Heureusement, le temps fera son œuvre et la licence Starship Troopers grandira. Le premier film est désormais culte, ses suites sont de jolis nanars qui n’arriveront jamais à ne serait-ce que se mettre au même niveau, mais feront bien marrer quand même, et plusieurs autres projets verront le jour. Films animés, livres et jeux vidéo entre autres. Dans notre médium, la licence ne brillera pas vraiment, malgré quelques titres sympathiques comme Starship Troopers Terran Command, un jeu de stratégie en temps réel, mais les sensations sont loin d’être représentatives de ce que dégage le film. Il faudra donc attendre 2024 pour y goûter enfin avec Starship Troopers Extermination. Malheureusement qu’on se le dise, on est loin de ce que l’on aurait pu espérer, mais on s’en rapproche.

Fans de Starship Troopers, devinez qui est lààààà ?

Participer à la grande guerre galactique, défendre la Terre des assaillants arachnides, nettoyer les nids de ses saletés de bestiole. Les jeunes adultes d’aujourd’hui biberonnés à l’ultra violence de Van Varhoeven n’attendent que ça. Nous aussi on veut hurler « Tout le monde se bat. Personne se barre ! ». On a d’autant plus les crocs depuis l’excellent Helldivers 2, son élève, qui n’existerait tout simplement pas sans Starship Troopers, et c’est plus que de l’inspiration à ce stade.

Autant vous dire qu’on a les pommettes chaudes à l’idée de plonger enfin dans la mêlée aux côtés de Rico, LE Rico du premier film, désormais devenu général dans ce Starship Troopers Extermination. C’est l’une des promesses, sur le papier. Un mode solo sous les ordres de Casper Van Dien, une rock star pour les fans, un acteur de série B pour le commun des mortels. Manque de bol, il y a erreur sur la marchandise. C’est bien sa voix, certes, mais non seulement ce bon vieux Rico, désormais quinquagénaire, est méconnaissable, mais en plus il n’est rien qu’une image figée sur un spot TV. Planté là à nous donner des ordres. La campagne principale à faire en solo n’est qu’un gigantesque tuto, une mise en bouche pour la suite, mais surtout un apéritif raté.

starship troopers test PS5
Ce bon vieux Rico ! Mais si, regardez bien, c'est lui ! ©KiKiToès pour Gameblog

Pas de mise en scène, aucune sensation de participer à quelque chose de grand, on n’a même pas le droit à des publicités rocambolesques pour vanter les mérites du sacrifice de soi. C’est d’ailleurs un problème que l’on retrouvera partout. Contre toute attente, Starship Troopers Extermination est froid. Des menus aux missions en passant par ses écrans de chargements, c’est austère. On est loin, très loin derrière Helldivers 2 qui nous met dans l’ambiance dès le départ, comme le faisait le film Starship Troopers à son époque. Jouant à un jeu sous licence, on était en droit de s’attendre à un résultat à minima similaire au long-métrage, mais que nenni, là-dessus, l’élève a dépassé le maître, le patron maintenant, c’est Helldivers.

On ne parle même pas ici de moyens puisqu'il est évident que le petit studio Offworld, qui s’est construit à partir d’une communauté de moddeurs passionnés, n’a pas eu les mêmes ressources qu’Arrowead, poussé par PlayStation. Mais on aurait clairement préféré ne pas avoir à s’infliger un enchaînement de missions ni passionnantes ni utiles en solo, mais avoir plutôt le droit à plus d’immersion dans l’univers de la licence. Rico aurait pu rester au vestiaire, malheureusement, si la présence du personnage fera sourire les fans les plus hardcores, ils vont redescendre aussi sec tellement le héros est sous-exploité, pour ne pas dire inexistant.

Bruh la vilaine bestiole ! ©KiKiToès pour Gameblog

Troopers ! En avaaaaannnnnnntttt !!!!

Allez, oublions le solo, on est pas là pour ça, le véritable intérêt de Starship Troopers Extermination c’est sans aucun doute le multijoueur. On parle ici de missions à faire en coopération de 4 à 16 joueurs. Des centaines d’arachnides à dézinguer en simultané. De bases à construire et à défendre, de classes à faire monter pour déverrouiller de l’équipement et aller toujours plus loin dans d’immenses campagnes galactiques censées s’étendre sur plusieurs jours et semaines. Tout ça, ça vend du rêve, non ? Assurément ! Même si expliqué de la sorte c’est un peu bordélique, mais il y a une raison à ça : le jeu EST un vrai bordel.

Ça commence dès les menus. Ils sont partout, divisés en onglets, en sous-onglets, en sous-sous onglets… Difficile de s’y retrouver d’autant que c’est une fois de plus très froid et la typo des textes n’aide pas vraiment à y voir clair, en tout cas depuis sa TV lorsqu’on joue sur PS5. Sur PC, la proximité avec l’écran passe un peu mieux, mais on n’a pas tous la chance d’être équipé, encore moins lorsqu’on est joueur console. Il y aura bien quelques options d’accessibilité pour s'accommoder, mais rien de game changer malheureusement. Il faudra donc faire avec.

Un peu de débrouillardise vous donnera accès aux sous-sous menus des classes. On en compte six allant du Gardien, un tank capable de déployer des systèmes de défense personnels, au Sniper et son gros fusil, jusqu’à l’ingénieur capable de construire à vitesse grand V et sur terrain inadapté, ou alors de tout cramer avec son lance-flamme. Il y en a pour tous les goûts et sur le papier encore une fois, ça vend du rêve. Mais lorsque 16 personnes s'agglutinent sur 20m², l'efficacité de nos troupes ne fait plus vraiment sens finalement. Comme dans un Battlefield, les joueurs sont divisés en petites escouades de quatre hommes et femmes prêts à en découdre. Grâce à ça, ils peuvent se repérer facilement sur le champ de bataille (non), et justement jouer en équipe (non, toujours pas). C’est peut-être vrai les premiers instants, les grosses trente premières secondes de la partie avant que tout ne parte en sucette, mais par la suite, on va vite se rendre compte qu’il n’y a que peu d'intérêt de jouer en escouade dans Starship Troopers Extermination. Il suffit de suivre la masse, ou les cadavres.

Les corps s'entassent, l'ambiance est là quant elle veut bien ©KiKiToès pour Gameblog

On défouraille les Arachnides par centaines et sans Medium

Contrairement à ce que l’on aurait pu espérer, les cartes ne sont pas si nombreuses que ça, se ressemblent bien souvent d’ailleurs et ne sont surtout pas suffisamment spacieuses pour que l’on puisse en profiter pleinement. Les 16 joueurs sont continuellement poussés en avant aux mêmes objectifs. Pour peu que quelques-uns décident de se lancer dans le speedrun, on passe notre temps à courir après, marcher sur les cadavres arachnides qui s’entassent en dézinguant les bestioles résiduelles. Heureusement, la plupart du temps, il y a toujours des objectifs de défense.

Ici, c’est bien plus amusant, encore une fois sur le papier. Toute l’équipe est censée construire une base à partir d’un outil transportable utilisable par tous. Mur, tourelle mitrailleuse de plusieurs mètres, piège électrifié, bunker… Tous les moyens sont bons pour repousser les insectes géants. Les ressources de construction sont partagées, mais on en manque finalement que rarement. Dans le pire des cas, il suffira de poser un générateur de ressource sur un puits de minerai jamais très loin et le tour est joué. Cet aspect tower defense, qui rappelle bien évidemment la titanesque scène d’assaut dans le film Starship Troopers, est grisant à plus d’un titre. À la seule et unique condition que tout le monde y mette du sien. Malheureusement, ce n’est pas vraiment le cas.

On se retrouve souvent avec un amoncellement d’objets bazardés entre quatre murs, et ce qui devait être une forteresse se transforme rapidement en prison. Le hic, c’est que l'outil de construction est parfois désactivé durant les phases d’assaut, impossible donc de dégager le chemin si l’on se retrouve coincé parce qu'un joueur a placé des murs n’importe comment. Impossible non plus en tant qu’Ingénieur (pourtant dédié à la construction) de renforcer les défenses au besoin dans le feu de l’action. Sans compter que l'ergonomie globale de ce système est à jeter par la fenêtre. C’est une plaie à utiliser en temps normal, alors en temps de crise, ne serait-ce que réparer un mur est un enfer bien souvent.

Starship Troopers Extermination test PS5
C'est ce qu'on appelle une extermination ©KiKiToès pour Gameblog

Starship Troopers Extermination est très (trop) bordélique

C’est le chaos, un chaos des menus jusque sur le champ de bataille, mais c’est aussi une force lorsque l’on commence à massacrer les insectes par centaines. On pensait avoir tout vu grâce à Saber Interactive, son World War Z et son Warhammer Space Marine 2. Des centaines de créatures évoluant en masse, comme un banc de poissons affamés, qui s'agglutinent les uns sur les autres pour gravir des obstacles. Hé bien, sans avoir la démesure de Space Marine 2 pour les proportions, Starship Troopers Extermination réussit tout de même à sa manière une prouesse similaire. Depuis tout à l’heure, on vous dit que les cadavres s’empilent, mais ce n’est pas une image, c’est réellement ce qu’il se passe. Les arachnides attaquent souvent en très grand nombre.

Plusieurs dizaines, voire même une centaine d’individus en même temps. Leurs corps ruisselant de sang vert jonchent alors le sol et restent là à se faire marcher dessus par les autres créatures, ce qui leur permet de rapidement passer au-dessus des murs de défense d’une base, ou de prendre de la hauteur pour nous sauter à la tronche. La sensation d’être constamment acculé et dépassé par le nombre, comme dans le film, est ici en revanche totalement réussie. Ça l’est d’autant plus lors des phases de défense de base où les ennemis arrivent de partout. Comme dans le long métrage, il existe plusieurs espèces de créatures dans Starship Troopers Extermination, chacune ayant ses propres particularités. De petites bestioles rapides qui arrivent en masse, de grosses guerrières résistantes, des cuirassés ou encore de monstres capables de bombarder sur de longues distances. Bien que la stratégie pour s’en défaire consiste toujours à leur bourrer la tronche de plomb, il faut tout de même s’adapter en priorisant ses cibles, penser à dégorger de temps en temps les couloirs où les corps s’entassent pour ne pas se faire surprendre, et tout ça durant de longues minutes de combat incessantes, face à des centaines d’insectes géants et aux côtés de quinze autres bidasses. Oui, là c’est classe.

Starship Troopers Extermination test PS5
Les Arachnides sont toujours en masse ©KiKiToès pour Gameblog

Seulement voilà, il manque tout de même un petit quelque chose qui nous fait une fois de plus nous dire que Helldivers 2 a vraiment tout compris. Starship Troopers Extermination vire au chaos. L’écran sature d’effets, les armes sont tellement imposantes qu’un passage en visée à la mire ruine une bonne partie de la visibilité, on a bien du mal à déterminer si nos pétoires sont si efficaces tant ça manque d’impact… et sortir un lance-flamme est une très mauvaise idée dans la mesure où l’on ne voit strictement plus rien lorsque l'on tire avec. S’ajoutent à ça, les informations diverses un peu partout sur l’ATH, la masse d’ennemis de grande taille et tous les autres copains qui ont les mêmes problèmes que nous.. C’est le chaos généralisé.

Les affrontements virent au brouillon, certains effets de feu ou d’explosion laissent franchement à désirer et surtout sur PS5, le framerate ne suit pas la cadence, et c’est un vrai problème qui vient une fois de plus ajouter un peu d’instabilité à l’ensemble. Ce problème n’existe évidemment pas sur PC tant que vous avez la configuration minimale requise. Au final, Starship Troopers Extermination ne sera amusant que les premiers temps, lors de quelques assauts qui, par on ne sait qu’elle façon, réussiront à être lisibles. Là le plaisir sera bien au rendez-vous, surtout pour les fans, qui sont surtout les principaux concernés.

La guerre, c’est quand même chiant mon général

Mais quoiqu’on en dise, on finira par rapidement tourner en rond. L’évolution des classes est relativement lente, l’impact des améliorations ne se ressent pas vraiment non plus d’ailleurs. La redondance du level design, qui a tendance à trop recycler ses environnements, n’aide pas non plus d’autant que tout se ressemble tellement qu’il est même difficile de déterminer si elles sont générées de manière aléatoire ou non.

Contrairement à Helldivers 2, la direction artistique de Starship Troopers Extermination ne fait pas dans le contemplatif. On n’a pas le droit à de savants panoramas, ou quelques ciels étoilés inspirés. Visuellement déjà que le jeu ne casse pas trois pattes à un canard, mais on ne lui en tiendra pas trop rigueur compte tenu de la prouesse qu’il fait en affichant des centaines de monstres à l’écran dans un chaos généralisé sans non plus faire brûler nos machines. Sans compter qu’on parle ici d’une production relativement modeste, loin des ténors. L’aspect artistique aurait cependant pu sauver les meubles et ce n’est malheureusement pas le cas. De ce côté-ci, c’est fidèle à la franchise, certes, mais aussi très froid et classique.

Starship Troopers Extermination test PS5
Le feu, une solution efficace même si tout devient vite illisible ©KiKiToès pour Gameblog

Et puis, c’est sans oublier la construction même des cartes, qui paraissent vastes lorsqu’on les consulte depuis le menu, mais nous font sans cesse foncer dans un goulot d’étranglement jonché d’objectifs. Prenez cette position, puis celle-ci, puis construisez une base ou allez détruire ce nid… rien de passionnant. Difficile en même temps de faire quelque chose de construit lorsqu’on demande à 16 individus qui ne se connaissent pas et qui ne peuvent pas communiquer entre eux outre un système de ping peu visible, de collaborer sur des objectifs complexes. En revanche, donner des sous-missions à chaque escouade pour les faire fonctionner de concert en leur permettant de se développer sur toute la carte, puis se retrouver pour un combat final aurait pu être envisageable.

On n’a pas non plus cette sensation de servir la Terre, de protéger l’humanité, ni de participer à cette fameuse guerre galactique, alors que ça devrait normalement nous être martelé dans les oreilles. C’est le cas dans le film, c’est le cas dans Helldivers 2 (oui, encore lui), mais pas dans Starship Troopers Extermination. Le jeu se contente malheureusement de nous montrer quelques menus une fois encore sur l’évolution de plusieurs objectifs communautaires qui déverrouillent des cosmétiques s’ils sont atteints, mais au final, on s’en fout. Nos soldats sont génériques, on n’a pas plus d’une douzaine d’armes différentes dans l’arsenal, toutes classes confondues… Il manque encore une fois ce petit quelque chose qui aurait pu venir faire vibrer la corde sensible des fans, mais non.

Starship Troopers Extermination test PS5
Graphiquement, c'est quand même limite-limite ©KiKiToès pour Gameblog