Il arrive parfois qu'un jeu cartonne et devienne une franchise, ce n'est pas si rare que ça. Ce qui l'est en revanche beaucoup plus, ce sont les jeux qui cartonnent et arrivent cette fois à créer de véritables univers, gigantesques, denses, et capables de perdurer sur des années. De tête, vous me direz très certainement Warcraft, un simple RTS qui s'est transformé en une franchise riche, un univers aux multiples spin-offs plus ou moins canon et qui a même eu le droit à un film. Mais il existe une autre licence qui est actuellement en plein essor alors que ça fait plus d'une dizaine d'années qu'elle existe : League of Legends.
Non, LoL n'est plus qu'un simple jeu compétitif. Déjà, il est LE jeu compétitif ayant fait exploser et démocratiser l'eSport, bien qu'historiquement il ne soit pas le premier titre à s'y être lancé. Un peu plus de 12 ans après son lancement, League of Legends est devenu un véritable incontournable, un dinosaure que l'on n'imagine même plus disparaître du paysage. Et pour évoluer, Riot, a décidé d'étendre sa franchise à d'autres supports, d'autres jeux et de créer un univers gigantesque. Né alors Riot Forge, une branche de l'entreprise qui se lance dans le développement de tout un tas de projets, un jeu de baston, un MMO et plusieurs titres divers et variés, dont un certain Song of Nunu qui arrive très prochainement.
A League of Legends Story
Riot l'a confirmé récemment, toutes ces productions sont désormais canon, l'histoire des 160 héros de la Faille de l'Invocateur sera petit à petit modifiée et tout le monde doit être raccord. Arcane, la série Netflix à succès, fait désormais partie de l'univers, elle s'avère finalement être d'une importance capitale pour la compréhension du monde de Runeterra, le monde de League of Legends. Et la dernière création en date de Riot Forge, Song of Nunu, se place elle aussi comme un indispensable pour tous les fans de la licence.
« Les développeurs ont reçu des directives claires et précises, mais ont également eu une liberté créative totale ». Voilà ce que l'on m'a révélé juste avant que je puisse poser les mains sur ce jeu d'action-aventure teinté de plateforme, de narratif et même d'un peu de puzzles. Aux commandes, on retrouve un studio bien connu de la scène indé, un certain Tequila Works, qui a déjà travaillé sur quelques pépites comme le sublime Rime, Deadlight ou encore Sexy Brutale. Un studio qui, contrairement à la plupart de ses autres productions, est ici le seul maître à bord.
Song of Nunu nous embarque dans une aventure à la fois poétique, dure et pleine de naïveté aux côtés de Nunu et Willump. Ce duo bien connu des amoureux de la franchise et des junglers de League of Legends, sont ici bel et bien dissociés, même s'ils sont inséparables. Nunu, jeune orphelin nomade, est voué à un grand avenir, mais il ne le sait pas. Tout ce dont il est sûr, c'est qu'il veut retrouver sa mère disparue dans les glaciers de Freljord. Le jeune flûtiste est accompagné de Willump, le dernier des Yétis rencontré lors de ses voyages.
Une créature légendaire, dotée d'un pouvoir unique, celui de créer de la glace pure, une matière magique surpuissante. Le duo part donc en vadrouille en quête de réponses. Mais ils devront pour cela se frotter à l'impitoyable Lissandra (une autre héroïne de League of Legends). La reine des glaces cherche de son côté à mettre la main sur le duo pour utiliser leur capacité à générer de la glace pure afin d'empêcher un cataclysme : l'ouverture du Néant.
Voyage à Freljord, pour de vrai !
Voilà pour les grandes lignes. Les non-initiés trouveront ici une histoire à mi-chemin entre le conte fantastique et le film d'animation. Song of Nunu est clairement coincé entre les deux à tous les niveaux, d'ailleurs, tant dans sa narration que dans sa mise en scène. Il dégage une aura touchante et agréable tout au long du voyage. Si la trame se suit parfaitement bien, elle pourra paraître parfois un poil trop « cul-cul » avec des méchants pas vraiment méchants, ou des gentils toujours enthousiastes et rigolos. On est clairement sur quelque chose de grand public qui parlera à tout le monde.
Les fans de League of Legends quant à eux en auront clairement pour leur argent. Song of Nunu nous fait découvrir Freljord pour de bon cette fois. C'est comme un rêve éveillé pour celles et ceux qui arpentent la Faille depuis une dizaine d'années. C'est la première fois qu'on semble pouvoir réellement explorer une partie de Runeterra. La vue à la troisième personne y est pour beaucoup, là où Hextech Mayhem, Ruined King, CONV/RGENCE ou encore Mageseeker avaient tous des directions très différentes. Panoramas à perte de vue, grottes prises dans les glaces, ruines cachées, forêts colorées… Song of Nunu sait diversifier ses environnements et tout est d'une cohérence absolue.
La direction artistique n'est pas en reste d'ailleurs. Très proche de ce que propose League of Legends, Song of Nunu opte pour une DA proche de l'animation avec des héros aux formes un peu rondouillardes et beaucoup de couleur. Les décors quant à eux deviennent véritablement fantastiques grâce à ces choix artistiques. On nage en plein conte, ni plus ni moins. C'est beau, ça fait un bien fou à la rétine. Bon, il ne faudra pas être trop regardant sur les détails ou chercher la petite bête sous peine d'apercevoir quelques textures disgracieuses même à haut niveau de résolution sur PC. Mais ça ne vous empêchera certainement pas de profiter de plusieurs environnements visuellement incroyables, ou d'effets de lumière réussis. C'est très inspiré.
Un jeu pour les fans et une excellente porte d’entrée dans la franchise
En tant qu'amoureux de la franchise, on s'amusera à découvrir l'histoire et nos héros favoris, comme les dieux Ornn, Volibear ou encore Anivia (pour ne citer que les plus évidents), mais aussi des têtes d'affiche de ce Song of Nunu, à savoir Willump, Braum, Lissandra et bien entendu, Nunu. D'ailleurs, il est assez fou de voir à quel point celui qui n'était connu que comme étant un simple dresseur de Yétis se révèle finalement Ô combien plus important que l'on aurait pu le croire. Mais ça, chut. Je ne parlerai pas non plus des surprises de taille qui vous attendent, des références plus ou moins cachées ou du nombre incroyable de choses grisantes, satisfaisantes ou encore amusantes que fera découvrir le jeu aux fans de la franchise.
Mais comme je l'ai précisé dès le départ, Song of Nunu parle à tout le monde et pas seulement aux aficionados de League of Legends. L'univers est ultra abordable, le jeu fait d'ailleurs, tout comme la série Arcane, partie des portes d'entrée idéales pour mettre un pied dans la licence. De plus, en tant que jeu pur et dur, Song of Nunu a de sacrés arguments.
De prime abord, il se présente comme un simple jeu d'aventure à parcourir d'un trait. Ce n'est pas totalement faux, mais ce n'est pas complètement vrai non plus. Dès les premiers instants, Tequila Works nous colle le nez sur des séquences savamment bien mises en scène, comme l'introduction justement, prenante et pourtant très courte. Le studio instaure également une véritable fraternité entre les deux protagonistes. S'ils ne font qu'un dans League of Legends, ici, on contrôlera principalement Nunu, qui grimpera tout de même très souvent sur le dos de son Yéti. Mais même lorsque l'on incarne le duo comme une entité unique, les deux héros sont bel et bien dissociables.
Ils interagissent sans cesse entre eux, discutent (même si seul Nunu semble comprendre les grognements de Willump), rigolent et s'amusent. Le Yéti ne tient d'ailleurs pas en place et passe son temps à jouer avec l'environnement, à quoi peut réagir Nunu si on lui en donne l'occasion, en s'approchant de Willump par exemple. Une alchimie fraternelle qui crédibilise la relation entre l'enfant et la bête, et nous amène à nous attacher à ce duo improbable, mais également à chacun des deux âmes qui le composent. En prime, Song of Nunu se veut touchant, les cutscenes sont très nombreuses, l'histoire de Nunu et Willump n'est pas toute rose et l'OST nous sert le tout sur un plateau d'émotions que l'on ne pensait pas trouver là. Rien à dire, c'est la surprise et c'est génial.
Entre classique et bonnes idées
Là où Song of Nunu surprend beaucoup moins en revanche, c'est en ce qui concerne son gameplay. C'est très basique. Beaucoup de phases de plateformes où l'on saute, grimpe, glisse et vadrouille aux quatre coins de Freljord. On a l'impression d'avoir rapidement fait le tour et si les contrôles sont aisés, Willump (de par sa taille) est assez pataud. On a l'impression d'avancer au ralenti et le peu de fois où le Yéti passe la seconde, le rendu de vitesse ou de puissance n'est pas folichon.
Ça casse un peu le rythme de la découverte et de l'exploration, d'autant que ces séquences sont extrêmement nombreuses. La plateforme et l'exploration représentent bien 80% du jeu dans son ensemble. Heureusement que le monde est captivant, sinon on aurait vite fait de s'ennuyer tant les phases de plateformes sont ultra classiques. On pourra tout de même compter sur pas mal de diversité dans les situations histoire de casser la routine et de nombreux puzzles à résoudre en même temps. Et le tout sera bien entendu saupoudré de combats.
Si Nunu n'est bon qu'à jeter des boules de neige, Willump quant à lui utilisera tout son arsenal : ses griffes, ses crocs et sa glace pure. Là on retrouve une bonne partie du kit du héros de League of Legends d'ailleurs, de sa capacité à manger les ennemis pour prendre un peu de vie, aux coups de griffe en passant par les boules de neige qui gèlent et même l'invocation d'un gros blizzard explosif. Mais le duo a aussi d'autres cordes à son arc que je vous laisserai découvrir par vous-même. Encore une fois, les fans seront ici touchés, mais les néophytes trouveront un système de combat très accessible et bien ficelé. S'ils ne sont pas aussi profonds qu'ils auraient pu l'être, les affrontements sont en revanche savamment mis en scène, notamment les finish moves (exécutions) qui peuvent être déclenchés lorsqu'une cible est assommée. Se lancent alors de chouettes animations aussi classes que drôles parfois. En tout cas, elles sont bien fichues.
Si Nunu ne peut pas se battre directement, le petit a d'autres ressources. Il est notamment capable de faire appel à la glace pure de Willump lorsqu'il est sur son dos par exemple, lui permettant ainsi de geler de l'eau pour créer des plateformes, ou des ennemis. Il est par ailleurs équipé d'une flûte magique capable d'activer des mécanismes en quelques notes. Ce sont ici les principaux puzzles de Song of Nunu d'ailleurs. Le jeune homme sera souvent sollicité avec son instrument ce qui se transformera par une séance de QTE avec les gâchettes de la manette de notre côté de l'écran. Rien de transcendant, mais certaines séquences vont faire appel à vos méninges lorsqu'on doit se forcer à mémoriser plusieurs notes à la suite.
Song of Nunu est doux comme un Poro
Bon par contre en terme de challenge, on repassera. Song of Nunu n'a pas pour vocation de vous faire transpirer, c'est comme ça, mais un peu plus de difficulté supplémentaire n'aurait tué personne. En l'état, le jeu est très (trop?) facile. Les combats ne nous mettent pas vraiment en danger, les puzzles se résolvent d'un coup d'œil et même les phases de plateforme sont gentillettes. Ce n'est pas un walking simulator non plus, mais disons que la priorité ici est de découvrir l'univers tranquillement sans se prendre la tête.
De toute façon, quelques douceurs pour les yeux et les oreilles, ça ne fait pas de mal de temps en temps. C'est l'occasion toute trouvée de parler d'un autre point très réussi de Song of Nunu, son OST. Déjà dès que Nunu sort sa flûte, on en prend plein les oreilles, notamment lorsqu'il découvre de nouvelles chansons ça et là durant l'exploration ou qu'il pousse la chansonnette au coin du feu entre deux chapitres. Mais plus globalement ce sont tous les thèmes qui nous embarquent instantanément. C'est extrêmement plaisant. Mais de toute façon globalement vous l'aurez bien compris, Song of Nunu est extrêmement plaisant à suivre et à parcourir. Par ailleurs, le jeu est entièrement doublé en français et il est d'excellente facture. On notera d'ailleurs que ce sont les acteurs originaux qui ont une nouvelle fois prêté leur voix à nos héros favoris.