiliser nos compétences. Il n’y a clairement aucune raison d’avoir peur, Mario RPG n’est pas bien compliqué et reste ultra accessible.
Un RPG accessible
Il est pourtant bien plus bavard que le reste des jeux Mario et dispose de mécaniques uniques directement tirées de licences dont Square avait l'habitude de s’occuper à l’époque. Il est possible de tailler un brin de causette avec un grand nombre de PNJ, alors que la plupart des cinématiques sont muettes d’ailleurs. On saluera par ailleurs le fait que le jeu est entièrement traduit en français et plutôt bien localisé d’ailleurs. Pas de couac ou d’expressions bizarres, chose qui arrive parfois malheureusement.
En plus de pouvoir discuter avec les habitants du Royaume Champignon, qui grouille de vie d’ailleurs à la ville comme à la campagne, on aura même la possibilité d’aller acheter de l’équipement et des objets dans différentes boutiques ou louer une chambre pour dormir et reprendre ses points de vie. Les amateurs de RPG connaissent très bien ces mécaniques et le jeu accompagnera doucement les néophytes pour leur permettre de s’imprégner des mécaniques de jeu facilement. De toute manière, Mario RPG n’est pas bien difficile, ça fait d’ailleurs de lui une excellente porte d’entrée pour celles et ceux qui n’ont jamais vraiment joué à un RPG de leur vie. La gestion de l’équipement est simple au possible (trois emplacements et basta) et le système de combat est très accessible.
Des combats classique, mais amusants
On est sur du tour par tour classique où l’on doit choisir une action à chaque fois (attaquer, se mettre en posture défensive, utiliser un objet ou de la magie…). Chaque personnage de notre équipe jouera à tour de rôle et chacun aura généralement des capacités différentes. En tout cas, des approche de l'affrontement diverses. Certains opteront pour l'affrontement direct tandis que d'autres favoriseront par exemple la magie ou la défense. Et il y a un bon nombre de héros de la franchise qui nous rejoindront durant notre aventure, mais ça, chut ! Pour ce qui est des ennemis, chacun d'eux dispose de forces et faiblesses que l’on devra exploiter pour vaincre et puis s’en vont. Histoire d’apporter un peu plus de dynamisme toutefois, les développeurs ont intégré un système de combo.
À chaque fois que l’on fait une action (offensive ou défensive) on a la possibilité d’appuyer sur une touche au moment pile de l’impact. Ça permet non seulement d’augmenter les dégâts (ou d'encaisser davantage en cas de défense) en cumulant des boost de stats à chaque fois, mais aussi de remplir une jauge de combo qui permettra de déclencher de puissants bonus une fois pleine. Très sympa surtout lors des combats les plus ardus, les boss par exemple qui peuvent rapidement nous punir.
Oui, Super Mario RPG est un bon remake
D'autres nouveautés sont également de la partie, outre l'évidente refonte graphique, technique et audio. On a par exemple un système de voyage rapide accessible à la volée, des sauvegardes automatiques qui s’ajoutent aux classiques sauvegardes manuelles, un mode facile ou encore un bestiaire qui recense toutes les créatures affrontées. Quelques ajouts sympathiques qui ne détériorent en rien l’expérience originelle et au pire des cas si vous êtes ultra puriste, vous pouvez tout simplement vous passer de ces nouveautés.
Pour le reste, le jeu est identique à son matériau d’origine. Histoire, mise en scène, dialogues.. rien n'a bougé et ce n'est pas plus mal. Les européens malchanceux que nous étions dans les années 90 peuvent désormais profiter d'un excellent petit jeu qui sort des sentiers battus, comme a l'époque. En mieux même finalement. Mieux vaut tard que jamais !