Alors que chacun n'a d'yeux que pour Batman, l'Araignée Marvel déboule de nouveau sur consoles, avec Beenox à la manoeuvre, comme c'était déjà le cas pour le sympathique Spider-Man Dimensions. En fait, il faudrait plutôt parler de deux araignées, l'Amazing Tisseur et son alter-ego du futur, Spider-Man 2099, jouant cette fois les Marty McFly dans Spider-Man : Aux Frontières du Temps. Reste désormais à savoir si dans le futur, au moment de refaire un nouveau dossier Super-héros et Jeu vidéo, on rangerait plutôt ce titre édité par Activision du côté des bons souvenirs ou de celui des mauvais.
Un peu à l'image de tous les super-héros de comics qui ont vu un jour leurs aventures adaptées en jeu vidéo, Spider-Man a connu des hauts et des bas. Spider-Man Dimensions, sorti à la rentrée l'année dernière, permettait à Spidey de retrouver le haut du panier, avec quatre des ses incarnations jouables, chacun dans son univers et son style graphique propre. Mimic (aussi appelé Kraven le Chasseur), s'il avait salué dans son test le fait de pouvoir incarner quatre hommes-araignée, notait aussi la façon dont les différents univers étaient finalement abordés avec une certaine superficialité.
Deux araignées pour une même toile de fond
On ne pourra pas reprocher la même chose à ce nouveau jeu Spider-Man, l'intrigue se focalisant sur des évènements se déroulant chez le Spidey du futur, 2099 (de son vrai nom Miguel O'Hara) et chez Peter Parker, l'Amazing Spider-Man que même ma mémé connait. En gros, Walter Sloan, aussi appelé Jean Sarkozy Jr., est un mégalo du futur aussi méchant que brillant. Du coup, ce Steve Jobs de la fin de siècle décide d'utiliser la technologie dont il bénéficie pour remonter dans le passé et ainsi le modifier à son avantage. Bingo, c'est réussi, et c'est à la fois le monde d'Amazing et de 2099 qui se transforment. Irrémédiablement ? Ben non voyons, parce que les deux araignées vont collaborer, l'un se retrouvant même dans l'époque de l'autre et vice-versa, tous deux amenés à beaucoup jouer avec la "causalité quantique".
Revenir dans le passé et acheter plein d'actions Apple sauver le monde
Koikecé la "causalité quantique" me direz-vous ? Eh bien, c'est très simple et nous allons prendre un exemple facile pour l'illustrer : dans un univers A, 2099 est en train de se faire piler le crâne par un robot tueur géant. Dans l'univers B, celui de Amazing, ce robot n'en est qu'au stade de prototype, encore en pièces détachées dans un entrepôt. Causalité quantique ? Si Parker pète tout le bidule, 2099 devrait conserver ses vertèbres en bon état, puisque le robot ne verra pas le jour. Dans un premier temps séduisante, on se rend compte bien vite que cette histoire de causalité quantique est rapidement sous-exploitée dans le scénario de ce jeu. En effet, elle ne permettra que de relancer lourdement l'intrigue du titre, du genre : "Cool, on a empêché la victoire de Marine Le Pen en 2012 ! Oh non ! Le portail temporel se détraque encore et c'est du coup le FN qui est passé en 2002 !", avec dans cette métaphore, Marine Le Pen dans le rôle de l'Anti-Venom tandis que le FN 2002 sera les tentacules géantes (et désormais mutantes) d'Octopus. Tant qu'on en est à parler de ces vilains, intéressons-nous désormais aux combats et à la prise en main générale.
Deux grands pouvoirs impliquent de très grandes responsabilités
Ceux qui se seraient déjà essayés au dernier jeu Beenox ne seront pas dépaysés dans ce nouveau Spider-Man. Les deux grimpe-en-l'air sont vifs, enchaînent les mandales, se balancent au bout de leurs lianes de toile et se servent même de ce fluide arachnéen comme de balles, un genre de flash ball organique. 2099 et Amazing possèdent cependant des capacités qui leur sont propres. On pourra au fil du jeu, en amassant des petites sphères, acheter de nouvelles capacités et améliorer celles déjà existantes. Avec son hyper-sens, Amazing Spider-Man peut évoluer en super vitesse et ainsi passer à travers des rayons de sécurité par exemple. 2099 peut créer une image rémanente de lui-même, comme dans DBZ, pour leurrer les missiles adverses. S'il est vraiment toujours agréable de contrôler le Tisseur, il faut dire que la prise en main souffre de menus défauts. Certains endroits accessibles d'un jet de toile sont matérialisés par un petit curseur jaune. Malheureusement, il n'est pas possible de passer de l'un à l'autre à l'aide d'une simple pression de bouton. Dans le même ordre d'idée, il est parfois compliqué d'atteindre une plateforme par un simple saut, en voulant se décoller d'un mur. Bien que globalement satisfaisante, la prise en main n'est pas encore calibrée à la perfection pour permettre le kiff parfait d'incarner l'acrobate du Daily Bugle.
La crise de la Presse
Parlons enfin du célèbre journal qui sera malheureusement le seul lieu d'exploration, que vous le visitiez alors sous forme de locaux Alchemax ou Stark/Fujikawa, selon la réalité altérée dans laquelle vous vous trouverez. Un des gros points faibles de ce Spider-Man, ce sont ses environnements. Difficile de trouver plus générique dans un jeu vidéo que ces couloirs futuristes, avec ces portes aux verrous lumineux et ces robots qui traînent un peu partout. On se doute qu'en un an, avec cette politique de rendement chère à Activision, il était difficile pour Beenox de proposer une ville futuriste à la 2099 ou un NYC foisonnant pour Amazing. Limité, l'environnement n'est somme toute pas si mal exploité, pour une histoire qui, si elle ne restera pas dans les mémoires, propose tout de même deux ou trois aspects intéressants pour le fan (l'écran titre montre tout de même un Amazing gisant dans les bras de 2099). L'interprétation des doublages, en VO ou en VF, est également de bonne facture et aide bien à suivre le récit. Si les vannes sont moins rigolotes que Spider-Man Dimensions, on remarquera que le moteur graphique a un peu gagné en finesse, tout comme les cinématiques plutôt agréables à l'oeil. Le fan devrait également être satisfait de pouvoir récupérer moult figurines des personnages en réussissant des défis en jeu (ne pas prendre de coups, vaincre tant d'ennemis en un temps limité, etc.), même si l'utilisation de la galerie des méchants de Spidey est assez limitée et que les combats face aux boss manquent cruellement d'envergure.
Peut-être un peu moins ambitieux que son dernier titre qui proposait d'incarner quatre hommes-araignée, Spider-Man : Aux Frontières du Temps n'en demeure pas moins un titre honnête (surtout pour le fan), qui, s'il est un peu plombé par des environnements très génériques et redondants (donnant une sensation de répétitivité), permet de jouer agréablement les acrobates avec Spider-Man. On s'en contentera très bien, nous remémorant certains titres avec l'Araignée qui, eux, étaient de vrais mauvais jeux, mais en attendant, peut-être, qu'un de ces jours l'ami Spidey prenne autant d'importance dans les jeux vidéo qu'il en a dans les comics, à l'image de Batman.