Après la première vague d'adaptations en 3D (Nintendogs, Super Street Fighter IV, Monkeyball ...) et une bataille de navets 3DS, Steel Diver fait à son tour surface. En admirant la pochette à l'effet lenticulaire et l'écran titre style "aquarium" de cette nouvelle licence, on a plutôt envie d'y jouer en se disant : "tiens un PilotWings sous-marin". Mais l'envie est à la hauteur de la déception, puisqu'on a plutôt l'impression d'avoir une démo technique entre les mains.
Nous sommes en l'an 19XX. Une nation militaire avide de pouvoir a commencé à envahir les nations voisines les plus faibles, menaçant gravement l'équilibre mondial. En secret, une flotte de sous-marins issus des meilleures armées de la planète a été rassemblée pour préserver la paix dans le monde. Ce corps d'élite est connu sous le nom de A-Team Steel Diver ! Et il se livre à trois types d'exercices... pour trois gameplays différents.
Stratégie à la Silent Service
Sur les trois modes de jeux, deux sont plus un petit bonus qu'autre chose. Tout d'abord le grand classique, la Bataille Navale, qu'on a tous connue un jour au dernier rang, pendant les cours de latin. Ce mode vous met aux commandes d'une petite flotte sur un total de 9 maps où chacun son tour, les deux camps essaient de couler l'adversaire. Qui l'aurait cru ! On aurait pu imaginer de nouvelles idées de tactiques un peu plus poussées mais il n'en est rien, et Steel Diver fait vraiment tâche en comparaison à des jeux plus anciens (et moins cher) comme Advance Wars sur DS ou un Tom Clancy's End War sur PSP. Heureusement, comme sur l'ancienne DS, la fonction Téléchargement permet de jouer à deux avec une seule cartouche, parce que 80 euros pour faire une bataille navale avec deux exemplaires du jeu...
Torpillage manuel
Le deuxième mode intitulé Périspcope, permet comme son nom l'indique de couler des bateaux tous azimuts à travers une vue subjective. On doit donc bien juger de la distance qu'a à parcourir la torpille, et de la vitesse à laquelle circulent les bateaux pour taper dans le mille et essayer de les couler en un seul coup. Si vous avez pu jouer à Silent Service à l'époque sur Commodore 64 vous aurez peut-être toujours quelques skills utiles en poche... Pour ce qui est des contrôles, vous avez le choix entre utiliser le stylet ou le gyroscope intégrée de la 3DS pour faire pivoter votre périscope. Cette façon iphonesque de jouer s'avère plus que laborieuse puisqu'on n'a pas toujours la possibilité de s'amuser à faire des spins sur une chaise de bureau et à force de bouger la console on ne voit plus rien, surtout avec la 3D allumée. On regrettera donc fortement la possibilité d'utiliser la croix directionnelle ou le stick analogique de la console.
Plate-forme sous-marine
On arrive donc au cœur du jeu : le mode Missions dont on attendait qu'il offre la fraîcheur d'une nouvelle licence made in Nintendo. Mis à part un scénario dont vous avez lu tout la richesse, l'originalité, la complexité et le génie dans la première phrase de ce test, ce mode reste une sorte de mini-jeu découpé en niveaux. Il s'agit de missions en vue de côté, dans lesquelles on part d'un point A pour arriver à un point B en évitant les obstacles et les dangers, et en détruisant les navires ennemis. Le mode s'articule autour de 7 campagnes dont les deux dernières sont à débloquer en accomplissant les missions précédentes avec chacun des 3 sous-marins à disposition. Chaque modèle a ses propres caractéristiques, plus ou moins adaptées à certaines situations. En gros, plus la taille du sous-marin est grande, plus il est puissant, résistant et plus sa vitesse de pointe est élevée, mais plus il est dur à manœuvrer dans les espaces étriqués. A la différence de ses grands frères le ND-03 BlueShark et le ND-05 Serpent, le plus petit d'entre eux, le ND-01 Manatee, dispose de torpilles qui se lancent à l'horizontale ET à la verticale, ce qui peut s'avérer très pratique lors des combats de boss. En revanche, il ne peut pas modifier son inclinaison comme le ND-03 et le ND-05.
Pensez à faire une pause, mon Capitaine
Mais même si c'est assez marrant au début de diriger son vaisseau au stylet en ajustant la position d'un curseur le long de barres marche-arrière/marche-avant et faire surface/plonger, ça peut vite devenir énervant quand on veut être réactif et précis face aux dangers en surface et en profondeur. A ceci se rajoutent les fuites dans la coque qu'on doit colmater en appuyant sur un endroit précis du tableau de bord, au stylet. C'est évidemment cette lenteur et cette imprécision des contrôles qui est censée faire du gameplay de ce mode de jeu une expérience de pilotage de sous-marin, avec tout ce que cela comporte lourdeur, malheureusement il faut bien reconnaître que ça n'est pas forcément très fun très longtemps. En grande partie à cause, aussi, d'un manque de renouvellement handicapant.
C'est donc ça les fonds marins ?
Malheureusement, côté game-design et level-design, on nage en effet dans le simpliste. Vous dirigez donc votre sous-marin à travers les eaux en scrolling vertical 2D. OK. C'est une bonne représentation pour profiter de l'impression de profondeur 3DS. Mais à part y éviter des bombes à eau (pas celles qu'on se balance à la récré, hein), des mines, des bateaux et des sous-marins ennemis, des rochers et des baleines... Pas grand chose à y faire. Un peu comme dans Bubble Ghost finalement, mais en moins fun. Vous aurez tout de même la possibilité en mer calme de faire surface afin de réparer les dommages essuyés pendant vos périples. Il faudra malheureusement attendre les derniers niveaux pour avoir des adversaires plus surprenants, des éléments du décor aux abords difficiles, et surtout des boss qui ont un réel intérêt... comme le tout dernier.
Après chaque réussite de mission vous aurez droit à une mission Périscope bonus où vous pourrez canarder vos ennemis et récolter des emblèmes à coller sur les sous-marins afin de booster leurs capacités. Un serpent de mer augmentera la vitesse à laquelle on fait surface, l'éclair accélère la vitesse des torpilles, etc. Enfin, pour les plus masochistes d'entre vous, vous avez la possibilité d'effectuer des speed-runs dans les mêmes niveaux légèrement refaits pour les besoins de ce mode contre-la-montre. Mais c'est là aussi qu'on se rend vraiment compte que Steel Diver n'est pas réellement un jeu de simulation avec des duels passionnants de torpilles et des moments de plongées angoissants. Ce n'est pas non plus un titre d'arcade fun et survolté. C'est plutôt un p'tit jeu d'adresse avec des sous-marins.
Il va falloir que quelqu'un m'explique pourquoi Steel Diver n'est pas déjà sorti il y a des lustres sur la bonne vieille DS. Les passages au périscope sont quasiment les seules séquences de jeu qui essaient de tirer partie du nouveau hardware avec sa fonction gyroscopique, mais échouent en calvaire de maniabilité. Quant à la 3D... l'effet visuel sympathique de profondeur qu'on éprouve au début s'estompe rapidement et n'apporte surtout rien au gameplay. Et ce n'est malheureusement pas avec la partie bataille navale, qui nous amuse aussi longtemps qu'on peut retenir notre souffle sous l'eau, que le jeu rattrape ses faiblesses. Reste un jeu qui aurait pu sortir en début de vie de la DS et qui aurait certainement eu plus d'impact à l'époque, alors que la maniabilité au stylet était encore une innovation.