Mario est l'une des figures les plus connues du jeu vidéo. Le célèbre plombier moustachu a marqué plusieurs générations depuis sa création dans les années 80. Désormais, on ne parle plus de Nintendo sans l'évoquer. On n'imagine plus le paysage vidéoludique sans lui et toute sa clique. Mario est partout, omniprésent chez Big N et il a presque tout fait, tout vu. Au fil des années, il aura su se diversifier. S'il ne débouche pas des lavabos ou qu’il ne sauve pas le monde, le bougre se fait des party-games entre potes, du golf, du tennis, du foot, du kart, et tout un tas d’autres choses. La franchise a pratiquement picoré dans tous les genres.
Pourtant, les jeux qui constituent l’artère principale, se sont bien souvent reposés sur leurs acquis. Dernièrement, on a d'ailleurs eu le droit à pas mal d'opus surfant sur d'anciennes sorties. Des remakes à peine avoués qui, s'ils sont excellents à bien des niveaux, ne pouvaient pas empêcher les cartouches de sentir le réchauffé. Mais ça, c'était avant Super Mario Bros Wonder. Un tout nouveau titre inédit qui a une double responsabilité. Apporter un gros vent de fraîcheur au sein de la franchise en se modernisant, mais aussi se réconcilier avec ce qui a fait de Mario la licence surpuissante qu'elle est : la plateforme en 2D. Et devinez qui vient de remporter haut la main son double pari sans forcer ?
Mario aux pays des fleurs
Lors de son annonce, puis de ses nombreuses présentations, Super Mario Bros Wonder nous en a mis plein les yeux. Couleurs à gogo, mise en scène dynamique, nouveautés en pagaille et grandes ambitions. Nous l'avons vu lors de notre preview, ça sentait très, très bon dès le départ, et le fait est que je n'ai jamais été déçu du voyage sur plus d’une dizaine d’heures de jeu le sourire aux lèvres, des étoiles clignotantes dans les yeux. Super Mario Bros Wonder est un grand jeu Nintendo Switch, un grand jeu de plateforme tout court même.
On oublie un peu le Royaume Champignon que l'on a déjà écumé en long en large et en travers, et on se rend cette fois au Royaume des Fleurs, une région voisine dirigée par le roi Florian. Pas de Toad tacheté ici, mais des petits hommes bourgeonnants. Pas de champignon, mais d'incroyables plantes aux propriétés magiques : les Fleurs Prodiges. Ces dernières peuvent faire tout un tas de choses, comme déformer l'espace, les formes et le temps autour d'elles. C'est d'ailleurs ce qui arrive d'entrée de jeu lorsque Bowser sort de nulle part, vole les Fleurs magiques du roi Florian et s'en sert pour littéralement fusionner avec un château afin de devenir une sorte de forteresse volante et vivante. On connaît la musique : Bowser fait des siennes, pollue tout le royaume et l'on va devoir vadrouiller aux quatre coins de la région pour sauver une fois de plus tout un royaume. Pas d'étoiles à récupérer cette fois, mais des graines de fleurs surpuissantes, toutes gardées dans des régions différentes et protégées par un rejeton de Bowser, évidemment.
La construction de Super Mario Bros Wonder ne surprendra donc pas dans le fond. C'est la même chose depuis des années maintenant. On a une carte du monde divisée en biomes drastiquement différents qui sont là pour nous faire voir du pays, et on évolue petit à petit en débloquant des graines (l'équivalent des étoiles jadis) nous permettant de déverrouiller les niveaux petit à petit. Une recette simple et qui fonctionne toujours aujourd’hui. On est en terrain conquis, personne ne sera brusqué.
Mais Nintendo a toutefois revu quelque peu sa copie ici aussi en offrant un peu plus de souplesse et de liberté qu'habituellement. Si au départ les niveaux s'enchaînent assez naturellement, on débloque rapidement une zone centrale, sorte de hub par lequel on passera obligatoirement pour poursuivre son aventure. Cet archipel regorge lui aussi de niveaux et de graines à déverrouiller, mais il sera surtout là pour faire la connexion entre toutes les régions du jeu. Au bout d'un moment, vous serez même apte à choisir votre cheminement. Un petit plus agréable qui nous laisse un peu de liberté. Dans le fond, ça ne changera pas grand-chose, dans la mesure où le fil conducteur restera le même de toute manière.
Un peu de challenge, de l'accessibilité, beaucoup de plaisir
On peut donc très vite choisir l'ordre dans lequel on souhaite faire les stages, ces derniers affichent d'ailleurs leur niveau de difficulté, histoire de nous informer un peu sur les défis qui nous attendent. Parce que oui, aussi surprenant que cela puisse être, Super Mario Bros Wonder vous donnera de temps à autre du fil à retordre. Certains stages demandent une dextérité à toute épreuve et n'hésitent pas à faire appel à toutes les mécaniques de jeu. Dans l'absolu, ça reste abordable, mais il ne sera pas rare de devoir s'y reprendre à plusieurs fois lors de certains passages. On pense ici notamment à certaines épreuves courtes, sortes de défis bonus, qui requièrent bien souvent de la réflexion ou une agilité assez pointilleuse.
Quelques passages m'ont d'ailleurs rappelé des niveaux ou des techniques croisées dans Super Mario Maker 2, notamment en ce qui concerne les phases de plateforme qui demandent de la précision. Nintendo vise très clairement un nouveau public ici, les joueurs plus habitués aux jeux de plateforme, ceux qui aiment serrer des dents en enchaînant les sauts millimétrés, au lieu de simplement miser sur le grand public comme à son habitude. Mais que celles et ceux qui veulent profiter du jeu sereinement se rassurent, les développeurs ne vous ont pas oublié pour autant. Vous pouvez par exemple terminer le jeu sans trop forcer et sans vous casser les dents sur des niveaux trop difficiles puisqu’il n’y a pas besoin de TOUT faire pour avancer. En revanche, ce choix signifiera que vous ferez une croix sur une partie du contenu. Sinon, vous pouvez aussi opter pour l'un des personnages invulnérables du jeu.
Super Mario Bros Wonder permet d'incarner pas moins de douze héros de la franchise. Mario, Luigi, Peach, Daisy, Toadette et deux Toad, mais aussi quatre Yoshi de couleurs différentes et Carottin, une sorte de petit lapin violet. Les premiers personnages n'ont pas de capacité spéciale, mais peuvent compter sur un grand nombre de bonus déblocables en jeu. Les Yoshi et Carottin, eux, ne peuvent pas utiliser de bonus et sont invulnérables en plus d'être dotés de petites compétences, comme le fait de « courir » en l’air pour planer un peu ou avaler des ennemis de face pour Yoshi. Ces personnages représentent le mode facile, voire assisté, de Super Mario Bros Wonder et permettent de profiter de l'aventure complète sans forcer. L'expérience standard en revanche se fera plutôt avec Mario, son frangin, les deux princesses et les Toad. La formule ici, on la connaît. On se balade, on trouve des power-ups, on se transforme et on profite du spectacle. Et quel spectacle !
Une nouvelle pépite pour Mario
Super Mario Bros Wonder est dantesque, incroyable même bien souvent. Parcourir des stages en scrolling horizontal dans des environnements en 2D, parfois en 2.5D, on connaît. Par contre, Wonder met un sacré coup de frais à une recette que l'on pensait connaître sur le bout des doigts. Déjà d'entrée de jeu, cette nouvelle aventure nous en met plein les rétines. C'est superbe, sublime, divin, et tout ce que vous voulez. La petite Switch n’a pas à rougir, Super Mario Bros Wonder est techniquement impeccable et artistiquement de très haut niveau. La direction artistique a su mûrir et s'est affinée tout en conservant ses rondeurs et ses couleurs si précieuses.
Les personnages sont plus beaux que jamais et même s'ils ne semblent pas avoir changé, ils ont pourtant bel et bien pris du galon. Bah oui, déjà Mario et Luigi n'ont pas la même voix, même s'il faudra être un sacré fan pour entendre la différence. Bon après, il faut aussi dire que les plombiers ne sont pas très bavards, mais le peu de fois où on les entend vraiment ouvrir la bouche, c'est convaincant et fidèle au travail abattu pendant des années par le dinosaure Charles Martinet. En parlant de voix d'ailleurs, le jeu est un peu plus bavard que la norme notamment à cause des Fleurs Cancan, ce sont de petites plantes que l'on croisera dans les niveaux et qui n'hésitent pas à nous interpeler en bavardant. Si on peut les désactiver via les options, elles ne gênent absolument pas et sont par ailleurs doublé en français. Une petite évolution de plus. Mais là où le jeu surprend un peu plus c'est surtout en termes d'animations, il y en a tellement ! Des petites mimiques lors des sauts, lorsqu'on entre ou que l'on sort d'un tuyau, ou quand on interagit avec des objets spécifiques… les détails fourmillent.
Même le bestiaire a su s’étoffer et aux côtés d’ennemis historiques et iconiques de la franchise, se dresse désormais une armée de nouvelles créatures, dont des variantes de petits monstres que l’on reconnaîtra au premier coup d'œil. On compte tout de même un grand nombre d’inédits et ça fait plaisir. Bémol toutefois concernant les boss. Ils ne sont toujours pas bien difficiles à vaincre, et pas très originaux dans l’ensemble non plus. On pourra dire d’eux qu’ils imagent assez bien l’aspect nostalgique que ce Mario essaye d’aller chercher, mais c’est tout.
Mais c’est vraiment pour chipoter, parce que les nouveautés prennent largement le dessus sur tout le reste, comme par exemple de nouvelles transformations qui, en plus d'être amusantes, offrent de perspectives complètement différentes. On pense à la possibilité de devenir un éléphant qui change totalement notre rapport avec les stages à cause de notre poids, notre puissance et notre taille, ou encore la fleur à bulle qui peut carrément permettre aux plus agiles d'atteindre des endroits autrement inaccessibles. Mais ici encore, on sait à quoi on a affaire. On est en terrain conquis. Là où Nintendo surprend totalement, c'est avec sa composante light RPG. C'est presque une norme dans l'industrie désormais. Toutefois attention, ici pas d'expérience ou d'équipement à gérer, mais simplement des compétences à déverrouiller qui peuvent entièrement changer notre façon de jouer et même carrément d'aborder le jeu.
Ces capacités uniques, appelées ici badges, se débloquent au fil de l'avancée et offrent différents pouvoirs, comme l’aptitude de faire des pointes de vitesse sous l'eau, de planer dans les airs, de faire des sauts super hauts ou même de gagner des pièces en éliminant des monstres. Des compétences que l'on ne pourra équiper qu'une à une avant de lancer un niveau bien souvent. Ça ne paraît pas comme ça, mais ces badges changent totalement la donne. On peut carrément redécouvrir des stages entiers suivant la compétence équipée, trouver des bonus cachés ou des chemins de traverse bien planqués. Identifier et utiliser les bonnes compétences sera d'ailleurs obligatoire pour les complétistes qui tenteront de décrocher le 100%. La rejouabilité est donc très largement galvanisée, le joueur est invité à expérimenter et à être curieux, et on s'éclate. C'est franchement une réussite totale. Bon, certains badges ne servent pas à grand chose non plus si ce n'est modifier son expérience, mais ils restent tout de même amusants.
C'est encore meilleur à plusieurs
Comme si ça ne suffisait pas, Nintendo s'est amusé à faire de chaque stage un véritable feu d'artifice. Il n'y a pas un seul niveau qui ne profite pas d'une mise en scène grandiloquente ou d'effets artistiques surprenants. Certaines séquences m'ont littéralement décroché la mâchoire. Que c'est beau, inspiré et amusant ! Et c'est sans compter les fameuses Fleurs Prodiges présentes dans pratiquement tous les niveaux. Elles changent elles aussi l'expérience lorsqu'on les active puisqu’elles modifient instantanément le monde lorsque notre héros entre en contact avec l'une d’elles. On voyage alors dans un univers halluciné et hallucinant où il peut se passer tout et n'importe quoi d'ailleurs. Une comédie musicale de Plantes Piranha, un troupeau de bisons tout ronds qui fend le ciel ou un véritable festival de son et lumière… Le spectacle est assuré de bout en bout de l'aventure, on ne s'ennuie pas un seul instant, c'est impossible, vraiment, à moins d'être totalement hermétique aux joyeusetés colorées et festives.
Cerise sur le gâteau et pas des moindres, Super Mario Bros Wonder est un jeu qui se partage en local mais aussi en ligne. Si la coopération locale a toujours plus ou moins fait partie des expériences proposées par la licence, Wonder va un cran au-dessus et propose de vraies fonctionnalités multi. On peut par exemple jouer de manière directe avec d'autres joueurs qui parcourent alors les mêmes stages que nous de leur côté, mais qui peuvent interagir avec nous, notamment en nous sauvant d'un mauvais pas lors de notre trépas. Il suffit pour ça de créer un salon pouvant accueillir jusqu’à une douzaine d’amis en ligne que l'on peut retrouver sur la carte du monde. Il est ainsi possible de lancer des activités comme des niveaux ou même des petites courses et autres défis. On peut également jouer de manière asynchrone en posant des panneaux ici et là pour aider les autres joueurs puisque lorsque l'on joue en ligne et que l'on passe l'arme à gauche, on se transforme en fantôme. Il suffira alors d'un contact avec un joueur ou un panneau pour revenir à la vie. Placer des pancartes à des endroits stratégiques a donc un réel intérêt, et si vous faites mouche, les joueurs du monde entier peuvent même vous récompenser avec quelques likes. En somme, sans être indispensable, le mode multijoueur de Super Mario Wonder est réellement intéressant et garantira de belles sessions de fun.