Nous avons pu tester Shadow Gambit, nouveau jeu de pirate par les créateurs de Desperados 3. Toujours aussi inspiré ? C'est ce que nous allons vérifier ensemble.
Mimimi Games, les créateurs des séries Shadow Tactics et Desperados, reviennent en force avec Shadow Gambit The Cursed Crew. Exit les samouraïs et cow-boys, cette fois-ci, l'aventure est résolument pirate. À l'image de leurs précédentes créations, le jeu mise sur une stratégie pointue pour offrir une expérience riche. Comme on a pu le voir avec certains jeux avant lui, et sans grande surprise, l'action se situe dans une version alternative de l'âge d'or de la piraterie, où une mystérieuse malédiction a ramené les morts à la vie, leur octroyant des pouvoirs surnaturels.
Le joueur est investi de la mission de rassembler un équipage de pirates maudits afin d'explorer un archipel. Qu'on y adhère ou non, Mimimi Games a décidé de délaisser le réalisme de ses précédentes créations au profit d'une démarche plus épique, à l'image d'un conte que Disney aurait pu imaginer. Au centre de cette quête se trouve Afia Manicat, une pirate morte-vivante débordante d'ambition, aspirant à intégrer l'équipage du navire Red Marley, dans le but de retrouver le trésor du regretté capitaine Mordechai Œil Noir.
Un jeu de Stealth Strategy, késako ?
Si vous découvrez Mimimi Games, Shadow Gambit The Cursed Crew est un jeu de "stealth strategy". Fusionnant éléments de furtivité et de stratégie, il ne s'agit pas de combats frontaux mais de discrétion et de tactique. Les joueurs doivent surveiller les mouvements des ennemis, utiliser l'environnement à leur avantage, et planifier méticuleusement les déplacements pour éviter d'être repérés, car la détection peut entraîner de lourdes conséquences.
Comme tout jeu du genre, Shadow Gambit propose des environnements exploitables, offrant des cachettes, distractions et autres éléments pouvant servir à neutraliser les ennemis. La détection est fatale, provoquant une alerte ou même un échec de mission. Ici les adversaires sont la plupart du temps des membres de l'Inquisition. Des soldats fanatiques qui haïssent tout ce qui a trait au surnaturel et qui pourchassent sans relâche les pirates maudits, grâce à un feu sacré capable de consumer les âmes. Dans le jeu, ils se reconnaissent facilement car ils portent l'accoutrement des soldats espagnols du XVIe siècle, à savoir des morions.
Comment ça marche ?
Shadow Gambit privilégie la discrétion, offrant plusieurs outils pour se faufiler derrière les lignes adverses. Il propose notamment une visualisation des champs de vision des personnages, qui s'assombrissent graduellement pour signaler l'alerte croissante d'un ennemi. Au cœur du gameplay se trouve la résolution de nombreux casse-têtes tactiques, où l'on doit distraire, attirer et neutraliser les obstacles.
La méthode pour y parvenir est laissée à la discrétion du joueur. Ce qu'il faut garder en tête (et c'est bien le mot), c'est le trajet des adversaires pour déterminer le bon moment pour agir. Il s'agit d'attendre dans l'ombre avec un membre d'équipage, pendant que l'on se glisse discrètement avec un autre pour capter l'attention dans un recoin de la carte. Les passionnés de ce type de jeux trouveront le gameplay familier, car la discrétion reste au cœur de l'action et au lieu de récupérer de l'or, on doit trouver des perles noires pour sauver des âmes. Toutefois, Shadow Gambit cherche à apporter des nouveautés sur plusieurs aspects.
Une nette rupture ?
Contrairement à Desperados, la liberté est au cœur de Shadow Gambit. Cela colle parfaitement à l'idée que l'on se fait de la vie de pirate. Vous avez le choix de votre équipage et de l'ordre de recrutement. Sur huit personnages disponibles, un seul est essentiel mais il faudra un certain temps (plus d’une dizaine d’heures) pour que tout l’équipage du Marley soit réuni. Cette liberté se manifeste aussi dans l'approche des missions. Vous décidez de la composition de votre équipe selon les objectifs présentés et vous avez plusieurs points de départ pour chaque quête.
Chaque personnage dispose de plusieurs compétences : une attaque de base au corps à corps, une compétence de diversion (un air de flûte, une invocation fantôme, etc.), une arme à feu dont les munitions sont limitées et enfin un Cependant, afin d'éviter une utilisation répétée des mêmes personnages, chaque membre laissé à quai gagne de la Vigueur, assimilable à de l'expérience, qui permet de renforcer leurs capacités.
Une évolution constante
Pour obtenir un jeton d'amélioration, il faut 25 points. Les joueurs qui n'alternent pas leur équipe progressent donc moins vite. Un bon moyen d'équilibrer Shadow Gambit The Cursed Crew sans imposer de contraintes. A ce propos, on regrette la limite de déplacement qui est désormais beaucoup moins contraignante qu'autrefois, simplifiant grandement le gameplay. Le placement des gardes semble souvent un peu trop prévisible, et, à la longue, on déplore un manque de défi. Nos personnages, de par leur polyvalence et puissance, nous permettent parfois de surmonter les objectifs avec une aisance déconcertante.
Chacun dispose de plusieurs compétences : une attaque de base au corps à corps, une compétence de diversion (un air de flûte, une invocation fantôme, etc.), une arme à feu dont les munitions sont limitées et enfin un pouvoir spécial propre à chacun. Si la plupart de ces éléments ne surprendront pas les vétérans de Desperados, le studio Mimimi a fait des folies avec les pouvoirs spéciaux.
Le studio a en fait pris certaines compétences des jeux précédents, y a ajouté un zeste de magie et a mélangé le tout. Le cuisinier Toya (que l'on adore) possède, par exemple, un sortilège permettant d'invoquer un parchemin sur lequel il peut se téléporter pour neutraliser un adversaire. Impressionnant. On note également l'excellent John Mercury (qui n'a rien à voir avec Freddy) capable d'ouvrir un portail pour s'y dissimuler. Chaque personnage est aussi singulier qu'attachant, comme un mélange intriguant entre Tim Burton et Pirates des Caraïbes.
Un autre point de rupture : la sauvegarde
Le système de sauvegarde de Shadow Gambit est distinctif. Lors d'une mission, le joueur a la capacité de sauvegarder et recharger sa partie à sa convenance. Cependant, toutes les interactions avec le Marley sont sauvegardées de manière permanente, ce qui empêche de tester un membre d'équipage avant de le choisir définitivement pour le jeu. Dans la première moitié, il est donc judicieux d'éviter de ressusciter des personnages aux capacités de déplacement limitées. Votre décision initiale concernant la résurrection influencera de manière significative la composition de votre équipe pour les futures missions.
Sur le plan des confrontations, et à l'instar des jeux précédents du studio, bien qu'il soit possible d'éliminer individuellement les adversaires, les vastes étendues insulaires encouragent des éliminations coordonnées en exploitant la complémentarité de l'équipage. Ce point avait été une force majeure de Desperados 3, et il le reste indéniablement dans ce volet. Quel plaisir de voir toute notre stratégie et tactique se concrétiser dans un ballet d'actions grandioses. Observer un personnage siffler pour capter l'attention d'un garde de l'Inquisition, pendant qu'un second membre de notre équipe enfonce sa lame profondément dans le corps de notre adversaire. Jack Sparrow lui-même en serait jaloux.
Une aventure grisante
Shadow Gambit est une expérience enivrante et aboutie, d'autant plus que les environnements, bien qu'insulaires, sont très variés – sans oublier votre navire qui sert de base. Chaque membre de l'équipage possède sa propre petite histoire : Toya prodigue une leçon mémorable à un poisson suspendu ; Gaelle apaise la mélancolie d'un squelette... Le tout est à la fois poétique et brillamment orchestré tant dans la mise en scène que dans le gameplay.
Quel bonheur de parcourir tous ces endroits qui évoquent l'imaginaire collectif sur les pirates : forts inspirés de l'Espagne, navires fantômes, îles tropicales, etc. C'est comme si Mimimi se plongeait dans l'univers de Sea of Thieves, et le résultat est particulièrement réussi. En 30 heures de jeu, on eu a l'occasion de traverser de nombreux environnements dotés d'un level design époustouflant, aussi ingénieux qu'esthétiquement réussi. Si l'on ajoute à cela la patte artistique bien connue du studio, on se retrouve avec une nouvelle pépite du genre qui n'a rien à envier aux opus précédents du studio.