Silent Hill fait partie de ces licences trop longtemps disparues. Après trois épisodes encore considérés aujourd’hui comme des chefs d’œuvre, la saga s’est quelque peu étiolée au fil du temps. Après des années d’exploitation, Silent Hill n’est plus que l’ombre d’elle-même, elle semble avoir perdu l’essentiel et se tourne vers l’horreur facile, gore et presque torture porn dans ses épisodes principaux. C’est notamment l’un des reproches, mais étrangement aussi une des forces mal exécutées de Silent Hill Homecoming par exemple. Peu à peu, Konami troque les nouveaux jeux contre des pachinkos et de vaines tentatives de capitaliser sur les NFT. Ce n’est qu’après la pandémie de la Covid-19 que l’éditeur japonais se décidera enfin à remettre sa série horrifique phare sur les rails en s’entourant d’experts.
Parmi la multitude de projets en cours, en jeux vidéo comme au cinéma, c’est à Bloober Team qu’est confiée l’une des tâches les plus difficiles : faire renaître un monument du jeu vidéo et relancer l'intérêt autour de Silent Hill. Un travail difficile pour un studio réputé pour ses jeux d’horreur, mais dont on connaît déjà les limites. Les premières présentations ont rapidement confirmé les craintes. On nous montre alors des combats en pagaille et un jeu visuellement pas très engageant. C’est la douche froide, même si l’on gardera à l’esprit que le Silent Hill 2 original avait lui aussi eu le droit au même piètre traitement marketing avec des trailers à des kilomètres de ce qu’avait réellement à offrir l'œuvre. Ce n’est qu’après une première prise en main que Silent Hill 2 Remake rassurera tout le monde, mais laissera beaucoup de questions en suspens. On a fini par trouver les réponses dans les rues brumeuses de la ville, et on n’était visiblement pas prêts pour ce qu’on allait découvrir.
Welcome home, Silent Hill vous tend de nouveau les bras
Comme des animaux attirés par des phares dans la brume, nous sommes appelés à, ou par, Silent Hill. Une ville qui encercle un vaste lac en serpentant entre les forêts et les collines de ce petit coin du Maine. Comme dans l’original, c’est une lettre de sa défunte femme qui amène James Sunderland à revenir dans cette ville qu’il a visitée il y a quelques années de ça. Marqué par un drame dont peu savent se relever, il plonge son regard dans son propre reflet, le souffle court, dans une brève scène d’introduction qui en dit déjà très long sur ce qui va suivre. Silent Hill est là, quelque part derrière la forêt en contrebas. Les plus nostalgiques savent déjà quels cauchemars l’attendent là-bas, James lui ne semble pas encore en avoir conscience.
Tout comme notre héros se fera avaler par le brouillard dès les premières minutes, Silent Hill 2 Remake nous happe. À partir du moment où l’on quittera la route, il sera trop tard pour tout le monde. À ce stade, on ne le sait pas encore, mais il sera difficile de lâcher la manette pour les 16 à 20 prochaines heures, ce qu’il faudra pour aider James à trouver les réponses à ses questions, son tourment. Lorsque l’on connaît le travail de Bloober Team, on ne peut qu'être stupéfait. Ce studio qui, en règle générale, verse quelque peu dans la facilité en tirant sur les cordes les plus grossières pour générer la peur, semble avoir mûri. Ici, certainement bien aidé par un univers déjà préconstruit, il déploie tout son art dès les premiers pas dans la forêt qui s’étend sous le parapet d’observation, là où commence le jeu. Le vent siffle discrètement entre les arbres, les branches se brisent sous notre poids et quelque chose semble déjà nous épier. On l'entend. L'immersion est immédiate, on est bien de retour à Silent Hill.
L'horreur n'a jamais été aussi belle, on en redemande
Visuellement, Silent Hill 2 Remake nous prouve qu’il en a sous le coude. Dès le départ, il affiche des textures en relief et très détaillées sur un simple chemin de forêt, un cimetière, un ranch et ses sentiers boueux… L’Unreal Engine 5 se montrera très solide en extérieur, même si les rues de Silent Hill sont écrasées par le brouillard. Les façades des bâtiments, les véhicules et tout ce qui traîne dehors sont extrêmement bien modélisés et réalistes. C’est surtout en intérieur que le moteur graphique, associé aux prouesses artistiques du studio, va nous en mettre plein les mirettes. C’est sublime, pas une fausse note. À noter que le jeu propose un mode Qualité, focalisé sur les graphismes, et un mode Performance, qui vise la fluidité. Les deux ont un excellent rendu, même si en mode Qualité c'est évidemment plus fin et qu'il y a un peu plus d'effets. Mais le gain de framerate du mode Performance est non négligeable.
Difficile d’expliquer à quel point ça fourmille de détails et qu’ aucun bâtiment que l’on traversera ne se ressemble, et pourtant il y en a un paquet. Lors des présentations, il était dit que Silent Hill 2 Remake serait plus grand que l’original, que l’on pourrait explorer à droite et à gauche pour trouver quelques secrets et autres objets essentiels. C’est bien le cas, la carte est vaste et il existe bien des lieux totalement secondaires (même des énigmes) à découvrir pour mettre la main sur quelques consommables utiles, mais pas que.
Et quand bien même on sortira des clous, Bloober n’a pas délaissé ses zones explorables, là où certains jeux n'hésitent pas à faire quelques tours de passe-passe pour se faciliter la vie. On sent ici qu’il y a un vrai souci du détail, une minutie et une volonté de bien faire les choses. Le travail abattu pour donner vie à l'horreur impressionne, sans aucune faute de goût du début à la fin. Et ce, même lorsque l'on bascule dans l'Autre Monde...
Une maitrise artistique assez incroyable
Les fins connaisseurs de la franchise le savent très bien, il existe plusieurs facettes de Silent Hill et on les visitera toutes. On s'enfonce dans le cauchemar petit à petit et la direction artistique changera en conséquence, tantôt nous dévoilant des zones abandonnées, froides et vides, tantôt altérées par des immondices, gluantes et suintantes ou griffées par le fer et la rouille. D'ailleurs, qu'on se le dise, certains choix de design pousseront à la réflexion les fans les plus hardcore, ceux qui vouent un véritable culte à l'histoire de Silent Hill, et ils n'auraient pas tort de se poser des questions.
Quoi qu'il en soit, Bloober Team connaît très bien son sujet et nous le transmet avec force et justesse à travers sa proposition et sa vision artistique, toujours très fidèles à l'œuvre originale, mais aussi et surtout à la franchise toute entière. Les environnements profitent également d'un level design naturel et cohérent là où l’on aurait pu croire qu’il étendrait inutilement certaines zones de la carte, mais il n’en est rien. La narration environnementale est également très importante. Parfois, sans rien dire, le jeu nous fait comprendre que des choses atroces se sont passées, s’amuse à nous faire miroiter le pire ou nous met en garde sur ce qui pourrait arriver. Ça fonctionne du tonnerre puisqu’on se retrouve à cogiter à chaque fois que l’on ouvrira une porte, on est sur le qui-vive constamment, et ce, uniquement avec ce que l’on voit. Mais ce SH2 Remake maitrise un autre sujet important : son sound design. Il est lui aussi essentiel, incroyable et contribue à une immersion totale, bien plus que dans beaucoup de jeux du genre.
Silent Hill 2 Remake nous en met plein les oreilles
Le studio ne nous avait pas menti, Silent Hill 2 Remake est une pépite de sound design. L’audio 3D est une merveille et est extrêmement bien utilisé. Pour l'anecdote, le jeu a même été capable de me faire croire à un vrai murmure tant le rendu était cinglant de réalisme. Inutile de vous dire la frayeur que j'ai eue lorsque je me suis rendu compte que ce que je venais d’entendre, et pensais vrai, était en réalité dans le jeu. Il se passe énormément de choses dans nos oreilles, tout le temps. Seule ombre au tableau, une fois encore un défaut qui ressort du reste : on repère assez facilement certains sons d’ambiance qui tourneront en boucle. Par exemple par endroits, certains bruits de fond forment une sorte de mélodie qui s'emballe et nous fait craindre l’arrivée de quelque chose, jusqu'à ce qu’on se rende compte qu’en réalité il s’agit d’une boucle audio qui sera répétée plusieurs fois.
On pourra aussi pester sur des changements d’ambiance sonore qui manquent de finesse lors d’un passage d’une pièce à l’autre. Une chambre d'hôpital peut nous prendre à la gorge avec un bruit sourd, lourd et pesant ainsi que des sons d'ongles grattant les murs, alors qu’un pas dans la pièce d’à côté nous fait complètement changer d’ambiance, comme si on changeait de piste audio. J’ai l’air de pinailler comme ça, mais il faut bien se dire qu’il y a eu un vrai travail d’orfèvre apporté aux détails audios et visuels, ce qui fait que la moindre variation se sent immédiatement. Ce ne sont que des détails qui ne vont même pas altérer l’expérience, mais qui sont notables tant tout transpire la minutie. Résultat, le moindre accroc apparaît comme un cheveu sur la soupe. Malgré ces petites errances, le sound design est de très haute volée, l’immersion est optimale avec un casque sur la tête et difficile de ne pas avoir les mains moites en jouant.
Une maitrise totale de la peur
Si vous avez déjà arpenté Silent Hill, vous savez qu’il existe certaines constantes dans la série comme la radio et la lampe torche. Deux outils indispensables pour survivre, mais pas que. La radio notamment a un rôle de radar, de détecteur et peut nous avertir de la proximité d’un danger. Dans Silent Hill 2 Remake, elle est bien entendu de retour, mais le studio a poussé davantage son rôle pour en faire un vrai outil à double tranchant. La plupart du temps, elle est indispensable. Seulement voilà, très rapidement on va se rendre compte qu’elle sera également une source d’angoisse à elle toute seule. Plongé dans le noir, lorsqu’elle se met à grésiller puis, s’interrompt brutalement, on est là, figé à chercher d’où vient le danger. Et lorsqu’elle reste plongée dans le silence, on pense que le champ est libre. Grossière erreur.
Alors on se dit qu’on ne nous y reprendra pas à deux fois et c’est là que la magie opère puisque Bloober en joue, et ce, jusqu’à la toute fin. Il n’est plus possible de faire totalement confiance à ses outils ou à la lampe torche, capable de nous lâcher lorsque tout s’accélère. Elle clignote, nous gâche la vue et accentue le sentiment de panique quand on doit se frotter à certaines monstruosités.
Lorsque ce n’est pas la radio qui grésille, c’est simplement l’audio et la Dualsense qui nous font trembler. Un duo gagnant qui manquera assurément aux joueurs PC non équipés. Qu’on se le dise, la manette de la PS5 est très (trop) souvent reléguée au simple rang de gadget alors qu’elle a un réel potentiel que Bloober Team exploite parfaitement bien, sans en faire des caisses pour autant. Par exemple, on n'a pas de grosses résistances sur les gâchettes adaptatives, ni de vibrations constantes en marchant, mais c’est tout pile ce qu’il faut. On peut en effet ressentir certaines choses grâce au retour haptique, comme des bruits de pas, dont les vibrations peuvent changer la texture ressentie, un souffle, des bruits de fracas, etc. Toutes ces petites choses passent à travers nos mains et provoquent de vrais frissons et c'est encore pire lorsque l’audio s'en mêle.
Silent Hill 2 Remake est réellement effrayant
Silent Hill 2 Remake est effrayant, il angoisse et ne nous laisse respirer qu’à de rares occasions. On est bien loin des trains fantôme auxquels Bloober Team nous avait habitués jusqu’ici. Plus que jamais, on se sent complètement seul, isolé et vulnérable, même s'il y a eu une refonte totale de la caméra qui, à l’époque, contribuait énormément à cette peur. Dans ce remake, le jeu troque les plans fixes pour une vue plus classique à l’épaule, à l’instar des derniers Resident Evil. Pour le coup ça change absolument tout puisqu’il n’y a plus vraiment de place pour la suggestion (qui a dit les Prisonniers ?), mais Bloober se rattrape avec tout le reste et a entièrement repensé sa manière d’aborder certaines séquences. C’est bien plus moderne et digeste pour un jeu de ce calibre, et ça ne va pas vous empêcher de vous sentir mal à l’aise, bien au contraire.
Il n’y a finalement que lorsqu’on aura suffisamment de cartouches dans les quelques pétoires que l’on pourra collectionner qu’on se sent en sécurité. Une sécurité somme toute relative puisque les créatures cauchemardesques que l’on affrontera encaissent bien les balles et nos munitions viennent souvent à manquer, plus que dans un Resident Evil, et ce même si vous jouez en mode normal.
Ajoutez à ça que les ennemis font mal, et peuvent rapidement renverser la vapeur à leur avantage. Ce sont de vraies menaces, on est clairement sous-équipé dans la majorité des cas, et ce, jusqu’à la fin du jeu. N’espérez pas améliorer votre armement ou une quelconque montée en puissance, il n’y en a pas. Seul le cauchemar dans lequel vous allez plonger toujours plus profondément se fera de plus en plus intense et dangereux. En réalité, plus on avance, moins on pourra respirer, et c’est ça que l’on cherche dans un survival horror et d’autant plus dans un Silent Hill. C’est aussi là encore un parallèle très intéressant avec la tourmente de notre protagoniste. Une peur constante et une descente aux enfers de plus en plus forte. Silent Hill 2 Remake ne nous laisse que très peu de répit, mais saura tout de même nous permettre de relâcher la pression entre deux segments franchement costauds. Le rythme est globalement excellent, loin, très loin devant les autres productions du studio, et bien au-dessus des derniers jeux de la licence.
Un vrai survival horror presque à l'ancienne
Toutefois, Silent Hill 2 Remake sera malheureusement un peu longuet à deux endroits précis. Son démarrage est un poil lent si l’on commence déjà à mettre son nez dans tous les recoins de la ville disponibles dès notre arrivée. Il se fatiguera aussi un peu plus tardivement, lors d’un passage bien connu des fans du jeu original qui nous opposera à l’une des créatures les plus effrayantes et déroutantes de toute la franchise. Tout un pan qui est ici très largement remanié avec quelques séquences un peu longuettes. Silent Hill Remake 2 se prendra donc un peu les pieds dans le tapis et arrivera même à mettre la PS5 à genoux lors de ces séquences, mais ne s'effondrera pas pour autant. Ce n’est ici qu’un petit accroc, mais il reste tout de même notable au vu de la qualité de tout le reste. Même son de cloche pour les affrontements de boss, tous entièrement revus pour l’occasion, qui sont plus intenses, plus stressants et profitent parfois même d’une refonte intégrale de leur mise en scène, mais ce ne sont pas vraiment les séquences les plus réussies. On est au-dessus du jeu d’origine toutefois, qui limitait bien souvent ses affrontements à une séance de tir sur un sac à pv dans des pièces bien trop étroites.
Quelques problème ici et là
Silent Hill 2 Remake fait office de très bon élève lorsque l'on se penche sur sa technique. On notera tout de même quelques chutes de framerate lorsqu'il y a trop d'effets volumétriques, de lumière ou de nombreuses particules à l'écran. Enfin, si le jeu est vraiment très beau, les visages n'ont pas forcément le droit au même soin que les environnements, et c'est bien dommage, d'autant que le doublage et l'acting sont plus qu'honnêtes. Mais globalement, ce remake frôle le quasi-parfait. Pas de bugs majeurs, pas de plantages, rien de particulier à signaler sur PS5, si ce n'est pendant les combats. La majorité des soucis interviennent durant ces phases, là où le gameplay est poussé dans ses derniers retranchements. C'est ici aussi que la stabilité fait un peu des siennes.
En fait, Silent Hill 2 Remake a un peu de mal avec l’action et ce même si le passage de la caméra à l’épaule aide grandement à y voir plus clair. On pouvait s’y attendre, c’est un peu le problème de tous les jeux du genre, mais on est loin des désastres habituels. Ici, c'est une fois de plus des détails, mais ils contrastent avec le soin apporté au reste. Par exemple, le combat au corps-à-corps manque parfois de précision lorsqu’on frappe ou que l’on esquive, même chose pour le tir. Paradoxalement, ces soucis sont surtout dus à l’aide à la visée, bien trop agressive, qui s’accroche littéralement aux monstres et à certaines parties de leur corps (tête, buste, jambes). Un tour dans les options peut partiellement régler le problème, mais si vous souhaitez profiter de cette assistance, il faudra faire avec ses approximations.
Heureusement, le ratio frayeur et combats est vraiment dosé. Il y a bien des passages très orientés sur les affrontements, mais ils se comptent sur les doigts d’une main. Pourtant, les créatures sont omniprésentes, partout et tout le temps. Cela contribue aussi à générer de l’angoisse, du stress, d'autant que ce sont des adversaires vraiment redoutables, et plus encore à huis clos. Là aussi, Bloober Team dose savamment bien les choses et se joue de nous en les planquant un peu partout, nous faisant sursauter à l’occasion. Même si vous avez déjà parcouru le jeu d’origine de long en large, vous serez clairement surpris par ce qui vous attend dans ce remake.
Des surprises et des nouveautés
Que vous soyez néophyte ou fan absolu, vous en aurez pour votre argent. Remake oblige, les joueurs de la première heure seront tout de même en terrain connu, mais pas conquis. Bloober Team a non seulement apporté sa patte, mais également grandement modifié l’ensemble. Alors oui, dans les grandes lignes il s’agit bien du même jeu, mais pas à l’identique. Les lieux remarquables le sont toujours et ils prendront une part très importante dans l'aventure, bien plus que dans l’original d’ailleurs. Il ne sera pas rare de rester dans un même endroit plusieurs heures durant lors d'une première run. Le level design est d’ailleurs très soigné, les immenses bâtiments que l’on visitera très bien agencés et bourrés de raccourcis pour faciliter les allers-retours, très nombreux.
Ne vous faites pas de bile, ce n’est pas redondant pour autant. Déjà, on aura constamment la pression, l’ambiance prend à la gorge et vous tordra le ventre à coup sûr. Les mauvaises rencontres sont nombreuses, et ce n’est pas parce que vous avez déjà visité un endroit en liquidant tout ce qui y traîne que vous serez à l’abri, loin de là. D’autre part, la plupart des environnements se présentent davantage comme des zones à explorer que des niveaux linéaires. Il y aura souvent des secteurs secondaires, des pièces à fouiller, etc. D’ailleurs, de très nombreux secrets vous attendent, et à n’en pas douter, ce sont les fans de la licence qui vont se régaler. Ouvrez bien les yeux et les oreilles, révisez vos cours de Silent Hill, ce remake pourrait bien vous surprendre à plusieurs niveaux.
On retrouvera également de nombreuses énigmes pour stimuler notre matière grise, sachant que leur difficulté sera réglable, indépendamment de celle des combats. En mettant en facile, elles sont simplifiées au possible, tandis qu’en difficile elles se complexifient, ajoutant même quelques surprises. En normal (difficulté choisie pour ce test) elles demanderont pas mal de jugeote, d’être curieux, d’avoir de la mémoire ou encore de garder l'œil ouvert en zieutant l’environnement. Pas d’aide au programme, il faudra utiliser ce que vous avez sous la main. Bloober a là encore très bien bossé, c’est vraiment stimulant et malin. Certains puzzles n’ont pas changé d’un iota ou ont été remodelés, quand d’autres sont passés à la trappe, mais là encore des surprises vous attendent. Rien n’est laissé au hasard dans Silent Hill 2 Remake.
Silent Hill 2 Remake est une lettre d'amour à toute la licence
C’est d’ailleurs là un point extrêmement important sur lequel Bloober était très attendu. La licence Silent Hill a une histoire extrêmement riche, une continuité, un sens… Si le scénario peut se présenter comme un récit d’horreur classique avec son lot de rebondissements, le fait est que tout ce qu’il se passe à l’écran a un sens, parfois subtil ou profond. Des métaphores morbides, des révélations cachées… comme pour la narration environnementale, le studio a apporté un soin tout particulier à ce qui fait l’essence même de toute la licence Silent Hill.
A aucun moment le jeu, l’expérience et l’aura du matériau original ne sont malmenés. Les développeurs ont fait un numéro d’équilibriste sans filet, mais c’est payant. Leurs ajouts et leurs idées également. Il y a des nouveautés, Silent Hill 2 Remake sort des sentiers battus et tente de nouvelles choses. Je vais bien évidemment vous laisser la surprise parce que ça vaut vraiment le détour, mais je m'autoriserai à parler notamment du nouveau comportement de certaines créatures plus flippantes que jamais, même si les fans les plus hardcore pourront pointer du doigt quelques infidélités quant aux représentations d’un poignée de monstres, ce qui poussera à de nouvelles réflexions là encore. Le design des créatures est lui aussi évidemment modernisé, mais ne dénature en aucun cas le travail d’orfèvre de la légende qui a donné naissance à ces horreurs, Masahiro Ito. Attendez-vous à être surpris.
Même chose en ce qui concerne certaines scènes et cinématiques, inédites ou différentes, qui tutoient habilement d’autres séquences cultes qui n’ont quant à elles pas bougé. C’est un remake très fidèle et aussi différent. Une relecture maîtrisée et impeccable d’un chef-d'œuvre. Plus qu’un hommage, c’est une lettre d’amour au jeu d’origine. L’OST a par ailleurs eu le droit à un soin tout particulier. Les thèmes marquants sont tous présents et enregistrés à neuf par le compositeur originel Akira Yamaoka. Du pain béni pour les oreilles qui sublime très clairement le travail de Bloober Team en assurant un vrai vent de nostalgie et une fidélité de tous les instants au jeu d’origine.
Pour ceux qui craignaient également la censure, il n’en est rien. Certains personnages ont tout de même eu le droit à un redesign et j’espère bien qu’on ne va pas en entendre parler pendant des plombes, d’autant qu’il y a une bonne raison. Quelques scènes ont également été coupées, une en particulier qui pourrait faire parler, mais qui honnêtement aurait été assez insoutenable de nos jours. D’autres sont en revanche remaniées et toujours présentes, parfois même améliorées et plus percutantes. Bloober Team a vraiment fait un travail monstrueux. Le remaniement est moins profond qu’un FF7 Rebirth, mais se rapproche plutôt de ce qu’a fait Capcom avec Resident Evil Remake 4 par exemple. Ah et avant de conclure, oui, il y a bien plusieurs fins, comme dans le jeu de 2001, et des nouvelles. Il va falloir creuser pour les débloquer, mais quelque chose me dit que vous apprécierez le voyage.