Vingt ans. Cela fait maintenant vingt ans que Sonic le hérisson a démarré sa course dans le fol univers du jeu vidéo. En deux décennies, ce personnage né sous le crayon de Naoto Ōshima s'est imposé comme la mascotte incontestable du japonais SEGA mais aussi comme une figure emblématique du jeu vidéo. Après un Sonic Colours enthousiasmant sur Wii, Sonic Generations sort aujourd'hui sur PS3, Xbox 360 et PC, avec la lourde tâche de fêter dignement l'anniversaire du hérisson supersonique.
Pour Sonic Generations, une idée assez étonnante a germé du cerveau de Takashi Iizuka et de ses équipes : réunir deux Sonic, celui du passé et celui du présent, afin de retraverser à toute allure les vingt ans d'aventures du hérisson bleu, avec lequel de si nombreux joueurs ont grandi, hier comme aujourd'hui. Si les moins de vingt ans connaissent en Sonic un héros frimeur, capable de grinder, de déployer une aura supersonique à pleine vitesse, de faire des figures dans les airs ou encore de téléguider ses sauts, les plus anciens connaissent surtout une petite boule bleue au regard déterminé, qui si elle déployait déjà une vitesse considérable à son époque, n'avait alors comme autres capacités que le saut et la prise de vitesse, en boule, au sol.
Deux hérissons, un héros
Dans Sonic Generations, les deux hérissons, celui de 1991 et celui de 2011, gardent bien leurs capacités et leur caractère propre. Et nous le verrons aussi, le style de gameplay dans lequel ils évoluent dans leurs épisodes respectifs. D'emblée sympathique, déjà parce qu'il est muet, contrairement au bien trop bavard Sonic récent, le Sonic classique est tout mignon, avec son petit bidon et sa petite taille. Plus grand, plus piquant, le Sonic d'aujourd'hui se paye le luxe de bénéficier de la même voix que dans le dessin animé Sonic X, que ce soit en français, en anglais, en espagnol ou encore en japonais ! C'est d'ailleurs le cas de tous les personnages de la famille Sonic que l'on aura l'occasion de rencontrer dans le jeu.
Des kilomètres au compteur
Le pitch de ce nouveau Sonic ne casse pas deux queues à un renard et reste juste un bon prétexte pour retraverser, à la manière classique et moderne, certains des niveaux les plus marquants des aventures du hérisson. De Sonic the Hedgehog sur Megadrive à Sonic Colours sur Wii, on revisitera donc pleine balle, pour ne citer que ceux-là, un niveau de Sonic & Knuckles, un de Sonic Adventure 2 ou encore un de Sonic Unleashed (garanti, c'est promis, sans aucun loup-garou...). Pour compléter ceux-ci, il faudra donc les traverser deux fois et ainsi libérer un ami à chaque fois, que ce soit Tails le renard, Knuckles l'échidné, Rouge la chauve-souris ou encore Vector le crocodile. Avec le vieux Sonic, on évolue toujours sur un plan 2D, avec la vitesse, les ressorts et les roulés-boulés qui vont bien, la mascotte bénéficiant parfois de capacités ou d'objets inédits (les Wisps et leur pouvoir de transformation ou... une planche à roulettes). Les niveaux récents (Dreamcast, PS3/360, Wii) repensés pour le Sonic d'antan sont réussis et ceux dans lesquels on évoluait déjà à l'époque 16 bits bénéficient de graphismes chatoyants, d'une mise en scène dynamique, qui collent toujours avec ce qui fait l'esprit Sonic. Oubliez le médiocre Sonic 4 Episode I, le néo-rétro est ici une franche réussite et si vous vous dites que non, "c'était mieux avant", vous pourrez comparer à loisir, Sonic the Hedgehog, le tout premier, étant intégralement jouable dans Sonic Generations, à condition de le débloquer au préalable.
Et c'est le temps qui court, court...
Si le mignon Sonic des 90's s'en tire à merveille, celui aux yeux verts, avec son sourire narquois et ses quelques centimètres en plus n'est pas en reste. Rollercoaster vivant, le Sonic des années 2000 promet des pointes de vitesse spectaculaires et tout à fait grisantes. Déjà que sur Dreamcast, Speed Highway proposait de belles sensations, là, vous allez en prendre plein les mirettes. Mais le plus beau, c'est de voir les niveaux classiques transposés en 3D et transcendés par une mise en scène virevoltante, furieuse. De plus, tous les thèmes musicaux originaux sont brillamment remixés, apportant encore plus de pêche à l'ensemble. L'occasion de dire que ce Sonic Generations est une véritable anthologie des musiques Sonic. On pourra gagner un tas de mélodies issues de toutes les époques et choisir par la suite, avec quelle musique on joue quel stage (Sonic Boom dans Green Hill Zone par exemple). Au gré de votre récolte d'anneaux rouges dans les niveaux, ceux-ci étant au nombre de cinq à chaque fois, vous débloquerez aussi des illustrations conceptuelles. L'occasion de voir que le Sonic actuel aurait pu rester bien plus proche du Sonic des années 90... On ne réécrit pas l'histoire. Une fois tous ces anneaux rouges récupérés dans un niveau, il sera également possible de débloquer une capacité. Car si c'est bien toutes les recettes classiques de Sonic qui sont présentes dans ce titre, on y trouve quand même quelques nouveautés.
Fini le traumatisme du "BlUuUurup"...
A la fin de chaque niveau, on obtient une note selon la qualité de nos performances. Ainsi, si un "A" est toujours bon pour le moral, il permet surtout d'engranger pas mal de points, ceux-ci étant échangeables au stand d'Omochao contre des capacités spéciales : les anneaux mettent moins de temps à disparaître après un choc, la barre de boost du Sonic moderne est plus large, on bénéficie d'office d'une petite bourse de dix pièces en recommençant un niveau, etc. Dispensables, ces capacités sont surtout intéressantes quand elles sont inédites et quelques-une permettent d'explorer des zones où il ne fait pas bon traîner habituellement dans Sonic (ex. : la bulle de protection qui permet de rebondir et de respirer sous l'eau. Le décompte, ça vous parle ? Brrr...). L'autre nouveauté, c'est un bon lot de missions annexes qu'il sera nécessaire de réussir pour compléter sa collec' de musiques Sonic mais aussi pour avancer dans le jeu, en débloquant une clef d'accès aux boss par exemple. Il s'agit de défis demandant de terminer un niveau dans des situations particulières : course face à son fantôme, utilisation d'items spécifiques, des ennemis plus nombreux à l'écran, etc. Mais surtout, c'est dans ces épreuves que l'on peut retrouver les copains de Sonic qui aideront selon leurs talents propres. Ainsi, Tails vous baladera dans les airs, la chatte Blaze éteindra les incendies qui bloquent votre passage alors que certains comme les membres de la Team Chaotix, à l'instar d'Espio le caméléon ou de Charmy l'abeille, vous mettront plutôt des bâtons dans les pattes.
Super, Sonic ?
Si les amis sont tous réunis, les ennemis de toujours sont aussi de la partie, et c'est avec plaisir que l'on se retrouve à défier Metal Sonic, à mettre la pâté au Mecha Robotnik de Sonic 2 ou encore à fataliser Perfect Chaos. On regrettera cependant, même s'il réserve une belle surprise, que le boss final soit un peu en-deçà des autres. On regrettera aussi, si l'on décide de faire le jeu d'une traite, sans profiter des innombrables défis annexes, d'arriver face à cet ultime boss après environ six heures de jeu. Bien que le choix des niveaux soit judicieux, on aurait aimé qu'il soient plus nombreux. Neuf niveaux, c'est bien, surtout quand on en compte en fait dix-huit, duo de Sonic oblige, mais ça se plie vite. On notera aussi qu'aucun épisode portable n'est représenté. La version 3DS rétablira-t-elle cette injustice ? On sait déjà qu'elle proposera des niveaux différents comme Casino Night ou Mushroom Hill. Tant qu'on est dans les (petits) écueils, on ne pourra évidemment pas passer à côté des imprécisions de gameplay, malheureusement assez habituelles depuis que la série a embrassé la 3D, à base de sauts téléguidés qui n'en ont parfois que le nom ("To-tom !", dans le vide... bien qu'on n'entende plus ce bruit dans Sonic Generations), des coups de boost qui vous propulsent droit vers la mort ou encore des anneaux qui s'ils gravitent autour de vous après un choc, semblent on ne sait pourquoi impossibles à saisir... Enfin, quel dommage qu'à l'instar d'un Sonic 2, on ne trouve pas de mode multi dans ce Sonic, où l'on pourrait faire des courses entre amis, incarnant pourquoi pas les copains du hérisson et même quelques bestioles des limbes du jeu vidéo, tels que Mighty l'armadillo ou Ray l'écureuil volant. Si on sourira de les voir figurer sur des affiches dans le niveau City Escape, avec la mention "Wanted : missing since 1993", on s'amusera aussi avec les deux épreuves en ligne, un classement par temps et une épreuve qui permettra de déterminer jusqu'où vous serez capables d'avancer dans un niveau en trente secondes. Du rab, je prends.
Joli, dynamique, grisant, somme toute surprenant, Sonic Generations n'est pas seulement attachant parce qu'il compile vingt ans d'une belle saga du jeu vidéo (même s'il y a eu quelques errements et que cette version, surtout dans les phases 3D, souffre encore de quelques approximations dans son gameplay) mais aussi parce qu'il a de tout évidence été fait avec amour. Le soin esthétique, la mise en scène, les thèmes remaniés, la présence du "Sonic de tous les Sonic", celui des années 90, les nombreux défis et bonus, sont autant d'attentions à l'égard du fan, qui font de ce nouveau Sonic un titre réussi, qui s'adresse aux petits comme aux plus grands, dans un bel élan.