Cyanide est un studio de développement français à qui l'on doit, entre autres, les Pro Cycling Manager ou encore Of Orcs and Men, sorti en 2012. Ce jeu d'action proposait d'ailleurs deux héros, Arkaïl et Styx. Il n'y a donc pas de hasard, les développeurs reprennent en partie l'univers développé dans ce dernier pour nous offrir une aventure axée, cette fois, purement sur l'infiltration.
L'aventure de Styx se déroule avant celle de Of Orcs and Men et vous y trouverez d'ailleurs quelques références intéressantes pour ceux qui ont accroché à cet univers particulier. Mais Master of Shadows se penche particulièrement sur Styx, un gobelin qui a de la bouteille et qui infiltre la tour d'Akenash pour y voler le coeur de l'arbre monde. Ce conifère porte en son sein une ambre capable de donner des pouvoirs spéciaux à certains élus, dont notre gob'.
Il n'ira pas dans le Styx
N'y allons pas par quatre chemins, bien que cela soit possible dans le jeu, et soulignons tout le coeur mis par les développeurs dans le level design de la cité d'Akenash. Des niveaux bien pensés, découpés en zones, et dans lesquels il faut atteindre la sortie. Et pour cela, Styx doit être le plus invisible possible. Pas vraiment capable de soutenir une joute face à un adversaire de taille, le gobelin doit user de toute sa fourberie pour assassiner, de préférence dans le dos, ses adversaires. A vous donc d'être silencieux et discret afin de faire votre besogne et atteindre votre objectif. Mais si le meurtre silencieux est une alternative efficace, Styx a d'autres cordes à son arc, qu'il doit d'ailleurs au level design réussi et tout en verticalité du jeu.
Un environnement à exploiter et à dominer
Avec ses pouvoirs à débloquer en fonction de différents arbres de compétences (furtivité, agilité, clonage, vision d'ambre, équipement, assassinat et prédateur) et les multiples interactions avec les décors, Styx jouit d'une large palette d'options. On le retrouvera une fois sur un lustre pour le faire tomber sur les gardes, une autre fois dans l'ombre, prêt à bondir après avoir éteint les torches de la zone, ou encore dans le dos d'une sentinelle se baladant trop près d'un balcon pour la pousser au moment opportun. Et ne parlons pas de ses talents de lanceur de couteaux ou d'équilibriste pour éliminer ses ennemis plus facilement. Tout le plaisir du titre vient donc de l'adéquation entre vos dons d'observations et les possibilités offertes par les développeurs en termes de level design et de pouvoirs.
Deux compétences sont d'ailleurs à mettre en avant, le clonage et la vision d'ambre, puisque leur utilisation est fréquente. La première permet de créer et de gérer à distance un clone de Styx en dépensant de l'ambre, denrée très rare. Notre jumeau fait alors office de leurre ou peut, par exemple, se faufiler à travers les grilles, appuyer sur des interrupteurs et se cacher dans des coffres pour attraper les passants. Bien utile pour contourner un problème souvent simple, l'utilisation de ce lutin décérébré apporte un peu de fraîcheur dans le gameplay. La vision d'ambre, elle, sert à repérer toutes les interactions possibles avec l'environnement ainsi que les gardes pour connaitre leurs positions et leurs cycles de rondes. Vous l'aurez compris, les possibilités sont nombreuses et plus ou moins variées en fonction des situations et du level design, souvent bien pensé.
Petites ombres au tableau
Malheureusement, l'I.A un poil défaillante des ennemis (ils ne cherchent pas plus loin que le bout de leur nez) et le fait de ne pas forcément avoir à utiliser certains pouvoirs de Styx, notamment en modes de difficulté moyen et facile, sont finalement un léger frein à la créativité. Souvent, on préfèrera passer simplement dans le dos de ses cibles pour les achever sauvagement ou discrètement. Evidemment, ce ne sera pas le cas en niveau difficile ou dans le mode le plus ardu, "Gobelin", puisque le danger est permanent et ne donne finalement pas le droit à l'erreur.
Précisons aussi que la jouabilité de Styx est un rien old-school, même si on s'y fait très bien sur la longueur, et qu'elle manque parfois de précision, notamment durant les phases de plates-formes, ce qui est dommage pour un jeu dans lequel il faut souvent exploiter la verticalité des lieux.
Terminons enfin en parlant de la réalisation. Même si les textures ne sont pas folles, une direction artistique soignée et parfois superbe, compense une réalisation technique un rien en retrait. Mais insistons sur le fait que le titre est vendu moins de 30€ et qu'il propose un peu plus d'une quizaine d'heures de jeu sans compter la possiblité de refaire les niveaux pour améliorer son score et découvrir de nouvelles manières de progresser. Un bon plan, donc, pour les fans d'infiltration pas trop exigeants qui cherchent une alternative intéressante aux MGS, Hitman et autres Assassin's Creed, même si ce dernier n'est pas forcément ce qui se fait de mieux dans le genre infiltration.
Styx : Master of Shadows est indéniablement une bonne surprise, même s'il n'est pas toujours aussi bon que les ténors du genre infiltration. Avec son petit prix, son univers bien à lui et travaillé, ses nombreuses possibilités ainsi que son level design intelligent, il ne pourra que satisfaire les joueurs à la recherche de jeux d'action/infiltration à forte replay value. Et ceci malgré une I.A pas toujours au top, un gameplay pas forcément hyper précis, une certaine impression de redondance (si on est flemmard ou si on joue dans les modes "faciles") ou encore des phases de plates-formes pas toujours évidentes à négocier.