Contrairement aux autres membres de la rédaction, je n'ai jamais été un grand fan de la saga des Sonic. Moi qui suis un amateur éclairé de plateformes raffinées à la Super Mario, je n'ai jamais pu comprendre les joies que pouvaient procurer le fait de cavaler à toute berzingue dans un niveau, et de ne solliciter que la partie reptilienne de son cerveau dans une série de réflexes atones. Il y a fort longtemps, un constructeur automobile avait dit à son époque que l'homme n'était pas encore prêt à rouler à 50 km/h. Le con. Alors imaginez à 400 km/h avec des petites pa-pattes de hérisson...
Ce qui est bien quand on doit produire un nouvel épisode de Sonic, c'est qu'on n'a pas à se casser la tête sur le contenu de son scénario. Allez, les yeux fermés, je parierai bien 1 euro 50 que l'on va encore se frotter au très anxiogène docteur Robotnik... J'allume la console et bing ! Gagné !!! L'affreux jojo nous a encore réservé de funestes desseins de derrière les fagots, ce qui se révèlera une excuse toute trouvée pour Sonic, Knuckles, Silver et Shadow de se livrer à une arsouille d'anthologie pour déterminer de qui le plus rapide pourra lui régler son compte. Bref, choisissez votre hérisson puis roulez jeunesse sur un total de 7 coupes... Tel sera le slogan roboratif de ce nouvel opus de Sonic.
Un pamphlet élégiaque de l'antilibéralisme
Le principe de jeu de Sonic Rivals pourrait se résumer en une ligne et mettre fin à ce test fastidieux, mais ce serait trop facile. J'ai donc décidé que vous devriez subir ma dialectique docte de plein fouet et ce, jusqu'à la fin. Je m'en régale d'ailleurs. C'est pourquoi je vais utiliser des mots compliqués pour me la jouer "intello" et rendre ce triste test plus masturbatoire. Car Sonic Rivals sur PSP est tout sauf intéressant. Doté d'un syncrétisme fort simpliste, le soft de Sega est un parangon de l'ennui qui ne propose qu'un gameplay minimaliste et épuré : tracer à toute vitesse dans des stages psychédéliques, et parfois bondir de temps à autre pour éviter les différents pièges interlopes et exogènes vous faisant perdre votre capital d'anneaux récoltés. Son leitmotiv réside dans l'annihilation de son adversaire par tous les moyens anti-sportif, ce qui en fait un véritable pamphlet élégiaque de l'ultralibéralisme. Bref, si votre obédience politique est de gauche, vous ferez l'expérience ici d'un sacré conflit de valeurs.
De sublimes anfractuosités 3D
Pourtant, Sonic Rivals présente bien sous toutes les coutures, en tous cas pour ce qui est de son esthétisme. Les décors jouissent d'une excellente qualité de modélisation 3D, et les couleurs nous explosent littéralement en pleine face. On regrette même que les paysages défilent aussi vite à l'écran, car on aurait voulu pouvoir en visiter toutes les sublimes anfractuosités. De plus, aucunement le scrolling ne vient à ramer, ce qui en dit long sur les qualités techniques de la portable de Sony, mais aussi sur la réussite du casting des programmeurs chargés du soft. Hélas, cette excellence de la réalisation n'est qu'un rempart interlope pour nous dissimuler des nombreuses lacunes dans son concept endogène. Dans sa hâte de fêter les 15 berges de son hérisson fétiche en inondant toutes les plateformes de jeu du moment, Sega n'aurait-il pas péché par gourmandise ? Il se pourrait bien.
Et concrètement dans l'exégèse ?
Bien que les stages soient variés dans leurs thèmes, les parties demeurent furieusement redondantes, plongeant le joueur dans une stase hydro céphalique. Même les nombreuses cartes à gagner et la myriade de bonus d'apparence ne pourront vous résoudre à vous investir dans cette quête de vitesse absolue. Aussi vite que votre personnage s'évertue à courir, les victoires engrangées et les nombreuses options débloquées (nouvelles zones, nouvelles skins de chaussure...) s'effacent inexorablement de votre mémoire comme les souvenirs de vos repas de la veille. En fin de compte, seul l'inconscient s'amuse à votre place d'une jouissance stridule, votre moi conscient s'évaporant dans des pensées fugaces exogènes au jeu. En somme, Sonic Rivals est un beau somnifère au ludisme mortifère. Seul le mode multijoueur pourrait réussir à sauver le soft de la déréliction, encore faudrait-il être assez "thuné" pour investir dans plusieurs disques UMD et se constituer une communauté de compagnons de fortune, prêts à gâcher des précieux instants de leur existence dans la satisfaction de battre l'autre dans des courses somme toute soporifiques.