Sonic va bien, très bien même. La mascotte de Sega a repris du poil de la bête ces dernières années. Succès au cinéma, un Sonic Frontier finalement bien reçu par les fans, une tonne de projets sous le coude… le hérisson bleu ne chôme pas. Sega nous avait prévenu que son chouchou allait revenir en grande forme durant les prochaines années. Pour cette fin 2023, l'heure est au retour aux sources pour la franchise, comme bon nombre de jeux cette année d'ailleurs.
Beaucoup ont joué sur la corde sensible, comme Dead Space Remake qui a cherché à séduire les fans et les curieux, Assassin’s Creed Mirage qui a voulu revenir à ses premiers amours ou encore Super Mario Bros Wonder qui a réussi à faire du neuf en surfant sur ce qui l'a rendu célèbre : la plateforme à l’ancienne. Il faut croire que tout le monde s’est passé le mot puisque Sonic Superstars c’est exactement ça. Un épisode inédit qui cherche à faire du neuf avec du vieux. L’idée est donc de proposer une aventure qui sent bon les années 90, sans pour autant oublier que trente ans se sont écoulés entre temps.
On prend les mêmes et on recommence
Sonic a toujours été un jeu de plateforme à part entière. Là où la plupart du temps on nous demande d’explorer, de faire des sauts millimétrés, de découvrir des secrets ou d’éviter tout un tas de pièges, le hérisson a quant à lui décidé de faire tout le contraire. Il n’a pas le temps, il n’a jamais eu le temps. Les jeux principaux de la franchise misent tout sur la vitesse, les réflexes et les niveaux qui peuvent s’enchainer à une vitesse folle. Un peu de scoring, un level design qui permet de prendre plusieurs chemins, quelques niveaux bonus secrets… voilà tous les ingrédients qui constituent la grande majorité des premiers jeux de la licence. Une recette qui aura permis à la mascotte de se faire un nom et une place de choix dans les étagères des joueurs.
Au fil des années, Sonic a cherché à évoluer comme la plupart des autres séries, mais n’a jamais vraiment réussi ses sorties de route en 3D. Frontiers affiche quant à lui un bilan mitigé. Certains adorent, d'autres absolument pas. Pourtant, il devait être la pierre angulaire d’une nouvelle stratégie pour la licence et d’une nouvelle génération de jeux Pourtant, c’est bien plusieurs mois après cet épisode que Sega nous sort Sonic Superstars, un épisode inédit à l’ancienne qui veut faire tout comme avant, mais pas trop. Oublions le monde ouvert, les parties d’escalades et les combats contre de grosses bestioles, revenons un peu en arrière.
Sonic Superstars se présente comme un jeu 2D qui sent vraiment bon les années 90. Il reprend presque trait pour trait ce qui l’a rendu célèbre. On se retrouve donc avec un titre divisé en une douzaine de biomes d’un ou deux actes chacun, en moyenne, que l’on tracera très, très rapidement, avec parfois un niveau spécial en prime. On peut incarner l’un des quatre héros iconiques de la franchise : Sonic, Tails, Knuckles ou encore Amy, mais dans le fond, les niveaux et le gameplay restent les mêmes. Ici, pas de chichi. Le gameplay se veut simple au possible : on court, on saute et… c’est tout. Du old school pur et simple.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs Sonic
On pourra tout de même compter sur quelques capacités spéciales offertes lorsque l’on récupérera des Émeraudes du Chaos. Ces pierres précieuses se ramassent dans des niveaux bonus à l’ancienne ici aussi (ou presque). Sur le papier, ces pouvoirs peuvent drastiquement changer l’expérience. On liquide tous les ennemis présents à l’écran en temps réel, et durant plusieurs secondes, grâce à des clones, on peut nager sous l’eau comme un véritable poisson ou encore devenir véritablement surpuissant en se surchargeant…. Malheureusement, deux problèmes de taille viennent entacher le concept.
Premièrement, les niveaux bonus où l’on déverrouille ces fameuses Émeraudes sont de véritables purges. Ici notre héros se téléporte dans une zone où il n’y a que des billes et des anneaux figés dans l’espace. On doit alors se balancer de point d’ancrage en point d’ancrage pour courir après la pierre précieuse qui essaye de nous fuir. Le tout en gardant un œil sur le chronomètre. C’est tout, sauf une bonne idée. Non seulement c’est ennuyant à mourir mais en plus c’est hyper mal fichu. La caméra est focalisée sur la pierre précieuse, ce qui provoque des angles de vision chaotiques et les points d’ancrage sont choisis automatiquement. Manque de bol, le système de verrouillage fait ce qu’il veut lui aussi.
Le second problème de ces capacités spéciales, c’est qu'elles ne sont tout simplement pas utiles et leur utilisation ne permet pas réellement d’expérimenter. On peut tout à fait terminer le jeu sans les utiliser une seule fois et de toute façon, on ne possède qu’une seule charge de pouvoir pour les enclencher. Et même si nos compétences durent généralement une poignée de secondes, ce n’est pas suffisant pour en profiter réellement. Le hic, c’est que cette charge ne se restaurera qu’en passant par un checkpoint. Malheureusement, ces derniers ne sont pas si nombreux que ça d’autant plus qu’on peut en rater quelques-uns vu que l’on va presque toujours à fond la caisse.
Les compétences et les transformations, ça n’a jamais vraiment été un truc de hérisson, laissons ça au plombier. Sonic lui, il a la vitesse et les niveaux qui s'enchaînent à la perfection. Et là-dessus, Sonic Superstars ne déçoit pas. Ça va hyper vite, on trace sans s’arrêter la plupart du temps et on enchaîne les acrobaties avec aisance. Généralement, les niveaux sont conçus de manière à ce que la course ne s’arrête presque jamais. On a même le droit à plusieurs cheminements qui peuvent parfois amener à des bonus ou tout simplement à d'autres trajectoires.
Peu importe ce qu’il se passe à l’écran ou à quelle vitesse on va, le jeu reste suffisamment lisible pour que l’on puisse identifier les sauts, les pièges ou les ennemis. Comme à l’époque, chaque acte se termine bien souvent par un combat de boss. Soit un sbire robotique, soit Eggman en personne. Ici, pas de surprise non plus, on est en terrain connu et conquis. Les affrontements se déroulent en plusieurs phases durant lesquelles on doit frapper une partie de notre adversaire à plusieurs reprises jusqu’à la destruction. Si certains combats sont ultra basiques, d’autres sont un peu plus inspirés voire même carrément amusants et tendus à mener. Une excellente chose puisque c’est généralement le seul pic de difficulté que propose Sonic Superstars, même si les boss restent très accessibles. Pour le reste, c’est le calme plat. Le challenge, ce n’est pas son truc, c’est un choix tout à fait honorable. Le problème, c’est qu’il faut quand même arriver à captiver le joueur de bout en bout, et là…
C’est beau, mais pas trop
Sonic Superstars essaie parfois de nous en mettre plein la vue avec des explosions, des arrière-plans qui bougent en même temps que nous, en nous faisant gravir des débris autour d’une tornade, ou encore en nous transformant en roquette. Mais entre la linéarité quasi obligatoire des niveaux, et le manque de challenge global, on avance parfois de manière totalement automatique sans vraiment s’éclater ou être surpris. Rien ne viendra réellement essayer de nous réveiller. Bien souvent, on file droit et on sautille en laissant le hérisson enchaîner lui-même les rebonds, les tours de looping ou les vrilles dans le décor. Une sensation d'avancer sur un rail autoguidé s’installe alors rapidement, parfois c’est même carrément le cas en fait. Sonic s’accroche sur un rail, fait des cabrioles, passe dans des tubes en se mettant en boule à toute vitesse. Et tout ça, il le fait sans que l’on ait besoin de faire quoi que ce soit, si ce n'est de pousser le joystick en avant et sauter quand il le faut. On va m’insulter de vieil aigri, mais le fait est que je me suis parfois vraiment ennuyé sur Sonic Superstars.
Alors, attention, Sonic Superstars est un bon Sonic, il n’y a pas à dire, mais sa recette old school aurait certainement méritée un level design plus travaillé, plus impressionnant et inventif peut-être. En l’état, les toboggans aquatiques et les assets de tubes copiés-collés tous les 20 mètres dans la jungle, ce n’est pas si fou que ça, quand bien même on va vite en étant porté par une OST qui fait le job. On notera toutefois que le jeu se veut un peu plus vertical qu’auparavant avec pas mal de chemins qui s’entrecroisent ou qui nous envoient valser dans les airs.
Un Sonic récent, pas forcément moderne
Mais Superstars aurait pu profiter de cette nouvelle sortie pour se moderniser davantage, au moins sur sa mise en scène, histoire de captiver, mais ce n’est pas vraiment le cas. Graphiquement non plus il ne fait pas de miracle. C’est ultra coloré, rondouillard et doux à la rétine, mais c’est très classique. Ce n’est pas aussi fin qu’espéré, les effets (pyrotechnie, poussière, etc…) ne sont pas fous et sont pourtant nombreux et ça manque globalement de détails à tous les niveaux. C’est bien trop lisse.
Si les biomes sont tous très différents les uns des autres, ils ne se valent clairement pas. Que ce soit en termes de direction artistique ou de level design. Certains niveaux sont de parfaites lignes droites peu inspirées, là où d'autres révèlent un potentiel infiniment plus amusant. Les passages sous l’eau quant à eux sont parfaitement ratés et clairement pas amusants si l’on ne possède pas le pouvoir de nager justement. Manque de bol, ce dernier ne pourra pas être utilisé tout le temps. Nos héros ne sont pas de bons nageurs, on n’avance pas, il faut sans cesse courir après des bulles pour respirer et l’inertie des mouvements n’est clairement pas agréable. Sur terre non plus d’ailleurs, pour peu que l’on veuille faire un saut précis, on doit faire avec des contrôles qui sont tout sauf précis justement. À toute vitesse sinon rien.
Sonic Superstars s’est peut-être un poil enlisé dans sa volonté de venir chatouiller la fibre nostalgique de ses fans. Le jeu est très sympa et c'est un bon Sonic, mais le fait est que certaines mécaniques auraient mérité d’être modernisées pour que la recette évolue aussi avec son temps et que la mascotte de Sega puisse briller davantage.
Un peu de multi pour jouer entre pote
De plus, Superstars n’est pas très long, il aurait donc clairement profité d’un peu plus de peps et d’ambition pour être définitivement marquant. Sonic Superstars se termine vraiment vite. Comptez 5 à 6 heures grand max de chez grand max pour en voir le bout. La rejouabilité n’est pas non plus exceptionnelle. Pourtant le jeu nous sert un mode coopératif jusqu’à 4 joueurs qui s’avère plutôt amusant à condition que tout le monde arrive à suivre le même rythme. Sans ça, c’est rapidement le foutoir et on a du mal à en profiter pleinement. Il faut dire aussi que ce n’est pas le genre de jeu idéal pour proposer une coopération digne de ce nom, mais le mode pourra vous faire une ou deux soirées de temps en temps. On notera aussi la présence d’un mode versus assez anecdotique qui opposera les joueurs dans de petites cartes spécialement conçues pour l’occasion. On pourra participer à des combats ou encore à des courses et même customiser son avatar. Un petit plus sympa à ne pas sous-estimer, mais qui n’ira pas non plus casser trois pattes à un canard.